Oui, c’est fini.
Overblog a récemment changé son interface sans même avoir eu la courtoisie d’en prévenir ses blogueurs. Malgré ma bonne volonté, la maîtrise du nouveau système, pourtant annoncé comme plus simple, m’échappe. Et puis, il y a cette publicité imposée, si incongrue sur mon blog – qui le défigure.
Ces changements techniques, aussi pénibles soient-ils, ne suffisent pas à expliquer mon arrêt. Six ans, c’est assez. La lassitude m’a peu à peu gagné, et je suis sûr que certains d’entre vous ont quelquefois pensé que je me répétais, voire que je ressassais. Avec le temps, mon nostalgisme s’est accentué, ce qui a pu en agacer.
Je n’ai certes pas épuisé mon sujet, mais je crois sage de raccrocher avant que mon sujet ne m’épuise. En poussant la machine, j’aurais réussi à tenir une année supplémentaire, et peut-être au-delà. Des idées d’articles, j’en ai dans ma besace. En voici une liste, que je vous laisse libre d’exploiter si l’envie vous prenait de bloguer à ma suite : les écrivains vêtus de blanc (Péguy, Mark Twain, Tom Wolfe…) ; les journalistes bien habillés de naguère (Jean-François Revel, Pierre-Luc Séguillon…) ; les couleurs et la carnation ; les play-boys (le prince Ali Khan, Rubirosa, Agnelli…) ; les expressions liées à l’habillement (« être habillé comme un as de pique », « être tiré à quatre épingle », « être collet monté »...) ; la forme des montres ; les bijoux masculins acceptables ; la pochette ; s’habiller en automne et en hiver ; l’élégance du costume hindou ; les acteurs américains (Gary Cooper, Fred Astaire, Cary Grant) et britanniques (Jack Buchanan, Ronald Colman, Noël Coward, Herbert Marshall, Ray Milland) élégants d’autrefois ; la suite de « Mes essentiels » ; des portraits d’écrivains (Baudelaire, Max Jacob, Simenon, Paul Morand…), d’architectes (Le Corbusier, Mallet-Stevens), de musiciens (Ravel, Arthur Rubinstein, Duke Ellington…), de Kennedy, du prince Charles; une évocation de Maurice Ronet dans Le Feu Follet et de Marc Michel dans Lola, deux de mes films préférés. Je projetais encore un billet sur Lacenaire (!) et je m’étais dit qu’il serait bien de conclure sur un portrait du « roi Georges » - Georges Cadoudal –, qui se serait intitulé « Le Chouan des Chouans ». Ainsi la boucle aurait été bouclée… mais les élégants du Pitti Uomo ne nous ont-ils pas appris que toutes les boucles n’étaient pas faites pour l’être ?...
Je ne saurais vous quitter sans vous adresser un grand et sincère merci. Beaucoup d’entre vous me suivent depuis longtemps. Certains sont partis, d’autres m’ont rejoint. J’ai correspondu amicalement avec quelques-uns par le truchement de ma boîte mail. Vos commentaires ont enrichi mes billets. Tel billet que je jugeais anodin en suscita de nombreux et tel autre, dont j’étais certain qu’il vous surprendrait, vous laissa silencieux. Vous m’avez intrigué, encouragé, fait douter, impressionné.
Le Chouan va prendre du champ ! J’étais déjà invisible ; il faudra que je m’habitue à être muet. Je n’exclus toutefois pas complètement l’hypothèse que des sollicitations pressantes ne me rendent ponctuellement la parole.
Et après ? Je songe à transformer mon blog en site, afin d’avoir la main sur mon travail, et à composer un bref ouvrage qui rassemblerait mes billets les plus significatifs. Si, comme il est très probable, un tel projet ne rencontrait pas l’intérêt d’un éditeur, je ferais les choses par moi-même.
Très bonnes vacances à ceux qui en prennent.