J’avais pourtant juré que je n’en reparlerais plus. Mais il m’oblige à me dédire. A cause de lui, mes serments ressemblent à ceux d’un ivrogne… ou d’un homme politique. Quand François Hollande me laissera-t-il donc en paix ? Quand aura-t-il bouclé le cycle de ses métamorphoses ?
Petit rappel des faits.
On a connu un Hollande « bon gros », jamais en retard d’une blague, le sourire facile, qui se fichait comme d’une guigne de figurer régulièrement en tête du hit-parade des hommes politiques les plus mal habillés.
Alors, il ne rêvait pas encore d’Elysée ; ce genre de rêve, il le laissait à sa compagne, Ségolène Royal.
Et puis, sous l’influence de son nouvel amour, Valérie Trierweiler, et de quelques amis bien intentionnés, il s’est pris lui aussi à rêver.
La transformation pouvait commencer. D’abord légère (changement de lunettes, de cravate et de costume), et puis plus visible (changement de coiffure).
Mais le meilleur restait à venir : au début de l’année 2011, il nous revint méconnaissable après une diète qui lui fit perdre, selon les sources, de quinze à vingt kilos.
« Mieux vaut faire envie que pitié », dit un proverbe. Ce n’est pas que l’ancien Hollande ait jamais fait très envie, mais le nouveau, en revanche, pouvait inspirer, c’est vrai, une certaine pitié.
Si sa métamorphose s’était arrêtée là, elle aurait déjà mérité d’être inscrite dans les annales de la communication politique. Mais François Hollande allait nous réserver une nouvelle surprise.
Voici qu’en ce début de « drôle de campagne » (comme il y eut une « drôle de guerre »), de discours en entretiens, Hollande ne cesse de parfaire son imitation d’un autre François qui, quatorze années durant, régna en Dieu sur la France : François Mitterrand.
Même débit saccadé, mêmes mouvements rapides de la tête, même façon de se positionner à la tribune, mêmes envolées se voulant lyriques, mêmes clignements d’yeux…
D’abord, on sourit, et puis on est troublé.
Que, sur les conseils de ses communicants, François Hollande se soit prêté à un « relooking » qui le fait ressembler à un insipide président de série télévisée, passe encore – même si une telle plasticité interroge sur l’image qu’il se fait de lui-même. « Si j’ai changé, disait-il en octobre 2010, ce n’est pas par coquetterie ou souci d’apparence, c’est pour être en harmonie avec moi-même. » (Gala) Faut-il le croire ? Feignons que oui ; l’aveu alors est terrible : qui est cet homme qui a vécu plus de la moitié de sa vie en étant l’ennemi de lui-même ?
Plus inquiétant reste toutefois ce mimétisme qui, à chaque fois qu’il nous parle, nous fait croire que François Mitterrand est sorti du tombeau… « Je crois aux forces de l’esprit. Je ne vous quitterai pas », nous avait promis ce dernier, spectral, dans son message d’adieu. C’était beau et bizarre ; ça faisait tout de même un peu froid dans le dos…
Qui eût dit alors qu’il allait se réincarner, seize années plus tard, en François Hollande ?
« Sors de ce corps, François Mitterrand ! »
Il est à craindre que le principal handicap de François Hollande, ce soit sa personnalité.
Hollande, président du déficit ? Oui. Du déficit de personnalité.
… Quelle sera sa prochaine métamorphose ?
Mon Dieu ! S’il pouvait redevenir le bouddha souriant qu’il était… la boucle serait bouclée.
Et moi, je recouvrerais la paix.