Receviez-vous, comme moi, le Catalogue général annuel de Kettner ?
Il a cessé d’être édité en 2008. J’adorais feuilleter ce fort volume - non pour ses pages « armes et munitions » (si je chasse, ce sont les idées noires et il est des jours où j’aimerais être meilleur fusil !), mais pour sa sélection de vêtements. On y trouvait des articles de marques plus ou moins connues : Elch, Sanderson, Hopkin’s, Le Chameau, Barbour, Steinbock, Beretta… Tenez, à propos de Beretta, voyez avec quelle poésie la veste vintage de la Maremmana était présentée : « Elle est ornée de découpes extraordinaires formant de grandes poches sur le devant et des poches repose-mains chaudement doublées. Les découpes se poursuivent au dos formant un carnier fermé par des boutons. Un grand pli creux au milieu du dos fermé d’un zip donne une aisance parfaite. Bretelles amovibles intérieures et doublure à petits carreaux. Un merveilleux vêtement de chasse et loisirs. » On y trouvait les grands noms du style autrichien, Giesswein, Geiger (ses vestes en laine foulée), Linzner, Lodenfrey (sa collection rustique), Schneiders… Pensez donc, on pouvait faire venir jusqu’à chez soi - au fin fond de l’Ardèche ou de la Bretagne - un gilet Laksen avec deux grandes poches à soufflets :
des knickers en cerf (649 euros tout de même en 2008) :
ou des chaussettes Pennine à revers jacquard avec leurs « garter » :
Et je passe sur les superbes sacs de diligence ou de battue ou sur les couteaux Leatherman ou Victorinox…
A chacun ses mystères. La beauté blonde et nattée ultra-rhénane a toujours suscité en moi un trouble inexplicable :
"O belle Loreley aux yeux de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie ?"
Pour toutes ces raisons, je regrette le catalogue Kettner. Et puis, grâce à lui, je rajeunissais. Je redevenais le petit garçon qui se jetait sur les gros catalogues La Redoute et Trois Suisses dès que sa mère les recevait. Je retrouvais la même joie - sinon la même innocence.