Les marques se servent souvent de célébrités pour faire vendre leurs produits. Et lesdites célébrités se laissent volontiers acheter. Qui ne connaît les spots LCL signés Jean-Michel Ribes ? François Morel, François Berléand, Lambert Wilson, Jean-Pierre Darroussin, Pierre Arditi, entre autres, leur ont prêté leur talent. Prêté, façon de parler… Ces spots ne manquent pas de cachet(s). Un réalisateur résolument à gauche et des artistes du même bord au service du grand capital : la contradiction est trop belle ! Pourtant, hormis Géraldine Muhlmann et Laurent Ruquier, qui, sur le sujet, ont osé demander à Pierre Arditi de se justifier, personne, dans les médias, ne l’a relevée. Le spectacle du pauvre Arditi incapable, en réponse, d’articuler un début de défense convaincante, mais se retranchant naïvement derrière le côté « décalé » de la pub, était réjouissant ! L’humour (si, en l’espèce, l’usage de ce mot est justifié) a-t-il jamais été une excuse à l’hypocrisie ? Encore ses contradicteurs se sont-ils bien gardés de profiter de leur allonge pour l’acculer au KO : leurs sourires et leurs compliments disaient assez la connivence.
Quand la caravane publicitaire passe, le cabot se lèche les babines…
Le comble fut atteint quand Arditi lança qu’il lui fallait bien « gagner (sa) vie ». Le smicard, dont il croit – ou il feint de croire – que son engagement politique suffit à le rendre proche, appréciera. Comme il appréciera ces morceaux choisis d’un reportage qu’en décembre 2000 la revue Monsieur consacra au même Arditi après que celui-ci eut reçu le prix Monsieur-Longines de « l’homme le plus élégant (sic) de l’année ». Pierre Arditi : « Je n’aurais pas assez d’une vie pour mettre tous mes vêtements, pas assez d’une vie pour porter toutes mes chaussures… boire tous mes vins… vivre dans toutes mes maisons. » Et François-Jean Daehn, l’auteur du reportage, de préciser : « Pierre Arditi n’a pas à proprement parler de dressing, ou alors il habite un gigantesque dressing dans (son) grand appartement parisien (…) Les montres occupent les trois tiroirs d’une commode dans le salon (…) l’espace occupé par les vêtements et leur agencement (…) pourrait rendre jaloux le propriétaire d’un honnête magasin parisien. La collection de chaussures est impressionnante. Impossible de compter. »
Pierre Arditi chez lui. Monsieur, n°26. (Photo : Guillaume de Laubier)
On comprend mieux, dès lors, que l’association caritative ATD Quart Monde ait demandé à cette belle âme d’être la voix de sa nouvelle campagne médiatique. Qui mieux que lui, en effet, était habilité à prononcer ce slogan : « Agissons durablement contre la misère » ?
Trève d'ironie. Les vedettes nanties, françaises et étrangères, qui affichent leur goût du lucre, ça me met en colère (1).
Quelques exemples d'hommes-sandwichs aidant à vendre du chiffon.
Tony Parker pour Monsieur de Fursac :
Jude Law pour Dunhill :
Jonny Wilkinson pour Hackett :
Brian ferry pour H et M :
Adrian Brody pour Zegna :
Quand, par ailleurs, certaines de ces vedettes sont promptes à nous donner des leçons de morale ou à nous solliciter pour des oeuvres caritatives, ma colère redouble… « Merde à l'or ! » comme le disait Prévert. Et un peu de dignité.
Zinedine Zidane pour Yamamoto :
David Douillet pour Club Interchasse :
Yannick Noah pour Sloggi :
Eric Cantona et Madame pour Kooples :
Ah ! j’allais oublier… Parce qu'il lui faut bien arrondir ses fins de mois : Pierre Arditi pour Hartwood.
__________________________________________________________________________________
1. Ma déception la plus récente : voir le grand Jean Rochefort s'agiter dans une pub pour un assureur...