Le blazer prête à confusion. Les uns le jugent presque aussi habillé qu’un costume ; pour les autres, son statut est plutôt comparable à celui de la veste sport. Je donne raison aux seconds, mais je comprends en partie le point de vue des premiers. Trois facteurs vont dans leur sens : la coupe quand elle est croisée, qui rappelle des origines militaires ; les boutons dorés ; l’étoffe bleu foncé, couleur obligatoire sur un blazer croisé et qui a fini par s’imposer sur le blazer droit.
Mais « formaliser » le blazer n’est pas la bonne solution. Il faut, au contraire, « décontracter » ce vêtement si l’on veut que se révèle son énorme potentiel de séduction et d’élégance.
Le Prince Charles. A noter : les trois paires de boutons fonctionnant, version appréciée des connaisseurs.
A proscrire
Les tissus secs, qui font « cheap » et qui se lustrent.
Le col de chemise ouvert rabattu sur le revers de la veste.
La chemise blanche.
La cravate en soie brillante et la trop attendue cravate rouge.
Le foulard.
L’écusson.
Les boutons à dorure clinquante.
Les boutons de corne marron (à réserver à la veste sport).
Le pantalon anthracite, parce qu’il crée un contraste insuffisant avec le bleu foncé de la veste.
Les chaussures noires.
A adopter
La serge peignée épaisse et la flanelle.
La chemise à carreaux ou à rayures ; la chemise de couleur.
La cravate en soie lourde, club ou à motifs ; la cravate de tricot ; le nœud papillon.
La pochette.
Les boutons patinés, dont la couleur (argent ou or) est à accorder avec les autres métaux portés.
Le pantalon de flanelle (gris clair ou gris moyen), de velours (oser les couleurs : jaune, whisky, vieux rose, voire rouge) - l'un et l'autre avec revers -, le chino.
Les chaussettes colorées.
Les chaussures marron. Le veau velours est recommandé.
Floc'h, dessinateur et illustrateur. A noter, la chaîne de la montre gousset entourant la boutonnière.
Si vous suivez mes conseils, vous saurez user des ressources inépuisables de ce vêtement épatant. Vous inventerez des combinaisons qui s’adapteront à votre personnalité, aux saisons et à vos humeurs. Soignez les détails et faites preuve de fantaisie. Une belle pochette à motifs cachemire et des chaussettes colorées peuvent suffire à relever un ensemble simplissime blazer, chemise bleue sans cravate, chino et richelieus en veau velours gold. Des chaussettes rouges (Gammarelli) et une pochette en coton blanc à liserés multicolores (Roda) donneront un chic fou à une combinaison blazer, chemise et cravate tricotée bleus, pantalon de flanelle gris, richelieus ou derbys bruns.
Fred Astaire et Cyd Charisse, La Belle de Moscou. A noter, les chaussures de daim.
(cliquez pour agrandir)
Faites mentir les clichés : non, le blazer ne fait pas obligatoirement bourgeois neuilléen (voir Le blazer de Brice), «La Croisière s’amuse » ou contrôleur de la RATP.
Au fond, le blazer n’est-il pas un peu à l’homme ce que la petite robe noire est à la femme ?
Une interprétation réussie du blazer : le chic et la décontraction.
Illustration : Julien Scavini.