L’évolution des mœurs est une affaire de signes. Le 21 novembre dernier, François Hollande recevait en urgence l’association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) pour rassurer la toute petite communauté qu’elle représente après que, la veille, il eut ébranlé ses membres en renvoyant les maires, sur le « mariage pour tous », à leur « liberté de conscience ».
Nul n’aurait imaginé voici quelques années qu’une association de ce (trans -) genre soit reçue à l’Elysée. Nul n’aurait imaginé non plus que le mariage dit « pour tous » puisse un jour exister. Mais mon sujet n’est pas là. Depuis Carrier, les chouans savent du reste ce qu’il faut penser des « mariages républicains ». L’évolution dont je veux parler est d’ordre vestimentaire. Les deux représentants de l’association susmentionnée se sont en effet présentés devant le président de la République habillés comme tous les jours. Pas de costume, pas de cravate. On aurait dit que ce gentil couple s’était rendu directement à l’Elysée après avoir fait ses courses à la supérette du coin :
Les mêmes, auditionnés par la Commission des lois de l’Assemblée nationale le 6 décembre, étaient pareillement mal vêtus.
Afin de ne pas être soupçonné d’homophobie – ce genre d’anathème tombant vite par les temps qui courent -, je puiserai mon second exemple ailleurs. Voyez dans quelle tenue l’écologiste Nicolas Hulot a rencontré ce même 6 décembre François Hollande :
Certains verront dans ce mépris des codes un « progrès » - mot magique qui, assimilant d’emblée le contradicteur éventuel à un obscurantiste moyenâgeux, dispense celui qui l’utilise d’argumenter. D’autres – dont je suis – y liront plutôt un recul de la civilisation. « Bah ! diront les premiers, tout président qu’il est, François Hollande est un homme comme les autres ! » Les plus cultivés d'entre eux citeront Montaigne : « Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul. » - et ils le citeront d’autant plus volontiers que cette phrase a l'avantage de chuter sur « son cul » - , je veux dire, de contenir un mot grossier.
Je me pose une question : n'est-il pas étrange qu’on puisse entrer à l’Elysée dans une tenue qui nous fermerait les portes d'une discothèque ou d'un casino ? Dans ces endroits-là au moins, un « dress code » reste en vigueur.
Moi, si par un hasard incompréhensible je me trouvais invité à l’Elysée, je mettrais mon plus beau costume dans lequel je tremblerais un peu … même si je sais bien que notre président est un homme « normal », tout ce qu’il y a de plus « normal ». Et je saurais gré à François Hollande de me recevoir avec une cravate. Même moche et tordue.