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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 06:42

L’évolution des mœurs est une affaire de signes. Le 21 novembre dernier, François Hollande recevait en urgence l’association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) pour rassurer la toute petite communauté qu’elle représente après que, la veille, il eut ébranlé ses membres en renvoyant les maires, sur le « mariage pour tous », à leur «  liberté de conscience ».

Nul n’aurait imaginé voici quelques années qu’une association de ce (trans -) genre soit reçue à l’Elysée. Nul n’aurait imaginé non plus que le mariage dit « pour tous » puisse un jour exister. Mais mon sujet n’est pas là. Depuis Carrier, les chouans savent du reste ce qu’il faut penser des « mariages républicains ». L’évolution dont je veux parler est d’ordre vestimentaire. Les deux représentants de l’association susmentionnée se sont en effet présentés devant le président de la République habillés comme tous les jours. Pas de costume, pas de cravate. On aurait dit que ce gentil couple s’était rendu directement à l’Elysée après avoir fait ses courses à la supérette du coin :

 

assoc-gay.png 

      
Les mêmes, auditionnés par la Commission des lois de l’Assemblée nationale le 6 décembre, étaient pareillement mal vêtus.

Afin de ne pas être soupçonné d’homophobie – ce  genre d’anathème tombant vite par les temps qui courent -, je puiserai mon second exemple ailleurs. Voyez dans quelle tenue l’écologiste Nicolas Hulot a rencontré ce même 6 décembre François Hollande :

 

nicolas-hulot.jpg

 

Certains verront dans ce mépris des codes un « progrès » - mot magique qui, assimilant d’emblée le contradicteur éventuel à un obscurantiste moyenâgeux, dispense celui qui l’utilise d’argumenter. D’autres – dont je suis – y liront plutôt un recul de la civilisation. « Bah ! diront les premiers, tout président qu’il est, François Hollande est un homme comme les autres ! » Les plus cultivés d'entre eux citeront Montaigne : « Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul. »  - et ils le citeront d’autant plus volontiers que cette phrase a l'avantage de chuter sur « son cul » - , je veux dire, de contenir un mot grossier.

Je me pose une question : n'est-il pas étrange qu’on puisse entrer à l’Elysée dans une tenue qui nous fermerait les portes d'une discothèque ou d'un casino ? Dans ces endroits-là au moins, un « dress code » reste en vigueur.

Moi, si par un hasard incompréhensible je me trouvais invité à l’Elysée, je mettrais mon plus beau costume dans lequel je tremblerais un peu … même si je sais bien que notre président est un homme « normal », tout ce qu’il y a de plus « normal ». Et je saurais gré à François Hollande de me recevoir avec une cravate. Même moche et tordue. 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 07:07

Jeune, Laurent Fabius cultivait une certaine désinvolture. Il en avait les moyens. Moyens physiques (plutôt joli garçon malgré une calvitie précoce) ; moyens intellectuels (études ultra-brillantes) ; moyens financiers (milieu très privilégié). Cette désinvolture se manifesta par certains signes dès son arrivée à Matignon à l’âge de 37 ans : on le vit acheter son pain en chaussons et se rendre à son travail en 2 Cv Charleston. La désinvolture peut être synonyme de légèreté : on le vit aussi à bord d’une Ferrari (une 400, je crois), au grand dam de François Mitterrand qui, pour cela, le tança.

Il y avait sa manière de faire les choses sans avoir l’air d’y toucher. On sentait, comme on dit, que ce type en avait sous la semelle (... et pas seulement au volant de sa Ferrari !) Et puis, les succès s'accumulant, la désinvolture se transforma en morgue. « Je vous en prie… Vous parlez tout de même au Premier ministre de la France ! » Qui ne se souvient de cette repartie qu’il lança à un Jacques Chirac rigolard le traitant de « roquet » lors d’un débat télévisé en 1985 ?

Alors, le masque glissa ; la personne perça sous le personnage. On était passé d’un Fabius « Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi » à un « jeune présomptueux » qui avait bien du mal à parler sans s’émouvoir. Les Français comprirent que le plus jeune Premier ministre que Dieu (entendez Mitterrand) « avait donné à la France » avait la grosse tête. Ce crâne d’œuf avait chopé le melon.

A 39 ans, Laurent Fabius quitta Matignon. Deux scandales avaient entaché son passage : l’affaire du Rainbow Warrior et celle du sang contaminé. Sa carrière marqua le pas. Il dut en rabattre. L’ex plus jeune Premier ministre de la France dut admettre qu’il ne deviendrait pas son plus jeune Président. Il continua néanmoins de faire des rêves élyséens, mais les élections présidentielles se succédaient sans qu’il y joue les premiers rôles.

L’homme vieillit précocement. Il se tassa. Son visage se marqua, se pocha, s’empâta. Une expression de tristesse s’y inscrivit ; elle ne le quitterait plus. Sa calvitie gagna du terrain. On eût aimé en la circonstance que, face à elle, il se montrât mitterrandien plutôt que giscardien – soit qu’il laissât tomber au lieu de se raccrocher à une mèche acrobatique jetant un pont fragile entre les tempes…

Sa mise fut toujours - ou presque : attendez la suite - soignée. Costumes et chemises sur mesure ; matières luxueuses. Mais épaules trop larges et tombantes (Ah ! la carrure présidentielle !), manches trop longues, mélanges approximatifs de couleurs…

 

fabius-cravate-mauve.jpg

 

Elégant, Laurent Fabius ? Peut-être … mais à la mode libanaise.

La suite, la voici : son parcours vestimentaire connut une curieuse parenthèse. En 2003, il publie un livre intitulé Cela commence par une balade dans lequel il raconte son goût pour les carottes râpées, son intérêt pour la Star Academy, ses virées en moto – « une 125 cm2, ce qu’on appelle dans le jargon une custom (…), confortable (…), quoique pas vraiment pêchue. »

La 4e de couverture le montre, justement, sur sa moto :

 

fabius-moto.jpg

 

La même année, il se présente à l'Université d'été PS de La Rochelle en tee-shirt blanc et blouson de jean :
 

fabius-blouson-2003.jpg

 

Les limites ultimes de la démagogie étaient allégrement franchies. Faux simple, faux cool, faux jeune : ce nouveau Fabius réussit à faire l’unanimité contre lui. Les médias et le public le moquèrent à juste titre. Conscient de cet échec, il eut la sagesse de renouer très vite avec son style habituel.

Laurent Fabius est aujourd’hui notre ministre des affaires étrangères. Un poste prestigieux qu’on souhaite voir occupé par un homme ayant de l’allure. L'allure de Fabius est loin de valoir celle de Dominique de Villepin, qui s’illustra naguère à ce poste. Reconnaissons tout de même que sa mise dépasse largement en qualité celle de son prédécesseur. Laurent Fabius est sans conteste le ministre hollandais le mieux habillé. Costumes sobres, parfois rayés ; cravates assorties aux motifs traditionnels et discrets. Bien sûr, les épaules sont encore basses et trop larges, et les manches trop longues. Mais, comparés aux péchés que d’autres commettent (suivez mon regard…), les siens sont véniels… Comme pour parfaire ce quasi sans-faute, une pochette blanche orne régulièrement la poche de poitrine de notre ministre : la pochette diplomatique !

 

laurent-fabius-aff-etr.jpgAvec son homologue tanzanien, le 24/10/12. MA/f. de la Mure.

 

Ainsi habillé, Laurent Fabius mériterait presque qu’on lui dise « Chapeau ! » Ce que nous nous serions bien gardé de faire quand, un jour de manifestation, il lui prit l’étrange idée d’emprunter le sien à François Mitterrand :

 

fabius-chapeau.jpgLe chapeau... et l'écharpe !

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 06:20

hedi-slimane.jpgHedi Slimane

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 06:29

Il y a deux ans, la vague Preppy déferlait dans nos magazines. Que reste-t-il de son passage ? Pas grand-chose, comme on pouvait s’y attendre. Il faut dire qu’utilisé sans doigté ou à contretemps, ce style peut facilement se révéler caricatural. L’homme mûr qui l’adopte risque d’avoir l’air d’un vieil étudiant :


tommy-hifliger-en-preppy.jpgTommy Hilfiger, spécialiste du style Preppy

 

Sur un jeune homme, l’effet « bourge » est quasi inévitable.

Si influence Preppy il y a, c’est sur la jeune fille/femme qu’elle est surtout repérable. Qui s’en plaindra ? Le look Blair Waldorf, même atténué, est tout de même plus seyant que les « no look » tristes qui dominaient avant.


blair-waldorf-def.jpg

 

                                                            *

 

Un mot sur Hilfiger : j’aime beaucoup les récentes campagnes publicitaires de cette marque, qui mêlent des mannequins de générations différentes :


tommy-hifliger-pub-un.jpg 

tommy-hifliger-pub-deux.jpg

 

Dans la famille Aigle, ne demandez pas, en revanche, la grand-mère ou le grand-père : un gros ours les a avalés à son petit déjeuner :


aigle.jpg Photo : BETC; Bo George    

 

Décalé, mais pas drôle. Question humour, Aigle ne vole pas haut.

 

                                                             *

 

The Sartorialist me déçoit. De plus en plus de looks et de moins en moins de style ; de plus en plus de femmes et de moins en moins d’hommes ; de plus en plus de jeunes et de moins en moins de personnes mûres ou âgées. Prenez le mois de septembre dernier : les photos dignes d’intérêt se comptent sur les doigts d’une seule main. Encore, le plus beau cliché est-il un cliché vintage :


the-sarto-vintage.jpg  The Sartorialist, septembre 2012

                                                      

                                                           *

 

Eprouvez-vous, comme moi, le sentiment d’être en décalage – de vivre, comme le disait le poète, « la vie à côté » ? « Qu’importe ! » ajoutait aussitôt celui-ci « J’aime la beauté ! » Moi aussi j’aime la beauté ; pour moi aussi elle est une consolation. Malgré tout, je suis loin d’avoir acquis le détachement de ce poète philosophe. C’est tous les jours que mon époque me blesse. Vous voulez un exemple ? Ces lignes, que j’ai lues dans un quelconque magazine : « Pour Benjamin Patou, le roi des nuits parisiennes, le nom de Jean Patou, son arrière-grand-oncle, n’évoque rien : il ne l’a pas connu et n’en a pas hérité. Alors pourquoi faut-il toujours qu’on lui rappelle sa parenté avec le créateur du parfum Joy ? »


patou-copie-1.jpgJean Patou

 

Le nom de son arrière-grand-oncle ne lui dit rien parce qu’« il ne l’a pas connu »… Quel manque de curiosité et de sensibilité ! Et Platon, qu’il n’a pas connu, ça lui dit quelque chose ? « Il n’en a pas hérité »… Quelle goujaterie ! Ce roi plein de divertissement m’a tout l’air d’un triste sire ! Mes jours sont plus beaux que ses nuits – aussi parisiennes soient-elles.

 

                                                               *

 

La jumpology dont j’ai parlé une autre fois – a de beaux rebonds devant elle ! Certes, les mannequins de Lacoste ont cessé, depuis peu, de léviter… Mais, cette saison, ceux de Cyrillus ont pris la suite :


cyrilius.jpg Cyrillus, catalogue automne-hiver 2012-2013    

 

Qui sait, les mannequins d’Eminence ou de Petit bateau feront bientôt la même chose pour vanter les slips… kangourou ! Et regardez la photo qui ouvrait le supplément Styles de L’Express consacré cette rentrée à l’Homme :


express-jumpo-copie-2.jpg

 

La jumpology ? C’est tout bond !

 

                                                                 *

 

Extraits du même supplément Styles de L’Express, ces clichés qui font peur :


carven-costume.jpg

carven-rose-jaune.jpg 

carven-manteau.jpg

 

 

Les vêtements sont signés Guillaume Henry, responsable des collections Homme chez Carven. « L’homme Carven est un personnage nouveau mais enraciné, dont l’élégance naturelle le dispute à une certaine maladresse », dit Guillaume Henry, que la journaliste Katell Pouliquen (un bien joli nom - parole de chouan !) surnomme « le petit Nicolas de la mode ». L’emblème de la ligne est un pin’s bonnet d’âne :


pin-s-carven.jpg 

 

« Très second degré », précise la journaliste. Me voilà rassuré. Encore un peu, et j’allais prendre ce petit Nicolas pour Clotaire !

La collection dessinée par Henry nous prouve en tout cas que Slimane n’a pas fini de faire des ravages. A Slimane, je ne saurai jamais gré que d’une chose : d’avoir décidé Karl Lagerfeld à suivre un régime draconien pour pouvoir entrer dans ses vestes ajustées.


lagerfeld-ss-lunettes.jpg... Et tout à coup Karl Lagerfeld eut l'air humain !

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 06:43

andre-gide-cabris.jpgGide, en 1941


Jeune, André Gide cultiva le genre artiste fin de siècle. Il se chercha, interrogea beaucoup son miroir, joua des rôles. Pour cela, on le jugea comédien, et, a posteriori, il eut l’honnêteté de reconnaître la justesse de la critique : « Je m’occupais beaucoup de mon personnage ; le souci de paraître précisément ce que je voulais être : un artiste, allait jusqu’à m’empêcher d’être, et faisait de moi ce qu’on appelle : un poseur. »

Poseur, pourtant, il n’oublia jamais de l’être. Il s’abandonna complaisamment à l’image du grand écrivain. Ainsi, sur ce célèbre cliché où, à sa table de travail, il quête une inspiration que son stylo est prêt à saisir au vol (1).


andre_gide.jpgRue Vaneau, 1945. Photo : Laure Albin Guillot


Ou sur cette autre photo :

 

andre-gide-chaise-longue.jpgPorquerolles, 1922


Un jour, confronté à un de ses portraits où il fixait l’objectif, il eut cette heureuse formule : « Je me regarde me regardant. » Le propos n’étonne pas de la part de l’auteur du Traité de Narcisse.

Pour un « poseur », la cigarette est une précieuse alliée. Cocteau se servait d’elle pour mettre en valeur ses belles mains aux doigts interminables. Gide ne jouissait pas d’un semblable atout : ses mains étaient quelconques, plutôt épaisses, aux doigts rentrés. Chez lui, c’est plutôt la main qui met en valeur la cigarette. Celle-ci pointe généralement au sommet d’un avant-bras négligemment levé. Le geste est réussi, faussement naturel.


andre-gide-balcon.jpgRue Vaneau, 1935


andre-gide-chapeau-noir.jpgEn 1939


andre-gide-172.jpgA 80 ans


Un grand écrivain, ça ne sourit pas. Les photos sur lesquelles Gide montre ses dents sont exceptionnelles.


andre-gide-sourire.jpgEn 1939

 

L’écriture est une chose sérieuse, une quête qui, certains jours bénis des dieux, hisse celui qui s’y livre au-dessus des mortels.

Imagine-t-on André Gide, tel, ici,  Frédéric Beigbeder, posant torse nu pour une publicité ? 


frederic-beigbeder-torse-nu.jpg

 

Un grand écrivain aspire à montrer, sinon sa supériorité, du moins sa différence. Un artiste – ce que voulait être Gide au temps d’André Walter, et ce qu’indéniablement il fut -, ça ne s’habille pas comme le vulgaire. L’esprit créateur doit imprégner ses tenues. Gide multiplie les tentatives avec un sens esthétique très sûr. Il porte ses manteaux en capes…

 

andre-gide-banc.jpg1934. Photo : Yves Allégret


andre-gide163.jpgEn  1946

 

 

a recours aux foulards :


andre-gide-162.jpg

 

Ses couvre-chefs, cocasses et variés, sont devenus légendaires…


andre-gide-154.jpgEn 1940


andre-gide-167.jpg En Suisse, en 1947

 

… et ont inspiré des imitateurs :


gabriel-matzneff-chapeau-gide.jpgGabriel Matzneff


jose-alvarez.jpgJosé Alvarez

 

Son allure et son élégance sont certaines.


andre-gide-biblio.jpg A Dudelange, 1919

 

Il était de bonne taille et eut la bonne idée de rester mince toute sa vie. Il avait le goût du confort et des étoffes luxueuses ; Léautaud, qui lui rendit visite le 16 juin 1945, note dans son journal : « (Gide) habillé d’un merveilleux complet gris chiné clair, à l’aspect tout neuf. »


andre-gide-muret.jpgPontigny, 1926


andre-gide-164.jpgEn 1947


Il me faut enfin dire un mot de son beau visage aux méplats accusés. Les étages cérébral, affectif et instinctif – pour employer le jargon des morphopsychologues – s’équilibrent, je trouve, harmonieusement. Cette architecture remarquable lui permit d’affronter sans grand dommage les handicaps de la calvitie et du port obligé de lunettes.

Celui qu’André Malraux appela « le contemporain capital » connaît depuis longtemps le purgatoire. La métaphore est cocasse appliquée à un écrivain qu’on compara souvent au diable ! Evoquer son apparence m'a permis de l'en faire sortir. Pour un instant... et par la porte étroite de l'élégance (2).

_____________________________________________________________________________________________________________
1. Quoiqu'à y regarder de près, je ne sois plus très sûr qu'il tienne un crayon dans la main...
2. La plupart des clichés qui illustrent ce billet sont extraits d'André Gide, un album de famille, Gallimard, 2010.   

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 07:04

Le diable, dit-on, se niche dans les détails. L’élégance (… diabolique à sa façon !) aussi. Le détail est un peu à l’élégance ce que l’accessoire est au vêtement : quelque chose d’essentiel.

Illustrons. La pochette est un accessoire. Pour beaucoup, elle est signe d’affectation déplacée. Il n’empêche qu’à lui tout seul, ce petit carré de tissu peut relever une tenue. Cela dit, la pochette n’est pas à elle seule une garantie d’élégance : il faut savoir la glisser dans la poche poitrine et trouver, parmi toutes les façons possibles, celle qui conviendra le mieux… Des détails qui font la différence !

« Quelle que soit la chose qu’on veut dire, il n’y a qu’un mot pour l’exprimer, qu’un verbe pour l’animer et qu’un adjectif pour la qualifier. Il faut donc chercher, jusqu’à ce qu’on les ait découverts, ce mot, ce verbe et cet adjectif, et ne jamais se contenter de l’à peu près, ne jamais avoir recours à des supercheries, même heureuses, à des clowneries de langage pour éviter la difficulté. » Je ne suis pas loin de penser que ces remarques de Maupassant sur le style littéraire sont transposables au vêtement. Quand, après de multiples essais, un homme élégant a trouvé pour lui-même un trait de style, il n’en change plus. C’est évident.

Prenons un autre exemple : la cravate (… de plus en plus « accessoire » pour nos contemporains). Beaucoup pensent qu’il suffit d’en nouer une pour « être bien habillé » (« Regardez ! Il est pas beau, mon fils, avec sa cravate ! ») Erreur ! Parce qu’elle est surconnotée, la cravate nous oblige à redoubler d’attention. Ici encore, ce sont les détails qui feront la différence : dimensions, qualité, et, bien sûr, nouage. Le connaisseur appréciera comme il convient la fronce (ou, mieux, les deux fronces) juste sous le nœud, légèrement excentrée, qui ponctuera la cravate d’une virgule idéalement placée.


prince-charles-details.jpgLe prince Charles

 

Un dernier exemple ? Celui auquel je pense ne concerne pas un accessoire – puisqu’il s’agit des souliers. Mais le souci du détail vaut pour tous les éléments d’une tenue. L’homme élégant aura à cœur d’entretenir parfaitement ses souliers. Cela va de soi et ne relève certes pas du détail. Mais il ne s’arrêtera pas là : il cherchera à les faire « vibrer » en leur faisant acquérir – lentement et naturellement – une belle patine profonde, qu’il relèvera, ici et là - sur le bout et sur les quartiers – d’un subtil et discret glaçage.

« Très bien, me direz-vous, mais pourquoi consacrer tant de temps à ces détails que, de toute manière, personne ne remarquera ? » Si vous pensez vraiment cela, je m’étonne que vous ayez eu la patience de lire ce billet jusqu’ici ! Sérieusement, je vous répondrai ceci : l’élégance est d’abord une question d’exigence personnelle. Et puis, les connaisseurs, eux, remarquent ces détails que vous prétendez invisibles. Ces mêmes détails, enfin, agissent sur les hommes prêts pour l’élégance, mais qui ne le savent pas encore, et, en impressionnant pour ainsi dire leur rétine à leur insu, les aident à se révéler à eux-mêmes.

« Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail », disait Léonard de Vinci.

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 06:25

Georges Pompidou et sa femme :

 

georges-pompidou-et-sa-femm.jpg

 

François Hollande et sa compagne :

 

francois-hollande-vacances-.jpg

 

"Epouse et concubine"...

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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 06:47

Le concept de président normal s'est transformé en piège pour François Hollande. Ses communicants ont pensé qu’il suffisait d’inverser le modèle présidentiel précédent pour rendre leur client populaire : après le président en yacht, celui en scooter ou en train… Profitant de la situation malsaine créée par la personnalité envahissante de Nicolas Sarkozy, ils ont cherché à faire d’une faiblesse – la banalité de François Hollande – une force. Ils se sont trompés. Ils ont oublié l’incroyable capacité d’oubli de l’opinion : le contre-modèle sarkozyste appartient déjà au passé. Aujourd’hui, c’est François Hollande  que les Français jugent  - François Hollande seul – et leur jugement est impitoyable.

Un président banal ne pouvait prendre le risque de choisir un premier ministre charismatique. C’est ainsi que François Hollande a pris pour le seconder Jean-Marc Ayrault. Entre ces deux personnalités grises, tout est affaire de nuances. L’ennui s’ajoute à l’ennui.

Voyez Hollande et Ayrault en vacances : la même absence de couleurs ; la même absence de saveur…


hollande-ayrault.jpg 

 

Le tableau n’est toutefois pas complètement monochrome. Un personnage haut en couleur a réussi à capter tous les regards. Je veux parler, bien sûr, de la compagne twitteuse de notre président. Mais que vient faire ce personnage secondaire au premier plan ? Tous les bons peintres vous le diront : mal placée, la couleur fait tache


valerie-trierweiler-vsd-copie-1.jpg

 

Une évolution positive est cependant repérable depuis la rentrée. Les communicants élyséens tentent de réparer leur erreur et de passer du contre-modèle sarkozyste au modèle mitterrandien. La décision est sage, mais n’est-elle pas un peu tardive ? Ils ont compris que le Français moyen ne voulait pas d’un François moyen à la tête de l’Etat – mais d’un président… président - soit, tradition de la Ve oblige, "monarque républicain". Ce changement de stratégie explique que, en dépit de sa promesse de candidat, François Hollande ait choisi les ors de la salle des fêtes de l'Elysée pour cadre de sa première conférence de presse. Il passe aussi par une amélioration de l’apparence. J’ai assez raillé les tenues mal coupées de François Hollande pour ne pas me réjouir des quelques efforts récents... quoique peu visibles hier soir. Une cruelle absence de style se fait toujours ressentir.

Une chose en tout cas est réconfortante : les ennuis ne nuisent pas à la forme – et aux formes – de François Hollande. Oublié, le candidat au visage hâve, au cou fripé !

… Après l’hyperprésident, place à lipo-président ?

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 06:27

picasso-carreau.jpg

 

julian-schnabel.jpgJulian Schnabel, peintre et cinéaste

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 06:32

Pierre de Bonneuil a eu l'heureuse idée de faire connaître les débuts de la revue Monsieur, fondée en 1919, via son site personnel (http://www.pierredebonneuil.fr/) et quelques blogs. Il nous propose aujourd'hui une présentation d'un des rédacteurs de la revue : Eugène Marsan - "Le Seigneur Marsan". Merci à lui d'avoir pensé au Chouan pour publier ce portrait que deux photos exclusives illustrent. 

 

Le Seigneur Marsan 

 

Né à Bari en 1882, Eugène Marsan était la précocité même. Curieux de toutes les formes de la vie et de l'intelligence, il avait un tempérament de latin. Son esprit singulier contribua à faire de lui une personnification de l'élégance. C'était un bel esprit qui s'attacha à sa plume et qui proposa ses attraits stylistiques à de multiples revues. Il donnait régulièrement de ses bons mots à La Plume, à La Phalange, aux Essais et aux Marges. Les salons littéraires l'accueillaient avec une fierté intimidante car il parlait juste, sans fioritures, et son aura de grand seigneur absorbait les méticuleux gens de lettres.


eugene-marsan-pull.jpg

 

En 1909, il fonda une revue littéraire : Le Divan. Henri Martineau fut son grand ami et collaborateur  dans cette affaire. Il partageait le goût Stendhalien. Il fit également partie du Club des longues  moustaches qui se réunissait dans un café du nom de Florian. On pouvait y croiser certaines grandes  figures de la littérature de cette époque : Francis de Miomandre, Henri de Régnier ...

Sandricourt ou Orion étaient ses pseudonymes. Il siégea en tant que critique littéraire pour L'Action  Française. Comme le soulignait Henri Clouart : « Du Maurras en dentelle ».

Ses nouvelles ainsi que ses romans ont un penchant pour le libertinage. Il fut l'homme aussi de curieux essais sur le costume masculin, les chapeaux, les cannes et les cigares.


eugene-marsan-chapeau.jpg

 

Je tiens à remercier l'arrière-petite-fille d'Eugène Marsan pour sa présence à mes côtés. Elle se nomme Anna. Comme la mère de ce délicat historiographe. Elle m'envoya quelques rares photographies de celui-ci. Puis, un coup de chapeau pour Le Chouan des villes. C'est un être charmant qui vous donne l'opportunité de lire mes quelques lignes et de contempler ces vitres parfumées.

                                                                                                   Pierre de Bonneuil

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