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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 06:02

Les campagnes publicitaires Opel me laissent sans voix.

Il y a ce spot pour la Zafira Tourer, qui baigne dans une atmosphère anxiogène : lumière crépusculaire, bande son lancinante, volée d’oiseaux hitchcockiens et, pour finir, voix off nous ordonnant en allemand de « vivre l’automobile » avec Opel… Moi, « ça me fait quelque chose », comme le disait Giscard quand il se rappelait le bruit des bottes allemandes sur le pavé de Paris en 40.

Il y a surtout cette publicité pour la Corsa qui ne vante la « deutsch qualität » que pour mieux fustiger, par sous-entendu lourdingue, la légèreté de nos voitures « bleu-blanc-rouge ».

Renault a riposté à cette quasi déclaration de guerre avec la meilleure arme qui soit : l’humour.

Penser que la supériorité allemande puisse être auprès de Français groggy par la crise, doutant d’eux-mêmes, un argument de vente – quelle erreur... quelle Kolossale erreur !

Les communicants politiques ne sont pas plus malins. Angela Merkel assisterait, dit-on, au premier meeting de campagne de Nicolas Sarkozy. Industrialisation allemande ; croissance allemande ; pouvoir d’achat allemand : voilà ce à quoi les Français identifieront sa présence.

Le couple franco-allemand n’a de sens que si les deux parties sont de force égale. Face à Angela, Nicolas ne fait pas le poids. Lui ne s’en rend peut-être pas compte, mais les Français, eux, le savent.

A qui reniflerait dans ces lignes des relents nauséabonds de germanophobie (pour reprendre la terminologie redondante à la mode), je répondrais ceci : j’aime beaucoup les publicités inventives et décalées de Volkswagen.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 06:36

J’ai dit une autre fois tout le bien que je pensais de la revue Rétroviseur. Mois après mois, mon enthousiasme ne se dément pas : dossiers fouillés, iconographie soignée, textes bien écrits. J’apprécie particulièrement les éditos signés Didier Lainé. Celui qui ouvre le numéro de décembre 2011 m’a donné l’idée de ce premier billet consacré à l’automobile. Son sujet : la couleur de nos voitures.

Didier Lainé regrette à juste titre la mode du « tout métallisé », dont les années 70 marquent le début. A regarder autour de soi, il est clair que la peinture métallisée est quasiment devenue pour l’acheteur une option obligatoire ! Pourquoi un tel succès ? Parce que ce type de peinture est supposé moins fragile et plus facile à entretenir, et parce que, historiquement, il est connoté de luxe. Un luxe abordable et qu’on peut bien faire l’effort de s’offrir… surtout quand son voisin se l’est offert avant soi ! Une autre raison n’est pas à négliger : parce que les fabricants ne laissent pas vraiment le choix, les peintures « traditionnelles » étant, dans leurs nuanciers, réduites à la portion congrue.

Les couleurs franches ont déserté nos rues. Il est vrai que ce genre de teintes perd beaucoup de son charme à subir un traitement métal.


volvo-c30-orange.jpgVolvo C 30 orange flamme métallisé

 

Le constat vaut autant pour les voitures que pour les vêtements : la domination du gris et du noir est écrasante. Depuis quelques années, une nouvelle couleur essaie cependant de s’imposer dans notre paysage automobile : le blanc. Blanc, gris et noir : trois non-couleurs pour un triste drapeau !

Les Français, champions du monde du pessimisme et de la consommation de tranquillisants, s'habillent et roulent triste... Quoi de plus logique ?

Mais Didier Lainé refuse de succomber à la morosité. Il voit dans le succès des « coloris pimpants des nouvelles Fiat 500 » un motif d’espérer. Il aurait pu citer, pour réveiller le coq gaulois qui sommeille en chacun de nous, les couleurs tranchantes des DS 3. Je pense, notamment, à un jaune pétaradant pas banal qui n'est pas sans lointainement évoquer, surtout quand il s'accompagne d'un toit noir, la très ancienne 5 hp surnommée, à cause de sa couleur, « la petite citron »


fiat-500-rouge.jpgFiat 500



ds3-jaune.jpgDS 3, Citroën

 

citroen-type-c-5-hp.jpgCitroën 5HP

 

Cela dit, les Fiat 500 et les DS 3 que je rencontre s’éloignent rarement des trois non-couleurs évoquées plus haut…

Doit-on s’attendre à un retour des éclatantes couleurs seventies ? J’en doute. Autres temps, autres mœurs. Alors, les mannequins affichaient un grand sourire quand elles défilaient sur les podiums. Les chanteurs, dans d’improbables et criardes tenues de scène, nous faisaient consommer de joyeuses inepties en « tubes ». Georges Pompidou assurait que la France deviendrait sous peu la troisième puissance économique du monde.

Alors, nous n’avions pas oublié qu’il y a du bleu dans notre drapeau tricolore…


honda-z.jpgHonda Z. Une (vraie) petite citadine des années 70

 

Et puis, les couleurs vives ont tendance à faire « cheap »… Sauf, bien sûr, quand il s’agit du rouge Ferrari ou du jaune Lamborghini ! Acheter une voiture est assez ruineux. Alors s'il faut se ruiner pour, en plus, faire pauvre !… Les couleurs vives ont aussi la réputation de mal vieillir. Je pense au rouge, dont les pigments sont volatils… Rouler en Alfa rouge, c’est bien. Mais quand le rouge vire au vieux rose….

Ce que j’appelle de mes vœux, c’est, en revanche, le retour des « belles » couleurs. Je pense au bordeaux, au bleu marine ou au bleu nuit, au vert anglais…


jaguar-e-verte.jpgJaguar type E

 

Tenez, le vert anglais : ne siérait-il pas mieux à la Mini que l’horrible « vert racing » métallisé qui est au catalogue ?...  

Assez des voitures noires intérieur noir ! Quand l’understatement se fait l’ennemi de l’esthétique, moi, je me fais l’ennemi le plus acharné de l’understatement.

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 06:38

Un de mes lecteurs, Salim Cardine, m'a proposé ce texte. Je l'ai accepté volontiers : il m'a rappelé mon jeune temps, quand je chinais des cravates et des chemises. Je l'ai déjà dit : rien ne remplace la patine que donne le temps (cliquez ici et cliquez là). Tenez, aujourd'hui même, j'ai enroulé autour de mon cou un foulard en soie de mon grand-père (mort en 1962) et, pour avoir bien chaud, j'ai passé sur mon pull un blouson en Jersey Saint-Joseph de mon père (années 60). Maintenant, ce sont mes propres vêtements qui sont des antiquités : vestes et costumes taillés sur mesure au début des années 80; Church's de la même époque... Un jour, tout cela finira aux puces et fera le bonheur d'apprentis élégants qui ne sont  pas encore nés ! 


                                                     Five fingers - Second hand !

 

Les soldes font en ce moment fureur, mais il y a bien mieux que les soldes, même à 70 %. Avez-vous pensé à la fripe ? C’est facile, c’est pas cher et c’est toute l’année.

La fripe peut être datée (années 50 à 80) et même située (USA ; GB ; Italie ; France) par les épaules. Les prix sont normalement accessibles, voire ridicules. Seuls comptent l'oeil du chineur et la connaissance de l'histoire de la mode. Paradoxalement, un vêtement sur mesure n'est pas un gage d'intemporalité, sauf pour la chaussure. L'état du vêtement doit être vérifié. Certaines usures, trous de mites sont cependant acceptables car les beaux vêtements sont rares.

La marque doit toujours être regardée : elle aide à trier. Pour ceux qui aiment les tissus, il faut développer le sens du toucher: Le prince de Pigalle (rue Houdon) passe sa main sur une pile de costumes pour détecter une affaire. Les usines de recyclage ou chiffonniers acceptent de vendre aux fripiers avant de transformer les tas de fringues. La Croix Rouge revend comme chez Guerrisol à Paris. Les fripiers du Nord sont spécialisés dans les années 70. A Rouen - connu pour ses fripiers ou plutôt ses chiffonniers -, c'est un peu mieux (je le sais : j'y ai été étudiant !) mais j'imagine que le paradis, c’est l’Angleterre (vestes en tweed place Lobligeois aux Batignolles) et l’Italie.


cardine-cravates.jpgZegna nattée jaune et noire (puces Clignancourt); Turnbull & Asser (Ebay Angleterre); Kiton bleue (Guerrisol, Barbès, 1,5 € , état neuf); Talbott à motifs géométriques (Ebay USA) 

 

Si vous n'êtes pas un total néophyte, vous pourrez néanmoins faire de bonnes affaires en France car cela reste dans notre coutume de donner nos vêtements aux pauvres.

Quelques exemples ? Veste Namani caviar cachemire (peluche légèrement mais pas forcément mauvais signe) à 5€ ; veste prince de galles classique (black$white) Smalto boutique 5€ ; blazer croisé bleu marine avec un reste de décoration d'état, Old England de la belle Epoque (importé de GB) 1,5€ ; blazer Harrison impeccable Chicachic (Monsieur Barnes, moins chic avec son personnel) 1,5€ (remarquez ça ne vaut pas beaucoup plus).


cardine-blazer.jpgBlazer Old England, 1,5 euro

 

Les rois de la mode sont souvent d'anciens amateurs de fripes. Gérard Sené par exemple : un vrai gentleman.

Les fripes sont des vêtements anciens mais qui n'ont pas toujours été souvent portés. On trouve notamment de superbes manteaux (les manteaux s’usent peu) : manteaux croisés, épais, à chevrons bleus, gris foncé ou souris avec du vert ; double breasted à chevrons bleuté Savile Row en rayon pendant un an ; cachemires épais ; manteaux à motifs caviar en vigogne, rares, c’est vrai, mais pas chers ! Manteaux militaires…


cardine-manteau.jpgEpais manteau à chevrons ultra cintré, années 50 ou 60, tailleur cannois    

 

Comment ? Les trenchs en laine de la royale sont introuvables ? Faux !  L'adresse est plus haut. 

Alors jetez-moi votre Burberry brand new et trouvez-vous un Aquascutum avec une patine à la Bogart et un pantalon en agneau à 2€ à la JCVD !

Pour les chaussures, les lecteurs connaissent l'histoire du butler qui a la même pointure que son jeune maître pour casser ses pompes. Pas besoin ! Les Weston d'occase sont plus confortables que les Méphisto et moins diaboliques ! Voir aux puces entre 20 et 100€, à la cordonnerie Casters rue Championnet ou dans quelque dépot vente - par exemple, Réciproque (XVIe), Fabienne (XVIe aussi), Troc Homme (XVIIe : une super vendeuse et acheteuse; l'air de rien, un vrai talent). Evitez le D-V Courcelles, cher et très antipathique. Attention, bien regarder les pointures en largeur : une paire peut être confortable à l'essayage puis se révéler trop courte.


cardine-chaussures.jpgWeston noires années 70; mocassins Weston classiques rouges


cardine-derbies.jpgBrogues, brocante de rue à Paris, 10 euros    

 

Les vieux cuirs sont plus évidents à sélectionner que le bon vin. Et puis, c'est un exercice moins snob. 

Et, comme un chineur d'antiquités, ne regrettez surtout pas vos erreurs : la quête de la beauté est un état d'esprit !

 

                                                                                                        Salim Cardine

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 06:47

J’ai toujours pensé que, derrière tout dictateur, il y a un petit garçon qui rêvait de beaux uniformes. « Maman, quand je serai grand, je serai dictateur et je porterai les plus beaux habits du monde ! » Quand le dictateur laisse son uniforme au vestiaire, il revêt généralement de très beaux costumes que, du reste, il porte comme des uniformes.

Saddam Hussein avait son tailleur personnel. Il s’appelait Recep Cesur et il était turc. Hosni Moubarak aimait parader en costumes Smalto. Il est arrivé que ce même tailleur – très prisé des chefs d’états africains et qui a bien mérité de la françafrique – habille Laurent Gbagbo.


saddam-hussein.jpg
  

hosni-moubarak.JPG

 

laurent-gbagbo.jpg 

Les dictateurs ont aussi leurs accessoires fétiches : des couvre-chefs plus ou moins étranges et, surtout, les lunettes de soleil. « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement », disait La Rochefoucauld ; il faut croire que les yeux d’un dictateur non plus.


Jaruzelski.jpgL'aimable général Jaruzelski 

  

pinochet-lunettes-noires.jpgL'auguste général Pinochet

    

Kadhafi-lunettes-noires.jpgLe fantasque colonel Kadhafi

 

La puissance qu’on attribue à l'étoffe qui recouvre le corps du chef tient de la magie. Aux yeux du peuple, un dictateur ne devient inoffensif que défait, au sens propre, des habits du pouvoir.


saddam-hussein-capture.jpg 

hosni-moubarak-proces.JPG

      
laurent-gbagbo-capture.jpg 

Saddam Hussein, tiré du trou à rat qui lui servait de cachette; Hosni Moubarak, malade, traîné devant ses juges sur une civière; Laurent Gbagbo et sa femme, exhibés comme des bêtes curieuses dans une chambre d'hôtel... Nos journaux se sont à juste titre alarmés de ce déferlement d’humiliations inutiles, de ce raz-de-marée de haine brute.

Je me souviens qu’il y a un peu plus de deux siècles, on mena à la guillotine, couvert d’un simple gilet de molleton, un roi peut-être faible, mais sûrement pas cruel.


execution-Louis-XVI.jpg


Cela ne se passait pas en Afrique, mais en France, au siècle des Lumières.
 

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 06:17

La modernité s'est fait une spécialité de la remise en cause des valeurs. On bouge, on renverse, on élimine... L'art n'a pas échappé à la règle. Nos entrepreneurs en démolition en ont même fait un de leurs champs d'expérimentation favoris. Qu'est-ce que l'art ? De quel droit distinguer arts majeurs et mineurs ? Et puis - tant qu'on y est : l'art existe-t-il ?

La confusion entre l'art et l'artisanat participe de l'entreprise. La question de savoir ce qui distingue l'un de l'autre n'est certes pas nouvelle, mais la modernité en a changé les termes. Il fallut attendre 1762 pour que l'Académie française établisse une différenciation institutionnelle entre les deux mots en définissant l'artisan en tant qu' « homme de métier » et l'artiste en tant que « celui qui exprime le Beau ». Le beau... La modernité lui a porté un coup fatal. « L'idée de modernité, a dit Malraux (je cite de mémoire), est née quand les notions d'art et d'harmonie ont été dissociées. »  Le peintre expressionniste abstrait Barnett Newman est plus direct en affirmant que « le mobile de l'art moderne a été de détruire la beauté.»

Le domaine de la mode offre un exemple convaincant de brouillage des valeurs. Autrefois, le vêtement était avant tout pour les peintres prétexte à l’exercice de leur art : « Qu’un bavolet à rubans s’immortalise dans un dessin d’Ingres, ou un bibi dans un Renoir, tant mieux, mais c’est un hasard », disait Chanel. Rendre la profondeur des velours, le chatoiement des satins, la finesse des dentelles, l’éclat des broderies : autant de défis pour le peintre soucieux de faire montre de son talent et non de célébrer le travail d’artisans anonymes. Au reste, l’artiste, c’était lui et sûrement pas les artisans en question.


ingres-def.jpgIngres, "La princesse de Broglie"

 

Au début du XXe siècle, des artistes vont changer la donne en pénétrant le domaine du vêtement avec l’intention de le révolutionner. Dans les années 10, Robert Delaunay et sa femme Sonia transposent aux vêtements le simultanéisme de leur peinture. « Voici, par exemple, un costume de M. Robert Delaunay, écrit Guillaume Apollinaire - chantre de L'Esprit Nouveau - dans La Femme assise en 1914 : veston violet, gilet beige, pantalon nègre. En voici un autre : manteau rouge à col bleu, chaussettes jaunes et noires, pantalon noir, veston vert, gilet bleu ciel, minuscule cravate rouge.»


tristan-tzara-delaunay-copie-3.jpgTristan Tzara par Robert Delaunay. Echarpe "simultanée" dessinée par Sonia, la femme de Robert.

 

Giacomo Balla, peintre futuriste italien, signe en 1914 un manifeste du vêtement futuriste et proclame la fin de l'élégance : les vêtements futuristes sont « hygiéniques » et « coupés de façon à ce que les pores puissent respirer facilement ». Les couleurs sont violentes et - à bas le classicisme ! - les formes asymétriques.


balla.jpgCostume futuriste de Balla

 

En 1919, l'artiste futuriste Ernesto Thayaht crée sa fameuse tuta, qui constitue une tentative de rationalisation extrême du vêtement. La tuta était conçue pour être portée par tout le monde et dans toutes les circonstances. Tentative - et tentation - totalitaire (tuta veut dire « toute » en italien) dont il n'est peut-être pas exagéré de voir dans certains travaux de Le Corbusier le pendant architecturalSi l'influence du second avait été égale à celle du premier, la forme de nos villes en eût été heureusement changée...


thayaht.jpegLa tuta de Thayaht    

 

Réciproquement, des couturiers se rapprochent d’artistes. Madeleine Vionnet engage Ernesto Thayaht ; il sera son collaborateur de 1919 à 1925. Coco Chanel met son talent au service d’entreprises de décloisonnement artistique. Jean Cocteau, son ami, lui demande de concevoir les costumes de son Antigone (1922), tandis que Picasso s’occupe des décors et Honegger de la musique. Elle est encore de l’aventure du Train bleu (1924), un ballet monté par Diaghilev dont Darius Milhaud a composé la musique et Henri Laurens réalisé le décor. Le rideau de scène est la reproduction d’une toile de Picasso.


chanel-le-train-bleu.jpg Jean Cocteau, entouré des danseurs du Train bleu

 

Ces exemples sont certes significatifs. Notre regard a posteriori risque toutefois d’en grossir l’importance. Quand Cocteau justifie le choix de Chanel pour Antigone, il se garde bien d’employer à son sujet le mot d’artiste : « J’ai demandé les costumes à Chanel  parce qu’elle est la plus grande couturière de notre temps ». Mais un processus est enclenché : la mode ne cessera plus de lorgner du côté de l’art.

En 1965, Yves Saint Laurent fait sensation avec sa robe Mondrian. Des artistes avaient investi le domaine du vêtement. Un couturier inverse les rôles en créant un vêtement tableau (… ou toile, devrais-je plutôt dire !) - hommage à un peintre en même temps que témoignage des possibilités graphiques de son propre moyen d’expression. Saint Laurent ne se livre pas à un vulgaire travail de copiste ; il fait œuvre personnelle en transposant la géométrie du tableau à celle du corps et de la robe. Il récidivera quelquefois (références au Pop art, à Picasso, à Matisse…) avec plus ou moins de réussite.


robe-mondrian.jpgYSL, robe Mondrian    

 

Le règne du styliste puis, surtout, du créateur continue la métamorphose. Le créateur se définit - son nom l’indique - comme un artiste plutôt que comme un couturier. Puisque tout est art, la mode aussi est un art et rien n’empêche l’ancien couturier de s’autoproclamer orgueilleusement créateur. L’évolution parallèle de l’art contemporain favorise la confusion. Les supports de la création se multiplient, parfois éphémères ou immatériels. Qu’est-ce qui interdit, dès lors, le travail du couturier-créateur, qui porte sur le corps et le vêtement, d’être artistique ?

Pour capter l’air du temps, on peut faire confiance aux professionnels de la mode. Les créateurs ont parfaitement saisi la dimension spectaculaire de notre société. Ils ont transformé leurs défilés en shows aux scénographies incroyablement sophistiquées : des performances, en quelque sorte, au sens artistique du terme ! Certains créateurs sont devenus des idoles, à l’exemple des « stars du rock », le rock ayant acquis, de son côté, le statut de « culture » à part entière : tout se tient !


john-galliano.jpgJohn Galiano

 

Ne restait plus aux créateurs qu’à obtenir la reconnaissance de l’institution. C’est fait ! Par exemple, le musée des beaux-arts de Montréal a consacré ces mois derniers une exposition à Jean-Paul Gaultier. « Toute la carrière du créateur défile sous nos yeux », expliquait dans Le Monde (édition du 18 juin 2011) Joël Morio. Jean-Paul Gaultier muséifié de son vivant ? « Cela peut être comme un enterrement de voir ses vêtements au musée », confiait, lucide, le principal intéressé. Fin de la métamorphose.


jean-paul-gaultier-montreal.JPG"La planète mode de Jean-Paul Gaultier", musée des beaux-arts de Montréal

 

En quoi art et artisanat se distinguent-ils ? Pour tenter de répondre à cette question, les « angles » ne manquent pas. Je pourrais reprendre la distinction établie par l’Académie en 1762. Mais je préfère me servir d’un propos que j’ai souvent entendu prononcer par le peintre Soulages : « Quand on sait ce qu’on va faire, on est un artisan ». Sous-entendu, l’art est imprévisible, aventureux, etc. Selon cette logique, le tailleur, par exemple, n’est pas un artiste : sa maîtrise technique est censée lui permettre de réaliser au mieux la pièce que lui a commandée son client. Qu’il en aille autrement, et le client serait en droit de lui demander des comptes… En somme, les meilleurs artisans seraient les moins « artistes ».

Les grands couturiers et les créateurs obéissent à une autre logique. Soumis à la cadence infernale des collections, ils doivent constamment fournir – et fournir de l’inédit, du surprenant ! Car la modernité – c’est une de ses lois – oblige à l’originalité. Course épuisante. Course folle ! Une fausse révolution en chasse une autre au rythme imposé par des médias zappeurs. Pour reprendre le propos de Soulages, nos couturiers et créateurs ne savent pas ce qu’ils vont faire. Ils cherchent, ainsi que l’exigeait Baudelaire - inventeur du mot modernité - à « trouver du nouveau au fond de l’inconnu ». Suivant la définition de Soulages, il n’est donc pas aberrant de qualifier les créateurs et couturiers d’artistes au sens contemporain du terme.

Mais, me direz-vous, le vêtement a une fonction utilitaire qui l’exclut du domaine de l’art. Je vous répondrai ceci : 1) Vous connaissez bien vos classiques mais mal vos contemporains ! 2) Les couturiers et créateurs ont résolu la difficulté en concevant des vêtements littéralement immettables. Notons d’ailleurs qu’ils ignorent souvent tout de la fabrication d’un vêtement : ils dessinent et laissent à des artisans le soin de la réalisation. La comparaison s’impose avec les artistes contemporains qui, souvent, ne savent pas dessiner et font fabriquer leurs œuvres dans des ateliers.

Chanel et Saint Laurent, que j’ai cités plus haut, ont toujours refusé d’être qualifiés d’artistes. « La mode n’est pas un art, c’est un métier », avait coutume de dire Chanel. C’est que ces grands noms de la mode se considéraient d’abord comme d’humbles artisans. Yves Saint Laurent était un homme de culture et un collectionneur d’art. L’admiration rend modeste.

« La beauté sauvera le monde », a prophétisé Dostoïevski. Mais c’était avant que la beauté ne meure, exécutée – c’est un comble ! – par ceux-là même qui étaient chargés de la servir !

… A quand sa résurrection ? 

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 06:13

Les barbus sont plus nombreux, mais ils ne sont pas légion. Négliger de se raser quelques jours ne signifie pas qu’on est barbu. L’expression « barbe de trois jours » n’a pas de sens. La barbe a besoin de plus de temps pour se déployer.

N’est pas barbu qui veut. Disant cela, je pense moins à ceux que la nature a défavorisés qu’à ceux, plus nombreux, à qui l’activité ou le milieu ne laisse pas le choix.

Où sont nos barbus ? On en trouve facilement chez les artistes (au sens large du terme : par exemple, Amanda Lear, qui a l’esprit plus piquant que le menton (quoique…), emploie également le terme « artiste » pour se désigner ou pour désigner Dali qui fut son Pygmalion…) : chanteurs, comédiens, musiciens…


francois-berleand.jpgFrançois Berléand

 

On en trouve chez les sportifs – les évolutions pileuses étant, dans ce milieu, sujettes à d’incompréhensibles effets de mode (voir, naguère, la vogue des crânes rasés chez les footballeurs). Chez les rugbymen, on pense bien sûr à Chabal dont l’imposante présence a découragé d’éventuels imitateurs.

 

sebastiebn-chabal.jpgSébastien Chabal

 

On en trouve aussi chez les vigiles et les policiers ; dans ce cas, la barbe, tarabiscotée, est avant tout un signe d’appartenance à un corps. Dans les médias, en revanche, elle est une denrée rare. Yves Calvi et Christophe Barbier l’ont tentée, mais de façon éphémère et en profitant du retour des vacances d’été pour faire passer leur audace.


yves-calvi-barbe.jpg Yves Calvi

 

 

Imagine-t-on un présentateur du 20 heures barbu ? Harry Roselmack ? Exact. Mais, présentateur du JT, il y renonça sous l’effet des nombreuses critiques.


harry-roselmack-barbe.jpgHarry Roselmack

 

La barbe devient exceptionnelle chez les patrons du Cac 40 ou chez les hommes politiques. Philippe Séguin se la laissa pousser (timidement...), mais je crois me souvenir qu’il avait alors pris sa retraite politique.


philippe-seguin-barbe.jpgPhilippe Séguin

 

Jean-Jacques Aillagon aussi, mais pas quand il fut ministre.


jean-jacques-aillagon.jpgJean-Jacques Aillagon

 

Il y a bien DSK, qui en arbore une, miteuse, ces temps-ci… Cet exemple, au passage, va contre le cliché selon lequel le barbu a quelque chose à cacher. C’était quand il avait le menton glabre que DSK avançait masqué. Aujourd’hui, l’ex-roi du monde est barbu… et tout nu ! A moins que nous ne sachions pas encore tout. Mais cela, je n’ose le penser….

 

strauss-kahn-barbe.jpgDSK

 

J’insiste : hors le bas du visage, que peut bien cacher une barbe (1) ?... Ou alors, selon  la même logique, il faudrait admettre que toute personne chevelue aussi dissimule quelque chose !

L’alternance mentons barbus et mentons glabres rythme notre histoire. Ce constat devrait nous inciter à prendre du recul avec nos préjugés et nos conditionnements. Déterminons-nous plutôt à partir de nos goûts et de notre physique. Et posons-nous la seule question qui vaille : qu’est-ce qui me va le mieux ?

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1. Victor Hugo, grand barbu devant l'Eternel - barbu lui aussi, et auquel Hugo avait une fâcheuse tendance à s'identifier -, disait pourtant : "Que de choses (...) disparaissent sous la barbe : les joues appauvries, le menton fuyant, les lèvres fanées, les narines mal ouvertes, la distance du nez à la bouche, la bouche qui n'a plus de dents, le sourire qui n'a plus d'esprit." Littérature !

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 06:53

J’ai évoqué quelques fois ces officines de relooking qui prospèrent sur l’ignorance de nos contemporains. Je n’aurais pas eu l’idée d’y revenir si une lectrice (Diane) ne m’avait signalé ce lien. Pourquoi se faire inutilement du mal ? Admirer vaut tellement mieux que critiquer ! Par curiosité, j’ai cliqué – comme vous allez peut-être le faire tout à l’heure.

Eu égard à la considération que je vous dois, laissez-moi tout de même vous dire ce qui vous attend.

- Un relookeur en chef très satisfait de sa petite personne ; look caricaturalement bobo (mèche longue et barbe de trois jours) ; veste rase-pet accentuant son allure d’escogriffe (1) ; chemise blanche et chaussures noires – combinaison passe-partout dont j’ai déjà dit ce qu’il fallait penser.

- Un relookeur assistant autoproclamé spécialiste des couleurs et des délavages « subtils » (sic).

Un premier relooké, aux faux airs de Poutine jeune, se déclarant emballlé par les prestations assurées mais dont la mine renfrognée semble dire le contraire.

- Un second relooké très jeune, typé slave, attendrissant de candeur. A noter, la veste portée sur un tee-shirt, le col au contact direct du cou, une incongruité inesthétique et malpropre.

Un vendeur de PAP boudiné dans son veston – plis sur le devant  et entre les omoplates ; bouton principal tutoyant le sternum. Le nom de la boutique ? « Dandy Parisien » !

- Des bouts de phrases ponctués d’anglicismes et d’ «au niveau de».

Comment ? Vous voulez encore cliquer ? Libre à vous. Mais ne venez pas me dire que vous ne saviez pas.

____________________________________________________________________________________1. 1. Etrange, cette tendance actuelle des jeunes à vouloir exhiber leur séant en recourant à une veste trop courte ou à un pantalon trop bas...

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 06:28

« Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres », comme disait le poète. Sale temps pour les politiques ! Ils devront encore supporter de s’exhiber devant les caméras en tenue légère – je veux dire, sans manteau et sans écharpe. Car, en hiver, les hommes politiques ne sortent jamais couverts. Rien à faire ; leurs conseillers en images les ont sévèrement mis en garde : devant les caméras, même par température sibérienne, le costume est o-bli-ga-toi-re. Et encore, pas n'importe lequel : le costume moderne, c'est-à-dire  poids plume...

Combien de fois je les ai plaints, bien au chaud devant ma télé, à risquer ainsi la mort alors qu’autour d’eux je ne voyais que doudounes et cache-nez…

Après tout, c’est tout de même pour notre bien qu’ils prennent le risque de se faire du mal…

Les conseillers en image sont des gens à principes : le manteau n’est ni télégénique ni vendeur. Et ne parlons pas de l’écharpe… Qui cherche la raison de ce rejet la trouve sans délai (les ficelles des communicants sont des cordes) : un homme politique n’a jamais froid (ni aux yeux ni ailleurs) ; un homme politique garde toujours le sourire (même s'il a les lèvres gercées) ; un homme politique affronte le danger sans broncher (mais pas toujours sans bronchite).

Préjugés, ignorance…

Nous gardons tous en mémoire l’image du général de Gaulle arpentant la lande irlandaise enveloppé d’un grand manteau. Otons-le-lui et le cliché perd sa légende. Mais comment faire comprendre à nos conseillers en image qu’un manteau peut être autre chose qu’une couverture améliorée ; que, bien coupé, il donne de l’allure à son propriétaire ; que, masquant les imperfections, son usage serait même à recommander ?

 

de-gaulle-irlande.jpg

 

Chez les journalistes non plus manteau et écharpe n’ont pas… bonne presse : qui porte manteau est nécessairement « emmitouflé », « engoncé ». Quant à l’écharpe, elle remonte invariablement « jusqu’au nez »…

Amis de l’élégance…

Au fond, c’est le manteau et l’écharpe, bien plus que les hommes politiques, qui auraient besoin des services d’un bon communicant. Personne ne se propose ?...  Eh bien ! je relève le défi !

Et quand j'aurai gagné la bataille du manteau et de l’écharpe, je lancerai celle du chapeau et des gants !

Vous pensez que je rêve ?

Eh quoi ! Ce n’est pas tous les jours que les hommes politiques font rêver !...

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 06:39

S'intéresser aux vêtements, quand on est un homme, paraît suspect. Préoccupation de femme, pensent beaucoup, ou superficialité pathétique. Un homme bien mis pourra, dans certaines circonstances, se sentir déplacé, voire honteux. Face à une personne financièrement démunie, par exemple, ou à une autorité intellectuelle ou spirituelle - craignant que celle-ci, le réduisant à son apparence, ne le prenne pas au sérieux. Certains se récrieront : « Mais qu'importe le jugement des autres ? » Ce point de vue ne me semble pas recevable car il fait fi du respect humain que toute vie en société exige. Moi, je voudrais plutôt amener l'autre à abandonner son préjugé. Le pari est osé quand on sait que, comme le disait Einstein, « il est plus difficile de désagréger un préjugé qu'un atome ».

N'est-on pas en droit d'espérer d'un artiste qu'il fasse preuve d'ouverture d'esprit ? Pourtant... J'ai le souvenir d'une émission de télévision durant laquelle le réalisateur Jean-Jacques Beneix  s'en était violemment pris à Frédéric Mitterrand au motif que celui-ci portait des chaussettes rouges, ce qui, pour Beneix, le disqualifiait pour parler des grands problèmes de notre temps. Le préjugé battait son plein ! En quoi, dites-moi, le soin qu'un homme porte à sa toilette lui interdirait-il d'être sensible aux injustices sociales ou de se poser des questions essentielles ? Je ne vois en cela aucune antinomie mais la simple juxtaposition d'intérêts d'ordres différents.

Balzac, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire furent des génies. Leurs oeuvres sondent les coeurs et fixent les abîmes. Cela ne les empêcha pas d’avoir été, tous trois, soucieux de leur image. L'élégance passionna tant le premier qu'il lui consacra un essai. Les deux autres écrivirent sur le dandysme des pages d'une pénétration inégalée. De grands romanciers ont dit la vie. Pas étonnant, alors, qu'ils aient prêté à la description physique et vestimentaire de leurs personnages une grande attention. Pour l'observateur exercé, rien n'est plus bavard que les apparences. Pas étonnant non plus que ces grands connaisseurs de la complexité du coeur humain aient soigné leur mise, certains - assez nombreux - cultivant même une réelle élégance. Plus étonnante, à mes yeux, est la négligence avec laquelle s'habillent nos romanciers contemporains.


henry-de-marsay-bertall-def.jpgUn dandy balzacien : Henry de Marsay, par Bertall


barbey-d-aurevilly-copie-2.jpgJules Barbey d'Aurevilly, par Emile Lévy


charles-baudelaire-nadar-copie-2.jpgCharles Baudelaire, par Nadar

 

Dans un passage de L'Homme sans qualités, Musil exprime magnifiquement comment, si nous voulons saisir l'âme des vêtements, nous devons cesser de les considérer comme de simples objets, nous incitant à basculer, en somme, du plan matériel au plan symbolique : « Les vêtements, retirés de la fluidité du présent et considérés en eux-mêmes, comme une forme dans leur monstrueuse existence sur la personne humaine, sont de bizarres fourreaux, d'étranges végétations, bien dignes de la compagnie d'un ornement nasal ou d'un anneau à travers les lèvres. Mais qu'ils deviennent fascinants quand on les considère dans l'ensemble des qualités qu'ils prêtent à leurs possesseurs ! Il se passe alors un phénomène aussi remarquable que lorsque dans un lacis de traits d'encre sur une feuille surgit la signification de quelques grandes paroles. »

Les consolations que nous offre la vie ne sont pas nombreuses. L'argent et la célébrité mis hors course pour cause de vulgarité, quels os nous reste-t-il à ronger ? L'amour ? Mais celle qui m'a juré un amour éternel hier va peut-être me quitter demain. La foi ? Encore faut-il que je l'aie et que je ne la perde pas.  La création ? Mais le génie est exceptionnel et l'inspiration tarissable. Et si la seule consolation qui vaille était la beauté ? « Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps », Baudelaire recommandait de s'enivrer. L'esthète s'enivre de musique, de peinture, de poésie... L'art est sa protection, son rempart. Ce qui le fait tenir debout. La recherche de l'élégance participe de cette entreprise d'embellissement permanent de la vie. Entreprise honorable, qui ne mérite ni dédain ni sarcasmes. Entreprise plus profonde, au fond, que bien d'autres qui ont pour elles les apparences trompeuses de l'utilité et du sérieux. 

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 06:43

La tentation du narcissisme n’épargne pas grand monde. Notre société ultra-médiatisée l’encourage et, quand les défenses culturelles et morales sont fragiles, nombreux sont ceux qui y succombent. Ils y succombent sans mal. « Sans mal ? Mais qui parle ici de mal ? Fichez-nous donc la paix, le chouan, avec votre jansénisme d’un autre temps ! »

La propension de certains patrons à se donner en spectacle a de quoi faire sourire. A ma connaissance, le premier à avoir osé accompagner les publicités pour sa marque d’une photo de sa bobine fut le cosmétologue Yves Rocher. D’autres « têtes d’affiche » ont suivi. Je pense au lunetier Alain Afflelou (dont je ne suis pas fou) et au coiffeur Franck Provost (qui me console d’être chauve). Quand ces deux-là se prennent pour des acteurs dans leurs films TV, c’est moins le rire que la gêne qui envahit le spectateur. Cela ne les empêche pas de persévérer. Leur narcissisme les rend aveugles et sourds; il emporte tout sur son passage, jusqu’à la conscience de leur médiocrité.


alain-afflelou.jpgAlain Afflelou


franck-provost.jpgFranck Provost    

 

Le monde de la mode n’est pas épargné. Dans la dernière livraison de Monsieur (91), c’est, à la page 35, l’habilleur Brunello Cucinelli qui, au milieu de mannequins professionnels, s’exhibe. Les habitués des journaux de mode connaissent Henrique Enko, qui aime à se mettre en scène dans des ambiances baroques et kitsch. Mauvais goût des vêtements et mauvais goût des pubs : au moins, le fond et la forme sont-ils cette fois en accord !


brunello-cucinelli.jpgBrunello Cucinelli


Qu’il s’agisse, dans tous les cas cités, de marques éponymes me paraît moins une excuse qu’un élément aggravant.

Les grands couturiers ont ouvert la voie avec leur salut final par lequel ils ont pris l'habitude de « signer » chacun de leurs défilés. Les créateurs leur ont emboîté le pas. J’ai cru lire quelque part que même les frères Grimbert avaient fini par s’y mettre ! Le comble, c’est quand lesdits couturiers et créateurs font semblant d’être gênés de se retrouver ainsi dans la lumière. A ce jeu, Yves Saint Laurent était passé maître, avec ses sourires et ses tortillements de rosière.


yves-saint-laurent-saluant.jpg

 

Moi, janséniste ?... Parce que j'ai beaucoup de respect humain, que j’aime la modestie, l’ombre et le mystère ?...

Bah, il y a pire injure... 

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