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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:59

alain-delon-borsalino-def-copie-1.jpgAlain Delon et Jean-Paul Belmondo, Borsalino


Demain soir, sur FR3, passe Borsalino de Jacques Deray. Film archiconnu, vu et revu. Mais on ne se lasse pas du duo formé par Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, alias Roch Siffredi et François Capella. Le scénario – auquel ont participé des pointures : Jean Cau, Claude Sautet, Jean-Claude Carrière – s’inspire d’un roman d’Eugène Saccomano (si, si, le fameux commentateur de football) intitulé Bandits à Marseille.

Les décors et les costumes contribuent pour une large part à l’intérêt du film. Les premiers sont signés François de Lamothe et les seconds Jacques Fonteray. Pour en savoir plus sur ce dernier - grand créateur de costumes pour le septième art  -,  cliquez ici.

Siffredi et Capella évoquent les célèbres Carbone et Spirito, qui  régnèrent sur le milieu marseillais dans les années trente et quarante.

Mais la fiction a plus de charme que la réalité :


carbone-et-spirito.jpgCarbone et Spirito


Les tenues créees par Fonteray sont caractéristiques de la mise des truands de l’entre-deux-Guerres. Les « Messieurs » - comme on disait alors - connaissaient les règles de la grammaire de l’élégance classique, mais ils multipliaient sciemment les barbarismes. Leur façon de s’habiller était à l’élégance classique ce que l’argot est au beau langage. Ils détournaient, dévoyaient – mais qu’un voyou dévoie, après tout, quoi de plus normal ? Leur rhétorique privilégiait deux figures : l’hyperbole – rayures trop larges, épaules trop marquées, taille trop pincée, pochette trop ressortie… - et l’antithèse – la combinaison cravate claire sur chemise noire se substituant à la combinaison inverse en un négatif devenu "cliché" de l'élégance sévèrement corrigée par la pègre. Leur pouvoir avait ses symboles. En tête (c'est le cas de le dire), le borsalino qui, par effet de métonymie, suffisait à les désigner. Et puis les bijoux - or et pierres précieuses aux doigts ou montées en épingle... de cravate (I).


paul-muni.jpgPaul Muni dans Scarface


Alain Delon, qui n’a jamais fait mystère de sa fascination pour les voyous, sublime par sa beauté la figure du caïd. Ses cheveux sont gominés et coiffés en arrière, selon la mode lancée par Rudolf Valentino dans les années vingt et popularisée chez nous par Tino Rossi. Celui-ci pratiqua aussi le mélange des genres : ses accointances avec Carbone et Spirito étaient connues et firent beaucoup jaser.


rudolf-valentino-def-def.jpgRudolf Valentino
tino-rossi.JPGTino Rossi

alain-delon-rotation.jpgAlain Delon


Borsalino aura une suite, Borsalino and Co (1974). Elle sera ratée.



1. Sur l'élégance des voyous dans l'entre-deux-Guerres, on se reportera avec profit au chapitre 19 de Des Modes et des Hommes de Farid Chenoune, Flammarion.
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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 08:00

J’aime bien regarder le dimanche matin On n’est pas couché. Le dimanche matin, oui, car j’enregistre cette interminable émission le samedi soir et je la visionne à mon rythme le dimanche matin. Je fais alors chauffer la touche « avance rapide » de ma télécommande : comme vous, j’imagine, ce qui m’intéresse avant tout, ce sont les passes d’armes entre les invités et les deux Eric (Naulleau et Zemmour).

J’écoute et je regarde. Laurent Ruquier renifle, glousse, s’esclaffe à ses blagues d’un autre temps. Les invités lui sourient avec un air souvent gêné. Ils sont polis avec leur hôte qui, quand  ils se feront étriller par les deux compères, prendra assez hypocritement leur défense – surtout s’ils ont du pouvoir.


on-n-est-pas-couche-plareau-bleu.jpg


Le public est baigné dans une lumière bleue très Avatar. Il s’ennuie souvent, se dissipe, bâille… De jolies filles occupent généralement les premiers rangs. Il y a presque toujours une invitée « sexy » qui, présente dès le début de l’émission, s’installera la dernière dans le fauteuil de l’interviewé(e) : allez savoir pourquoi !

Les nombreux plans de coupe offrent aux téléspectateurs masculins des respirations salutaires et des aperçus agréables : la caméra aime s’attarder sur les jupes courtes, les décolletés plongeants, les talons hauts…

L’apparence des hommes m’intéresse aussi, mais pour d’autres raisons. Elle présente une image assez révélatrice des tendances du moment. L’émission de samedi dernier ne dérogeait pas à la règle. Les teintes sombres dominaient. Comme à son habitude, Laurent Ruquier était vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche. L’invité d’honneur, Bernard-Henri Lévy, portait une tenue identique, mais d’une facture bien supérieure : d’un côté du PAP et de l’autre du sur mesure. Sur mesure aussi les chaussures du second – des mocassins à discrètes talonnettes. Les plans le montrant de profil dévoilaient, à un œil averti, le subterfuge. Quoi de plus normal, après tout, qu’un philosophe veuille prendre de la hauteur ?

Du noir et du blanc encore pour Yann Moix, mais déclinés d’une autre manière : du blanc pour la chemise, du noir pour la cravate. Son cas mérite un arrêt sur image car il illustre à merveille le look dit « bobo ». L'une des dominantes de ce nouveau conformisme vestimentaire très en vogue dans les milieux branchés est la suivante : se montrer dans l’état où l’on est quand on n’a pas fini de s’apprêter. Ainsi Yann Moix arborait-il une cravate dénouée, des manchettes de chemise déboutonnées, des cheveux mal coiffés, une barbe de trois jours… Les époques changent, le snobisme demeure. « En 1822, écrit Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe, le fashionable (…) devait avoir quelque chose de négligé dans sa personne, la barbe non pas entière, non pas rasée, mais grandie un moment par surprise, par oubli ».

 

yann-moix.jpgYann Moix

 

Sur le plateau, on pouvait repérer quelques autres spécimens de cette étrange ethnie : Jean Teulé, faiseur de livres millionnaire à l'allure cradingue concertée - coeur à gauche, portefeuille à droite et Jaeger Reverso en or au poignet; Arno Klarsfeld, célèbre avocat à roulettes, au visage torturé d'un Raskolnikov; Eric Naulleau, costume noir et barbe timide, et, avec ça, un drôle de gilet et une chemise rose ! Son aspect « nounours » rend touchants ses efforts répétés de coquetterie.

La tenue de l’autre Eric - pas bobo, lui, pour deux sous - défiait, par sa banalité, le commentaire : costume gris, chemise bleu très clair ou blanche, je ne sais plus. Physique ingrat que le sien – il ressemble à un suricate -, mais que sauvent des mains fines et de beaux yeux proustiens.

Au milieu de toute cette tristesse, le pull bleu roi d’Arno Klarsfeld avait quelque chose de réconfortant. Au rayon des couleurs, il y avait aussi la robe rouge d’Amandine Bourgeois. Sur certains plans, le pull bleu de Klarsfeld, la chemise blanche de Moix et la robe rouge d’Amandine donnaient au plateau une touche patriotique qui n’a pas dû déplaire à Zemmour.  

Cela dit, malgré sa robe rouge et ses talons aiguilles renversants, Amandine Bourgeois n’était guère convaincante dans le rôle de l’invitée « sexy ». Mais les goûts et les couleurs…   

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 09:12

Il y a une actualité Serge Gainsbourg. Une émission de télévision lui a été consacrée lundi dernier sur FR3 (Hors série) et, hier, sortait au cinéma le film de  Joann Sfar intitulé « Serge Gainsbourg  (vie héroïque) ».

Le personnage m’intéresse en ce qu’il prêtait une attention extrême à son apparence. Chez lui, rien, depuis les pieds jusqu’à la tête, qui n’ait été pensé et pesé. Le chanteur famélique des débuts, sanglé dans des costumes bien coupés et austères, a laissé la place, quand la gloire est venue, au « Gainsbourg » « (puis au « Gainsbarre ») dont nous avons gardé la mémoire : blazer sombre uni ou à rayures tennis ; sous le blazer, chemise blanche au col généreusement ouvert ; sans blazer, chemise en chambray délavée ou chemise militaire ; jean ; Repetto blanches portées sans chaussettes. Au rayon des accessoires : lunettes noires enveloppantes ; bagues, bracelets et colliers divers ; montres de luxe que des manches systématiquement relevées savaient mettre en valeur. Ajoutons, bien sûr, la fidèle Gitane, l’éternelle barbe de trois jours, les cheveux savamment décoiffés. L’esquisse (exquise ?) ne serait pas tout à fait  ressemblante si je ne disais rien de la gestuelle dont les étranges saccades et les afféteries – voir, notamment, les contorsions de poignet – s’accordaient à un phrasé aussi horripilant qu’artificiel.

 

gainsbourg


Apparence et élégance : Serge Gainsbourg n’a pas su trouver la rime. Son goût pour la pose, sa propension à l’affectation m’a toujours laissé froid. J’ai vu des milliardaires élégants et des miséreux l’être aussi. Mais lui, looké en clochard de luxe, ne pouvait  nullement prétendre à cette distinction.

Il ne méritait pas davantage le qualificatif de dandy, qu’on lui accole pourtant souvent. J’ai même lu quelque part : « Gainsbourg, dandy absolu » - comme si, au passage, il se pouvait  qu’un dandy fût « relatif ». Quand un dandy provoque, il prend des risques. Quand Brummell, un soir, pour gagner un pari, ordonne au prince de Galles qui lui demande de sonner le valet de chambre : « Vous êtes près de la sonnette, George », il signe sa disgrâce : « Mettez au lit cet ivrogne ! » ordonne alors le prince au valet en lui désignant celui qui n’est déjà plus le Beau Brummell. De même, quand Oscar Wilde entame une procédure contre Lord Queensberry, le puissant père de son amant Lord Alfred Douglas, il enclenche en toute conscience le processus tragique qui va bientôt le broyer. Les provocations de Gainsbourg ont toujours été gratuites. Tout au plus, l’une d’elles lui a-t-elle coûté 500 francs – la valeur du billet que, dans une revendication capitaliste, il brûla un dimanche soir pour faire comprendre au téléspectateur moyen la voracité du fisc à l’égard des milliardaires. Quand, le poing levé (!), face à des parachutistes en uniformes, il entonne, vêtu d’une chemise militaire d’opérette, une tremblotante Marseillaise, il sait que la police est là pour le protéger en cas de besoin. Mais, pour gratuites qu’elles aient été, ces provocations lui ont toujours beaucoup rapporté.

Son côté bling-bling avant l’heure - montre Breiltling, Rolls… – (dans ce sens, je l’admets, il fut en avance sur son temps) n’est en rien dandy – non plus que ses vantardises de don Juan ou de gros vendeur de disques. « Paraître, c’est être pour le dandy » : on connaît l’axiome énoncé par Barbey. Bien que très étudiée, l’apparence de Gainsbourg n’était aucunement celle d’un dandy : un dandy porte beau même quand il n’a plus rien ; Serge Gainsbourg portait laid alors qu’il avait tout. Et que dire de son exhibitionnisme sentimental larmoyant ? « Le dandy peut être un homme souffrant, expliquait Baudelaire. Mais, dans ce cas, il souffrira comme le Lacédémonien sous la morsure du renard. »


gainsbourg deux


Notre époque abonde en mensonges érigés en vérités. La répétition médiatique les fixe dans nos esprits. Il nous faut alors faire appel à tout notre sens critique pour tenter de nous en défaire. S’il me fallait qualifier au plus vrai Serge Gainsbourg, je dirais qu’il fut un « antidandy » comme on dit de certains personnages romanesques ou théâtraux qu’ils sont des « antihéros ».

Cette confusion des valeurs bat son plein dans le titre du film de Sfar : «  Serge Gainsbourg  (vie héroïque) » et dans sa bande annonce qui nous assène : « Quand un des plus grands artistes du XX° siècle réinvente la musique et l’amour ». Réinventer l’amour ? Ainsi Serge Gainsbourg aurait réussi là où Rimbaud lui-même a échoué ! En quoi ses chansonnettes ont-elles réinventé la musique et en quoi sa vie émaillée de multiples succès fut-elle héroïque ? Gainsbourg ne fut pas, tout de même, un nouveau chevalier Bayard sans peur et sans reproche ! Si on le vit transformé en  Bayard, ce fut, contre espèces sonnantes et trébuchantes, dans une pub pour une marque de vêtements du même nom dont le slogan était : « Bayard, ça vous change un homme, n’est-ce pas Monsieur Gainsbourg ? » Qu'est-ce que l’art pour qui prétend que Serge Gainsbourg fut "l’un des plus grands artistes" du siècle dernier ?

Pour être tout à fait honnête, je me dois de préciser que ce film se présente comme un « conte ». Un conte ? Enfin, dans tout ce fatras de mensonges, quelque chose de vrai.  
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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 09:45

Voici un an que je suis les efforts de François Hollande pour changer de look. L’évolution est lente et émaillée de repentirs. En janvier 2009, on pouvait lire dans Le Point ce propos d’un de ses proches : « (François) change parce qu’il s’adresse maintenant à tous les Français, et non plus seulement aux socialistes, pour conquérir l’Elysée. » Et le 11 du même mois dans Le Monde, sous la signature de Jean-Michel Normand : « Nouvelle coiffure (plus ordonnée), nouvelles lunettes (à branches épaisses, plus modernes), nouveau costume gris avec cravate à motifs (plus chic que noir anthracite et cravate rouge). »

A en juger par ces photos, la transformation était encore légère :

 

hollande-premier-relooking.jpg


Une étape plus remarquable a été franchie quelques mois plus tard, quand François Hollande a osé les cheveux en arrière. Cette nouvelle coupe le fait ressembler à une sorte de Chirac rajeuni et joufflu ; l’effet est étrange à défaut d’être convaincant :

 

francoishollandeca


Lui-même n’a pas l’air très convaincu : depuis, je le vois, d’une émission de télévision à l’autre, alterner les deux coupes, l’ancienne et la nouvelle. L’alternance vestimentaire suit l’alternance capillaire : un coup que je te porte un vieux costume noir avachi ; un coup que je t’enfile un costume gris mieux coupé ! Ce petit jeu l’occupe dans l’attente d’une autre alternance – politique celle-là – dans laquelle il se verrait bien jouer le premier rôle…

Pour construire son image présidentielle, François Hollande a eu recours aux services d’un relookeur. Point besoin d’être grand clerc pour imaginer les conseils prodigués : des cheveux teints pour mieux passer à la télévision (mais gare à l’effet cirage), l'abandon de la raie sur le côté au profit d'une coiffure en arrière jugée plus sérieuse (comme le fit Jean-Marie Le Pen dans les années 80), des lunettes design pour être dans le coup (moins bien vu que des lentilles), un costume de tailleur pour améliorer la silhouette (c’était pas gagné d’avance :)

 

francois hollande foot

A remarquer : Eric Besson, lorgnant déjà à droite et comme en position de fuite...


Doit-on s’en étonner ? Le relookeur a pris les choses à l’envers : il s’est centré sur  le paraître au détriment de l’être. Agissant ainsi, il est passé – au sens propre – à côté de son sujet. L’habit ne fait pas le président. Les joues ont gardé leurs rondeurs enfantines, le regard sa malice, le sourire sa (fausse ?) candeur. Ces traits, caractéristiques de la physionomie hollandaise, la stricte panoplie présidentielle, chargée de les atténuer, les fait, par contraste, ressortir. La forme ne va pas avec le fond. On comprend, alors, que François Hollande ne se sente pas à l’aise dans ses nouveaux atours. D’où ses hésitations et ses retours en arrière.

A sa place, je craindrais que ce relooking erratique n’ait un effet inverse de celui recherché. Il risque, en effet, de renforcer l’image d’un François Hollande trop tendre et trop indécis pour être président.

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 09:29

Avez-vous remarqué à quel point les présentateurs des JT de la troisième chaîne se ressemblaient ? Même âge, même type physique, même coiffure, mêmes vêtements. Derrière ce pareil au même, il doit y avoir des raisons marketing savamment pesées. On pense à la clientèle ciblée : les retraités aiment leurs habitudes et le type « gendre idéal » a leur préférence.

Illustrons.

Francis Letellier. On connaît son visage plus que son nom. C’est l’étalon – je veux dire, la référence. Les autres, on va le constater, ne font que l’imiter :


francis letellier 

Notez les fondamentaux : costume sombre, cravate unie de couleur plutôt vive (parfois, rayures ton sur ton), lunettes non cerclées, cheveux courts (attention tout de même à ne pas trop faire ressortir les oreilles).

Cédric Faiche. Sosie du précédent. Il remplaça en 2008 Carole Gaessler. Il officie maintenant sur BFM TV :


cedric faiche

Florian Ringuédé. « Joker » - selon la terminologie consacrée – de Francis Letellier. Appartient à l’écurie des journalistes de Poitou-Charentes. Costume sombre, chemise blanche, cravate à rayures ton sur ton, cheveux (ceux qui restent) courts :


florian ringuede def

 

Les deux exemples suivants confirment mon analyse. Je vous laisse retrouver les caractéristiques qui, dans le physique et la mise de ces deux Stéphane, sont à l’œuvre :

 

stephane bijouxStéphane Bijoux

 

stephane usciatiStéphane Usciati 

 

Des hommes jeunes, proprets, un brin provinciaux (FR3, chaîne des régions), sains, au look de vendeurs de voitures ou de représentants de commerce. Tout cela est formaté, aseptisé, transparent.

Mais chaque règle a son exception. Depuis la rentrée de septembre, Samuel Etienne est le joker de Laurent Bignolas. Avec ce nouveau venu, changement de programme. Retour, en quelque sorte, à une TV en noir et blanc : costume étriqué sombre, cravate étroite assortie, chemise immaculée. Quant aux cheveux, ils sont bizarrement rabattus vers l’avant – look « dans le vent », celui-ci soufflant de l’arrière…

Samuel Etienne, sur FR3, fait figure de ET. Pour bien comprendre, il faut se reporter à sa biographie. Ce journaliste est un transfuge de Canal +. Alors, tout s’éclaire : sa tenue s’inspire directement de celle de Michel Denisot – parangon, pour les incultes, d’élégance – et son petit air ironique – façon Bruce Toussaint – semble constamment nous souffler : « Regardez comme je suis intelligent ! » Très "esprit Canal", en effet, ce jeu distancié avec l’actualité qu’on est chargé de présenter. Avec lui, la chaîne des provinces succombe aux sirènes du parisianisme. Pas sûr qu’on apprécie beaucoup dans les maisons de retraite de la France profonde.

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 19:45

Disons les choses : je n’ai jamais cru que Jean-Marie Le Pen représentait un danger pour la démocratie ni qu’il pouvait être élu contre Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002. En cela, je suis d’accord avec Lionel Jospin et Arlette Laguiller. Cette absence de prévention – cette lucidité – me rend très libre pour aborder mon sujet, que m’a inspiré ce commentaire de Grégory Vial (« De l’élégance et de l’allure ») : «  Je pense qu’il y a un homme politique qui allie allure et élégance. Cela ne va pas faire plaisir à tout le monde, mais il s’agit de Jean-Marie Le Pen. Si, si, réfléchissez. »

Ouvrons donc le vestiaire de « la bête ».

Jean-Marie Le Pen a longtemps été mal habillé : costumes masquant mal sa surcharge pondérale, pantalons trop bas – posés sur les hanches -, cravates peu inspirées :

 

Jean-Marie-le-pen-vieux-cos.jpgPhoto 1

 

Son mariage avec Jany, sa seconde épouse, a changé la donne. C’est elle, dit-on, qui le conseille. Ainsi fait-il comme la plupart des hommes : il se laisse habiller par sa moitié ! Depuis, en tout cas, la garde-robe de Jean-Marie Le Pen est pensée, lisible, cohérente.

Dans les manifestations officielles (meetings, prestations télévisées), il a opté pour le costume croisé, plus flatteur pour sa ligne et lui donnant cet air de respectabilité bourgeoise à laquelle il aspire : un bon choix. Son tailleur (niçois, je crois) travaille bien. La largeur, très années 30, des revers signe un style. La couleur du costume varie selon les circonstances et selon les saisons : un deuxième bon point. Sous la veste, on trouve d’invariables chemises blanches à col dit « français » : on n’attendait pas autre chose du chef d’un parti nationaliste ! Les cravates sont choisies avec soin. Peu de cravates à motifs. Essentiellement, des cravates club à rayures très contrastées (rayures sombres alternant avec des rayures claires) ou des cravates unies à couleurs « flashy » : orange, jaune, et même rose… Un goût féminin est ici, on le sent, à l’œuvre – le goût de Jany ou, pourquoi pas, celui de Jean-Marie lui-même qui, dans une autre vie – il en fit l’aveu un jour -, aurait aimé être danseur ! Notons, enfin, la pochette. Jean-Marie Le Pen est le seul homme politique à l’oser. Un troisième bon point.

Cette photo illustre assez bien tout ce que je viens de dire :

 

Photo 2 

 

Dans les occasions moins officielles, la mise se décontracte : le costume croisé est remplacé par un costume droit porté déboutonné, ou par une tenue coordonnée (pouvant être agrémentée d’une cravate en tricot de soie : un quatrième bon point), ou encore par une combinaison blouson de daim – chino :

 

Photo 3

Photo 4

 

Photo 5


La recherche – voire la coquetterie – est visible et nous avons signalé les initiatives qui méritaient de l’être. Cela dit, doit-on conclure à l’élégance de Jean-Marie Le Pen ? Je n’aime guère, pour ma part, les cravates brillantes aux couleurs très vives. Je reconnais néanmoins qu’elles siéent mieux  à un homme au chef (au « pen », dit le chouan !) blanchi qu’à un jouvenceau. Et puis, elles sont là pour adoucir l’image… Le pli du chino me gêne, comme le port d’une ceinture apparemment noire avec des chaussures marron (photo 5). Certains défauts sont récurrents : le col des vestes pose mal (photo 2), Jean-Marie Le Pen  « emportant, comme disent les tailleurs, beaucoup de dos », et les épaules peuvent manquer de netteté (photo 4). Que dire, enfin, de la pochette assortie à la cravate, comme c’est le cas sur cette photo – c’est la faute impardonnable :


Photo 6

 

Quant à l’allure, Jean-Marie Le Pen en a peu : certes grand, mais trop épais, voûté et la tête « en dedans ».

Si, néanmoins, nous devions comparer Jean-Marie Le Pen  aux autres hommes politiques, il ne fait pas de doute qu’il serait, sur le chapitre de l’élégance, très bien placé. Rendons-lui au moins cet hommage à la veille de son retrait de la scène politique. Mais cela n’en dit-il pas plus long sur l’inélégance des hommes politiques en général que sur l’élégance de Jean-Marie Le Pen  en particulier ? Au royaume des aveugles, le borgne est roi !

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 17:13

Jean d’Ormesson est à la mode. A en croire la couverture du Lire du mois d’octobre, il est très aimé des jeunes. Un gagnant de La Nouvelle Star a fait tatouer son nom sur son bras. Franz-Olivier Giesbert l’a récemment fait dialoguer, dans son émission Vous aurez le dernier mot, avec un rappeur.

A la mode, vraiment ? Il y a dans tout ce remue-ménage quelque chose d’artificiel : un écrivain octogénaire, si typiquement aristocrate, idole des jeunes ? J’ai peine à le croire. Si Jean d’Ormesson m’est éminemment sympathique, c’est parce qu’il incarne, justement, des valeurs  et des qualités dont je n’avais pas remarqué qu’elles étaient partagées par la majorité de nos cadets : la culture, la politesse, la distinction et, bien sûr, l’élégance.

 


Son élégance vestimentaire ne fait pas débat. Ses costumes sur mesure sont coupés dans de riches étoffes. Je l’ai vu récemment dans une magnifique veste grise au tissage voluptueux. Il aime le bleu, et le bleu lui rend bien. Il accorde ses chemises et cravates à la couleur de ses yeux. Le procédé est simple et l’effet est efficace. Notons sa fidélité jamais démentie à la cravate de tricot : c’est un peu le fil rouge de ses tenues - ou plutôt le fil bleu.

Ce classicisme de fond souffre de charmantes exceptions. Qui d’autre que lui aurait pu, sans tomber dans le ridicule, oser cette veste jaune :


 

Le ridicule n’est pas fou. Il sait que Jean d’Ormesson est un adversaire hors de sa portée. La bonne éducation est une potion magique qui vous préserve du ridicule toute votre vie. Heureux ceux qui, comme Jean, sont tombés dedans quand ils étaient petits ! Imaginez la situation : un photographe propose à un écrivain célèbre de 84 ans de poser allongé sur un canapé Louis XV. Vous vous dites qu’il serait bien téméraire d’accepter : il en va de sa réputation. Eh bien ! Jean d’Ormesson a relevé victorieusement - et très élégamment - le défi :


 

Jean d’Ormesson s’inscrit dans la lignée des hommes de lettres pour qui l’apparence a son importance. Il fut l’ami de Paul Morand. J’ai parlé de sa veste jaune. Paul Morand, lui, réussissait à être élégant en chemise de la même couleur :

 


Les cheveux blancs ont ce privilège d'autoriser les couleurs vives. Nos aînés, abonnés pour la plupart au marronnasse et au beigeasse, feraient bien de s'en souvenir.

Comme Paul Morand avant lui, Jean d’Ormesson aime les femmes, Venise et les voitures de sport. Car, pour cette espèce d’hommes, l’élégance ne se réduit pas au vestiaire. Elle est un principe de vie. Jean d’Ormesson a des manières élégantes. Je l’ai vu, lors d’une séance de dédicaces dans une grande surface, être également aimable avec tous, ne faire preuve d’aucune condescendance. C’est un honnête homme. Je serais ravi d’apprendre que les jeunes gens d’aujourd’hui ont fait de cet idéal classique leur mot d’ordre. Qu’on me permette toutefois de sérieusement en douter.

« Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables qui ont tous été remplacés. » : on connaît la formule de Clemenceau. Si l’on y réfléchit un instant, on conviendra qu’elle est assez inhumaine. Jean d’Ormesson est irremplaçable. Citez-moi un seul écrivain aussi raffiné et civilisé que lui. Cet homme est un chef-d’œuvre. 

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 19:05

Il y a l’élégance de la mise et l’élégance des manières.
La première ne garantit certes pas la seconde, mais il est rare que l’une aille sans l’autre.

On aurait dû s’en douter : qu’attendre de bon d’un homme qui s’accoutre ainsi :


 

ou encore ainsi :

 

 

Une tricherie nous qualifie pour la phase finale de la prochaine Coupe du monde. « Je ne vois rien de choquant », dit Raymond Domenech, qui dit aussi qu’ « il faut arrêter avec le moralisme ». Au passage, il empochera une prime de 800 000 euros. Si encore on était sûr qu’il en consacre une partie pour refaire sa garde-robe !

Ce cynisme a posteriori de l'entraîneur me choque davantage que la faute du joueur.  « L’honnête homme » est un noble idéal français. Celui qui tente de s’en approcher surveille constamment son allure – au sens propre comme au sens figuré.

Raymond Domenech n’est pas, c’est acquis, un honnête homme. Et moi, ce soir, je ne me sens pas fier d’être Français.

Oui, ce soir, « I am an Irishman » !

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 10:23

« Les » mis pour qui ? Pour quelques princes d’Europe qui se sont essayés à la barbe cet été et qui semblent l’avoir adoptée.

Philippe de Belgique

La Dernière heure, journal belge, a récemment écrit : "Certains estiment que cela lui donne une apparence plus mature, plus assurée, d’autres que cela le vieillit."

J’applaudis des deux mains, même si je trouve qu’une barbe plus longue équilibrerait mieux un visage au menton fuyant et au cou tombant :



 

Haakon de Norvège

Le prince n’en est pas à son coup d’essai.

Ce collier appliqué, taillé au poil près, me laisse circonspect :


 

Felipe d’Espagne

Un peu courte à mon goût. Une réussite néanmoins. Grâce à elle, ce prince athlétique et élégant gagne encore en prestance :



 

Les hommes politiques ne portent pas la barbe. Ils le voudraient que les conseillers chargés de leur image les en dissuaderaient. Saluons donc la liberté d'un autre temps dont témoignent ces initiatives princières.

Pour en savoir plus : (Trop) court éloge de la barbe

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 10:48

C’est dit : Jean Sarkozy ne sera pas le prochain président de l’Epad.
Cela, malgré les nombreux moyens mis en œuvre pour faire croire à la crédibilité de sa candidature. Parmi eux, un relooking digne des plus mauvaises émissions de télévision spécialisées dans le genre : C’est mon choix naguère ; Relooking pour une nouvelle vie aujourd’hui. Du look surfer façon Brice de Nice à celui du jeune cadre costumé et cravaté, l’avatar est sévère ! Mais les conseillers en image ne sont pas des dentellières. A la manœuvre, pour servir l’image du fils, Christophe Lambert, président de l’agence Blue et homonyme du comédien. Jean a accepté de sacrifier sur l'autel de la respectabilité ses belles boucles décolorées. Pour faire oublier son dilettantisme scolaire, il a posé sur son nez des lunettes de premier de classe :

 

 

Cette métamorphose physique n’est pas sans me rappeler celle de Christophe Lambert, l’autre, le comédien. Même crinière raccourcie et mêmes lunettes d’intellectuel. On peut voir, dans ces similitudes, sinon une inspiration, du moins une réminiscence :

 

 

Mais qui est donc ce jeune homme prêt, sur ordre, à ne pas se reconnaître dans son miroir ? Quelle est sa vraie personnalité ? Quelles sont ses motivations profondes ? S'enlaidir ainsi à vingt-trois ans, n'est-ce pas suspect ? Tout cela sent un peu trop le théâtre et le déguisement. Rappelons-nous que le théâtre fut, justement, la première vocation de Jean Sarkozy. Il était annoncé, en octobre 2007, qu’il donnerait la réplique à… Sophie Tapie dans une nouvelle version d’Oscar. Il se retira du projet au dernier moment. Son producteur et metteur en scène expliqua alors à un journaliste de Libération : « J’ai eu ce matin Jean Sarkozy au téléphone. Il m’a fait savoir qu’après réflexion il entendait donner la priorité à ses études. Il m’a précisé que c’est un choix personnel sans aucune pression de sa famille. » Ne croirait-on pas déjà entendre Jean Sarkozy se justifiant au journal de France 2 avant-hier ? Dans le langage du théâtre, cela s’appelle une répétition !

Dans ce drôle de jeu de dupes, qui sont les manipulés et qui sont les manipulateurs ? Les conseillers en image croient tirer les ficelles. Mais ce sont des cordes ! Jean Sarkozy est leur victime. Mais une victime consentante. « Il ira loin ce petit » a dit de lui Siné. Oui, si ces chiens de journalistes et ces cochons d’internautes ne le mangent pas !

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