L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
Le blog des Chaussettes rouges m’a permis de découvrir il y a quelques semaines les « Croquis sartoriaux » de RoSaCe. Heureuse découverte ! Le rire, ou le sourire, nous viennent d’autant plus facilement que, même quand nous ne les avons pas vécues, les situations croquées ne nous sont pas étrangères. Dans ce petit monde de la mode ou du style, la réalité est souvent caricaturale.
RoSaCe maîtrise son sujet. Son souci du détail ravira l’amateur et renseignera l’apprenti. Mais cette connaissance approfondie du sujet traité est bien le minimum qu’on puisse attendre d’un auteur de « croquis sartoriaux ». Elle ne retiendrait pas longtemps notre attention si elle n’était accompagnée d’autres qualités qu’il convient de mentionner.
RoSaCe a eu la bonne idée de faire intervenir l’entourage de ses « coquets ». L’identification est ainsi facilitée. J’aime beaucoup les scènes familiales, qui sentent le vécu. (Cliquez pour agrandir.)
La satire est présente – ici, la vanité...
… là, le snobisme :
- mais elle n’est jamais cruelle. Ou presque jamais.
A sa façon, RoSaCe est un moraliste. Il nous parle de nos mœurs ; il observe notre société. Son angle : l’apparence. L’angle est aigu… et le regard aussi. Le « caractère » qu’il s’est choisi, c’est, je l’ai dit, le « coquet », dont il s’amuse, avec finesse, à mettre en scène(s) les ridicules. Ses croquis joyeux et expressifs ressemblent souvent à des illustrations de proverbes, d’adages, d’expressions toutes faites…
On ne se voit pas comme on est :
On est toujours le ringard de quelqu’un :
Les cordonniers sont les plus mal chaussés :
Le diable se cache dans les détails :
Qui se ressemble s’assemble :
Il était une mauvaise foi :
La satire est parfois plus acérée. Par exemple, notez comment, dans le dessin qui suit, celui que raille madame, sûrement son conjoint, est significativement absent – néantisé -, à moins qu’il ne soit chosifié, je veux dire réduit à l’état de beaux vêtements sur le mannequin de la vitrine d’un tailleur. La remarque innocente de l’enfant révèle l’infantilisme de son père :
Dans cet autre croquis, que je trouve très réussi, la notion d’anticonformisme est habilement prise au rebours ; les seules convenances que nous supportons sont celles… qui nous conviennent :
Le « politiquement incorrect » est ici effleuré. Il est ailleurs plus marqué :
Mais j’aimerais que ces « audaces » soient plus fréquentes et que RoSaCe ose plus souvent nous dire d’où il parle !
Au chapitre des réserves, notons encore la présence de quelques fautes d’orthographe et la présentation informatisée des phylactères. Une graphie manuscrite régulière s’accorderait mieux, il me semble, avec les dessins.
Voilà que je finis sur le négatif… au risque de laisser mon lecteur sur une fausse impression. Mais mon lecteur est intelligent ; il oubliera mes rares réserves et retiendra mes nombreux éloges. Surtout, s’il ne connaît pas encore les « Croquis sartoriaux », il ira voir ici ou là pour se faire sa propre opinion (1).
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1. Un grand merci à RoSaCe pour sa disponibilité et sa gentillesse.