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L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.

Chapeaux, casquettes et bérets : l’appel du large !

Voilà quelques saisons déjà que les jeunes ont redécouvert le chapeau. Cette redécouverte s’est faite timidement : leur choix s’est dirigé vers un chapeau tout petit (genre Trilby), qu’ils portent presque toujours sur le sommet de leur crâne, comme s’ils avaient peur de l’enfoncer. Encore quelques années, et peut-être le chapeau retrouvera une taille correcte et recouvrira comme il convient les fronts.

 

justin-timberlake.jpg Justin Timberlake

 

Un phénomène analogue touche la casquette plate, dont la visière est systématiquement trop courte, et que nos jeunes rejettent en arrière comme le faisait autrefois Bourvil – mais quand lui le faisait, c’était pour camper des benêts…

 

bourvil.jpgDans Le Rosier de Madame Husson

 

Le petit chapeau ou la petite casquette sont généralement accompagnés d’une petite barbe – dite de trois jours -, d’un petit pantalon – trop court et trop étroit -, d’une petite veste – qui dévoile la moitié du derrière.

Ce goût du chiche doit vouloir dire quelque chose sur l’état de notre société. Pour ma part, je me cantonnerai au seul aspect esthétique et rappellerai ces sages préceptes darweniens : chapeau à petit bord et casquette à petite visière = petit goût !

On ne réapprend pas en quelques semaines ce qu’on a mis des décennies à désapprendre. Les chapeaux à larges bords et les casquettes à visière généreuse mettront du temps à revenir – s’ils reviennent ! Encore faudrait-il que le reste de la tenue suive…

Il ne m’étonnerait pas qu’un autre couvre-chef, très oublié celui-là, soit bientôt redécouvert. Je veux parler du béret. Je verrais bien que les jeunes gens issus de l’immigration s’approprient quelque jour ce symbole vestimentaire on ne peut plus « souchien ». Gageons qu’ils le feraient avec cette ironie dont les chroniqueurs de mode à la mode raffolent !

Il fut un temps où le béret coiffait des hommes élégants et raffinés. Il y eut le poète béarnais Paul-Jean Toulet, qui ne le quittait pas - même à Paris :

 

paul-jean-toulet.jpg 

 

Il y eut André Gide, grand amateur d’originalités chapelières :

 

andre-gide-167.jpg

 

Il y eut André Malraux :

 

andre-malraux-beret.jpg 

 

... et Pierre Drieu La Rochelle :

 

drieu-la-rochelle-beret.jpg 

 

Il y eut même le prince de Galles, futur Edouard VIII :

 

duc-de-windsor-beret.jpg 

 

Entre les deux guerres, le béret fut à la mode. « La casquette, c’est bon pour les ouvriers, le chapeau, c’est pas pratique, tandis que le béret (prononcez : bairait !), c’est simple, c’est chic, c’est coquet », faisait dire, en 1932, Jacques Prévert à Carette dans L’Affaire est dans le sac, un film réalisé par son frère Pierre.

La mode du béret témoigne de l’évolution au XXe siècle du vestiaire masculin vers la décontraction. Cette évolution n’alla pas sans errements. Doit-on placer l’adoption de cette coiffure venue du sport au nombre de ceux-ci ? A mon sens, si maladresse il y eut, elle tenait moins au béret en tant que tel qu’à sa forme (souvent trop étriquée) et qu’aux tenues avec lesquelles on le portait.

Le béret mériterait qu’on s’y intéresse à nouveau. Je me souviens qu’Arnys en proposa quelques-uns dans les années 2000 dans de jolies couleurs, mais j’ignore ce qu’ils donnaient sur une tête :

 

 

arnys-beret.jpg

Qu’un chapelier de talent m’en confectionne un de forme ample, j’en serais ravi ! Je l’adopterais tout de suite. Je le porterais sans ironie. Et pas seulement pour aller acheter ma baguette de pain. 

 

monet-beret-def.jpgMonet, Aupoportrait au béret, 1886.

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L
Merci pour cet article, très instructif. Cependant, il y a toujours des exceptions à certaines règles, et la vôtre (petit chapeau, petit bords, petit goût)... ne fait pas exception ; je pense aux<br /> trilbys que portait Sean Connery dans ses deux premiers Bonds. Lesquels n'ont évidemment rien à voir avec ceux que l'ont voit aujourd'hui, si ce n'est la taille.<br /> Quant Timberlake, je dois reconnaître que Gabin portait son feutre mou de la même façon dans les années 30 (Quai des Brumes notamment), ce qui lui allait à ravir. Heureusement, la similitude<br /> s'arrête là -enfin, malheureusement pou ce pauvre Justin ;)<br /> <br /> Joyeuses fêtes au Chouan !
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T
J'ai possédé de nombreuses petites casquettes anglaises (Holland & Holland, etc) toutes données ou revendues depuis.<br /> J'ai acquis il y a près de 20 ans, un superbe béret basque de marque "St Christophe" au musée du béret de Nay (Pyrénées Atlantique) : j'aime à le porter à la pêche au saumon, en France ou les pays<br /> anglos-saxons...
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M
Et le béret est la coiffure idéale pour aller à bicyclette, car il n'offre pas de prise au vent et reste donc sur votre tête.
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B
Honte à moi qui n'ai pas assez fait attention au titre original du film, et qui de plus n'ai pas cherché à en trouver le sens ! Behold the pale horse est une citation de l'Apocalypse de Saint-Jean,<br /> et le cheval livide est celui de la mort.
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B
Cette manière de coiffer le béret a disparu. Et apparemment c'était la plus répandue dans les années 30 si j'en crois les photos d'époque.<br /> Le béret tiré en visière, plus paysan, me paraît aussi plus classieux. Voir Gregory Peck dans "Beyond a pale horse" de Zinnemann, tout à fait crédible en anarchiste espagnol à béret, avec, comme<br /> d'habitude, Raymond Pellegrin dans le rôle du traître.
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