L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
Pendant un mois, je me suis entièrement déconnecté. La chose ne m’a pas été difficile puisque, connecté, je ne le suis que très peu le restant de l’année. Pas de téléphone portable, une connaissance limitée de l’outil informatique (pour la marche de mon blog, je me contente de suivre les indications de mon fils, soigneusement notées, à mesure qu’il me les a délivrées, dans un petit carnet), pas d’iPad et ne connaissant cet objet que de nom.
L’homme des bois qu’est le Chouan possède tout de même une télévision. Entre autres rôles essentiels, celle-ci me permet de me tenir au courant de la mode.
A ce propos, quand, à mon retour de vacances, j’ai rallumé mon poste, une chose m’a frappé – c’est le nombre de journalistes arborant des cravates ultra-étroites. Elles sont le plus souvent sombres, comme les costumes qui les accompagnent. J’ai noté encore une bizarrerie que mes lecteurs parisiens les plus pointus m’expliqueront peut-être : la double boutonnière, percée dans un minuscule revers.
La cravate ruban n’est pas une nouveauté. Dans les années 6O, elle était déjà à la mode, contrastant avec les larges carrures des vestes. Dans les années 70, on fit le contraire : carrure étriquée, cravate « pelle à tarte » (… et revers de veste à l’avenant !) Dans les années 80, une certaine cohérence s’introduisit, en ce sens que cravate et veste étaient raccord : larges toutes deux. Et puis vint Slimane qui, chez Dior, imposa une cohérence inverse de la précédente – le total look étriqué.
Chaque nouvelle mode s’impose en s’opposant. Elle emprunte au passé des éléments qu’elle transforme plus ou moins et qu’elle replace dans un environnement différent.
Comment expliquer le succès durable de la peu seyante ligne Slimane qui semble avoir été inspirée par Bourvil du temps de sa période « paysan niais » ?
L'imitateur
Ce triomphe vestimentaire du mini peut étonner au moment où, partout ailleurs, la tendance serait plutôt au XXL. Voyez, par exemple, le nombre d’émissions TV et radios (… oui, je possède un transistor !) qui utilisent l’adjectif « grand » dans leurs titres : « Le Grand journal » (Canal plus), « Le Grand Jury » (RTL), « Le Grand décryptage » (i-Télé), « Les Grandes voix » (Europe 1), etc ; les architectes d’intérieur n’ont que le mot « espace » à la bouche ; les jeunes gens ne sont pas en reste qui ponctuent toutes leurs phrases de « trop »…
Mais mon étonnement ne résiste pas trente secondes à un examen critique : les médias jouent leur rôle en nous faisant prendre les vessies pour des lanternes ; les architectes d’intérieur font leur métier en nous laissant croire que l’Amérique loge dans notre living-room ; l’on ne saurait reprocher aux jeunes de remuer dans leur petit verre l’eau plate de leur petite vie dans l’espoir qu’elle fasse des bulles.
En vérité, la ligne Slimane colle parfaitement à un certain type d’homme de notre temps – dévirilisé, infantile, étriqué… et aussi triste qu’une télé en noir et blanc.
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1. Une photo en pied serait plus parlante, mais je n'en ai pas trouvé.