L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
Enfin ! François Hollande s’est décidé à recourir aux services d’un tailleur ! Le 15 septembre, face à Claire Chazal, il arborait, pour citer le journaliste Dominique Jamet, « sa veste de président, celle qui ne fait pas de plis, sa cravate de président, celle qui tombe droit, sa chemise de président, immaculée, ses souliers vernis de président, ses ongles manucurés et ses cheveux aile de corbeau présidentiels. »
Ca ne pouvait plus durer. Sous la pression des kilos surnuméraires, les coutures des vestes criaient grâce, les fentes arrière bâillaient large et de méchants plis cisaillaient la taille.
Par la magie du coup de ciseau d’un tailleur, tout cela – pfuit ! – a disparu. Tout, non, pas les kilos surnuméraires, mais, au moins, ne poussent-ils plus partout sous l'étoffe; ils sont maintenant dissimulés sous elle – un peu comme la poussière peut l'être sous le tapis.
Sans doute faut-il voir dans cet appréciable changement vestimentaire l’influence de Claude Sérillon, le conseiller en communication élyséen, dont on se souvient des mises soignées quand il présentait, dans les années 80, le journal télévisé de la 2 : costumes bien coupés, chemises à col anglais, pochettes chamarrées.
Avant-hier, à l’Onu, François Hollande avait revêtu son même beau costume. Un an plus tôt, presque jour pour jour, il était monté à la même tribune dans sa tenue première manière, celle de président « normal » ; la comparaison des clichés se passe de commentaire.
Onu, septembre 2013
Ainsi donc, il aura fallu attendre plus d’un an pour que François Hollande consente à revêtir un costume digne de sa fonction. Jusqu’alors, il pensait pouvoir s’en passer. Ses efforts pour paraître président, il les avait mis dans son phrasé et sa gestuelle : des phrases bizarrement segmentées, heurtées, hachées, accompagnées de non moins bizarres micro branlements de tête – interprétation personnelle d’une influence mitterrandienne plus ou moins bien digérée.
Maintenant à l’aise dans son costume, François Hollande va pouvoir se décontracter. On le lui souhaite et on nous le souhaite : à la longue, le spectacle de son self-control présidentiel – artificiel et mécanique – est bien pénible à supporter. Un progrès en entraîne souvent d’autres. Après le changement de costume, nous assisterons peut-être à l’abandon des lunettes de chef de rayon de supermarché et de la teinture noir de jais de dirigeant coréen. Quant aux kilos surnuméraires, ils doivent nous inquiéter davantage. François Hollande n’avait-il pas confié en octobre 2010 que, s’il avait fondu, « ce n’était pas par coquetterie ou souci d’apparence » mais « pour être en harmonie avec (lui)-même » (Gala) ?
S’il disait vrai alors (ce que nous ne sommes pas du tout obligés de croire), il nous faudrait hélas conclure que François Hollande va mal. Très mal.