L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
Je voudrais rendre hommage à un type d’homme aujourd’hui disparu. Les images d’archives, les films anciens en offrent d’innombrables illustrations. Il va suffire que je le décrive pour qu’il vous apparaisse mentalement et que, sûrement, vous lui donniez le nom d’un de vos aïeux.
Jacques Henri Lartigue dans les bras de son père
Il n’a pas peur de faire son âge. Père ou grand-père, il a l’air de ce qu’il est. Il ne connaît pas les crèmes, les teintures, les salles de musculation… Chaque jour, il s’oblige - se plie devrais - je plutôt écrire… - à quelques exercices de culture physique, histoire de garder sa souplesse. Pour le reste, il marche, fait du vélo, jardine, chasse et pêche. Il est souvent barbu ou moustachu. Il s’habille selon le temps et selon son occupation. Il aime les gilets, les foulards et les écharpes. Pour faire du vélo, il porte des knickers sur de hautes chaussettes de laine.
Le peintre Théo Van Rysselberghe
Quand les beaux jours reviennent, il fréquente les parcs et rejoint le bord de mer en blazer et pantalon de coton clair. L’été, il coiffe son panama, que les années ont jauni. Il ignore les bains de soleil. Ses bains de mer, il les prend tôt le matin, quand la plage est déserte. Il est pudique et pense que son corps ne mérite pas d’être exhibé. L’automne, il se promène en forêt, casquette vissée à la tête, vêtu de tweed ou de velours. L’hiver, il porte à l’intérieur une veste dite – justement - d’intérieur. Le soir, il enfile une épaisse robe de chambre et n’hésite pas à se protéger la tête d’un bonnet de coton.
Est-il élégant ? Je ne crois pas qu’il se pose la question. Il l'est, oui, si l’élégance consiste à être en harmonie avec son environnement, à entretenir une relation intime avec ses vêtements.
Il a l’air de tout connaître, les fleuves et les rivières, les villes de France et les villages de la région. Il sait la grande histoire par cœur, a enregistré toutes les dates, mais il est aussi très gourmand des petites histoires qu’au café du coin ses amis lui racontent. Il connaît tout le monde, distribue des mots gentils à chacun, sourit facilement. Il parle également de politique, du bon Dieu, de la fuite des jours, de la pluie et du beau temps.
Il est rassurant.
J’ai parlé de lui au présent. C’est au passé que j’aurais dû le faire. J’ai parlé de lui en général. C’est à quelqu’un en particulier que je pensais. Comme vous, exactement.