L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
La relation que nous entretenons avec nos cheveux est complexe… La mythologie, l’histoire, la psychologie… offrent des témoignages, tentent des explications. Le sujet excède mes compétences et, si je l’aborde, c’est avec modestie et par le petit bout de la lorgnette. Je voudrais montrer – simplement montrer – que la folie capillaire peut toucher tous les hommes, même ceux que – par ce qu’ils sont, par ce qu’ils font, par ce qu’ils représentent – on ne s’attendrait pas à voir touchés.
Il y a ceux pour qui la chute des cheveux est un drame et qui tentent acrobatiquement de la dissimuler. Ce faisant, ils aboutissent à un résultat exactement inverse de celui escompté :
Il y a les perruqués honteux, ceux qui, à l’évocation de leur moumoute, perdent la tête… et le sens de l’humour :
Guy Bedos. Adepte de la dérision sauf quand elle s'exerce à ses dépens.
Il y a les teints – les mal teints, les trop teints – qui ne paraissent ni plus jeunes ni plus beaux… mais qui oserait leur dire ?
Odon Vallet. Professeur, spécialiste des religions. Homme brillant et cultivé. Philanthrope.
Il y a les orgueilleux, les jusqu’au-boutistes, ceux qui tentent de retourner l’inéluctable à leur avantage. « Je perds mes cheveux ? Qu’à cela ne tienne ! Je vais me raser la tête ! »
Il y a les vaniteux, pour qui la crinière vaut couronne ; cas étrangement fréquent dans certaines corporations (avocats, philosophes, musiciens…) :
Bernard Lévy, alias Bernard-Henri Lévy. BHL, quoi.
Il y a les pragmatiques, qui cherchent du secours du côté de la chirurgie dite réparatrice, spécialisée dans le replantage (… et souvent dans le plantage) :
Le même. Après
Il y a les décalés, artistes ou prétendus tels, adeptes du coiffé-décoiffé - construction fragile et compliquée, constamment menacée de s'effondrer, dont la réalisation réclame temps et doigté :
Florian Zeller
Hommes politiques puissants, humoristes patentés, intellectuels brillants, hommes de foi revendiqués, artistes prometteurs et dans le vent… tous partagent la même faiblesse, le même talon d’Achille… mal placé. Ce constat suffit à changer le regard que je porte sur eux. Leur fragilité me les rend fraternels. Mon sourire se teinte de compassion. Je me dis : « Comment ? Eux aussi ? » Ce philosophe étincelant, à la coiffure ébouriffante, dont je m’aperçois, alors qu’il discourt ce soir à la télévision, que la calvitie le menace, est-ce bien le même qui, ce matin à son réveil, s’est sans doute désolé à la vue des nombreux cheveux que la nuit avait déposés sur son oreiller ? « Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre », dit l’adage. Il n’y en a pas non plus pour son coiffeur – ni pour le chouan, témoin amusé des petits travers de ses contemporains (1).
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1. Le sujet pourtant s’y prêtait. Vous me saurez gré, alors, de n’avoir émaillé mon billet d’aucun jeu de mot… tiré par les cheveux.