L'élégance au masculin : réflexion(s) - conseils - partis pris.
Il est une sorte de foulard dont on peut tirer des effets intéressants : le bandana. C’est un simple carré de coton d’une cinquantaine de centimètres de côté, parsemé de palmettes noir et blanc sur un fond de couleur. Il s’en vend à des prix modiques dans tous les grands magasins et dans les surplus américains.
Son histoire. Le bandana est un élément caractéristique de la panoplie du cow-boy. Je me souviens de John Wayne nouant le sien dans plusieurs scènes de La Chevauchée fantastique. Les desperados pouvaient s’en servir comme masque. Noué sur la tête, il aidait à absorber la transpiration. Les soldats de l’armée des Indes en glissaient un sous leur casquette pour se protéger de la touffeur.
Le bandana est voisin du foulard gavroche et de la cravate apache (1).
Le foulard gavroche était porté par les gamins de Paris, c’est-à-dire les « gavroches » (du nom du personnage créé par Hugo) au XIX° siècle.
La cravate apache vient du surnom « apache » qu’avaient choisi pour se désigner les mauvais garçons de la Belle Epoque. Ils avaient emprunté aux Indiens Apaches d’Amérique du Nord leur foulard rouge pour en faire un signe d’appartenance et de reconnaissance.
A la fin des années soixante-dix, le chanteur Renaud remit au goût du jour le petit foulard rouge. Son look fit alors sensation. Il n’était pourtant qu’un condensé d’influences hétéroclites : casquette et coiffure de gavroche ; foulard rouge d’apache ; blouson noir de voyou ; jean et bottes de cow-boy… Avec ça, la démarche volontairement outrée de celui qui - tel "the poor lonesome cow-boy"! - vient de descendre de son cheval.
Mais laissons Renaud où il est – quelque part à Londres, je crois – et revenons à notre sujet.
Comment porter le bandana ? On le plie dans la diagonale. On le noue deux fois (un nœud sous l’autre) pour bien le fixer. Attention ! Il ne doit jamais donner l’impression de vous étrangler !
Le nœud est, au choix, situé sur le milieu ou légèrement décalé sur le côté. Les deux pointes sont à laisser hors de la chemise ou du polo.
Le bandana accompagne parfaitement les polos en jersey petit piqué (à manches longues, cela va de soi) et les chemises à col boutonné, portés avec ou sans pull en V ou cardigan. Il se prête à de multiples jeux de couleurs et peut relever à lui tout seul un ennuyeux camaïeu :
Guy Marchand, adepte éclairé du bandana
Avec une veste sport, on lui préfèrera un carré de soie ou un foulard ascot, plus riches et chatoyants.
L’homme de goût est à sa manière un prestidigitateur. D’un simple bandana, il ne fera pas surgir une colombe, mais quelques belles images d’élégance. De même pour la pochette, sujet d’un prochain (trop) court éloge.
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1. Ces désignations sont empruntées à Sophie George, Les Accessoires de A à Z, éditions Falbalas.