Les manifestations anti-mariage homo ont rempli nos rues de gens que, d’ordinaire, on ne remarque pas – car discrets par nature, disséminés dans les foules, invisibles dans les médias.
Pris de court par ces rassemblements denses, durables et répétés, le pouvoir a multiplié les signes de nervosité : présence disproportionnée des forces de l’ordre ; gazages lacrymogènes tous azimuts ; sous-estimation systématique du nombre des manifestants ; trucage de photos ; interpellations abusives pour port du sweat « Manif pour tous » ; condamnation d’un « anti » à deux mois de prison ferme, peine assortie d’un mandat de dépôt…
Deux France se sont fait face. Une guerre des consciences a eu lieu. Les libertaires de tout poil ont vu se dresser devant eux leurs adversaires de toujours : les tenants de la tradition. Une tradition millénaire, nourrie de catholicité.
Car il ne faut pas s’y tromper : le pire ennemi du pouvoir actuel, ce n’est pas l’UMP (qu’à l’occasion il soutient sous le prétexte commode du « front républicain »); ce n’est même pas le Front national (« Il n’y avait pas en France de menace fasciste (…) L’anti-fascisme n’était que du théâtre », Lionel Jospin, 2010) ; non, l’ennemi principal du pouvoir actuel, c’est la religion catholique (« On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique », Vincent Peillon, 2008).
Les images ont parlé. Elles ont démenti les discours. Au lieu de la France obscurantiste et moyenâgeuse annoncée, c’est une France joyeuse, multicolore et bien élevée qui a défilé. Les chaînes d’information en continu ont interrogé des jeunes filles qui ont osé prononcer des mots comme idéal, espérance, sens à donner à sa vie. Des jeunes filles bien dans leurs ballerines et belles comme le jour. Les jeunes garçons qui les accompagnaient avaient fière allure dans leurs pantalons aux teintes vives.
A côté, la France « black, blanc, beur » de 1998 – dite pourtant multicolore – avait l’air bien terne, et les « antifas », sortis pour l’occasion de leurs souterrains séjours, ont fait trembler tout le monde dans leurs tenues de nuit.
En 1998, les médias ont vu ce qu’ils voulaient voir. Aujourd’hui, ils se sont tus sur ce qu’ils ont vu. Mais le choc des images a eu lieu : la France des « Manifs pour tous » était belle à regarder. Une France à faire venir les touristes du monde entier !
« Une France BCBG, bourgeoise et conformiste », rétorqueront les grincheux qui jugeront mon enthousiasme abusif et déplacé. Sans doute n’auront-ils pas complètement tort. Mais l’abus de Le Quesnoy me semblera toujours plus digeste que l’abus de Groseille !