Vadimir Fedorovski est un peu notre écrivain russe médiatique de service. Que sa patrie d’origine fasse « la Une » de l’actualité, et sa bonne bouille ronde, et son verbe tonitruant prennent possession de nos petits écrans. C’est, comme on dit, « un bon client ». Un homme haut en couleur et pittoresque. Son plaisir de passer à la télévision est communicatif, et rend à son tour heureux le téléspectateur. Le côté acteur – voire cabot – fait partie du personnage. On ne lui en veut pas. On en redemanderait plutôt.
Dans la composition de son rôle, Vladimir Fedorovski use volontiers d’un accessoire : le chapeau. Là non plus on ne lui en veut pas ; là aussi on en redemande. Ici, c’est un fedora sombre porté avec une écharpe bleue :
Là, c’est un feutre brun :
Ailleurs, le feutre est vert :
Ailleurs encore, c’est un panama :
Sa panoplie de couvre-chefs ne se limite pas au chapeau. Il porte aussi la casquette :
ou – nostalgie des origines – la toque en astrakan :
Photo : J.J. Ceccarini, Le Figaro
Des reproches peuvent bien sûr être formulés. Certains d’entre vous auront sans doute tiqué aux écharpe et casquette assorties, au ruban clair du panama, à la couleur verte du feutre… Mais les efforts relevés ne compensent-ils pas largement ces quelques erreurs ou maladresses ? Surtout, Vladimir Fedorovski pose plutôt bien ses couvre-chefs.
Andreï Makine est un autre écrivain russe à avoir choisi la France comme patrie d’adoption. Son œuvre et sa personnalité sont très différentes de celles de Fedorovski. Mais, comme ce dernier, il cultive une certaine coquetterie. Il a rasé la barbe qu’il avait au moment où il reçut le Prix Goncourt pour son livre Le Testament français.
Andreï Makine, au moment de son Prix Goncourt, 1995. Photo François Mori. AP.
Il a heureusement troqué les lunettes contre des lentilles. Il s’est coupé les cheveux et il signe dorénavant presque toutes ses tenues d’une curieuse cravate foulard :
A son propos, l’un d’entre vous, « Bigstop », m’écrivit, commentant mon article intitulé « De quelques écrivains correctement habillés » : « J’ai rencontré à quelques reprises M. Andreï Makine (…) Pour l’avoir vu dans des salons littéraires, il est toujours très élégant, sa tenue est classique, avec une once d’originalité et de raffinement (…) »
Les originalités dans l’apparence semblent être une sorte de tradition chez les écrivains russes. Maxime Gorki évoque quelque part la « barbe de moujik » et la « blouse chiffonnée » de Tolstoï :
- blouse que Maïakovsi portera plus tard, agrémentée d'une lavallière :
Les tenues rustiques de Soljenitsyne étaient elles aussi savamment étudiées et s'inscrivaient, comme la barbe, dans une tradition :
Le vêtement parle. En français. En russe. En français avec un accent russe… Bizarrement, ce n'est pas quand il parle français que je le comprends toujours le mieux...