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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 08:30

Mon précédent article m’offre l’occasion de revenir sur un point que j’avais déjà abordé il y a plusieurs mois (cf. Des grands tailleurs ). Il concerne l’évolution du métier de tailleur.

On a pu joliment écrire, à propos du groupe des Cinq, qu'il fut "le chant du cygne" des tailleurs. Mais le cygne n'était peut-être pas... blanc comme neige : ce groupe, par ses innovations discutables (deux collections l'an, suppression de certaines poches, utilisation de couleurs pastel pour les costumes et les vestes, introduction du sac à main pour l'homme...), ne contribua-t-il pas à brouiller l'image d'une profession en perte de vitesse ? Quoi qu'il en soit, les couturiers, stylistes et « créateurs » ont remplacé les tailleurs. Le prêt-à-porter dicte sa loi. On ne peut que se réjouir du regain d’intérêt suscité récemment par la grande mesure. Mais ce phénomène, qui ne touche qu’une élite, ne saurait nous faire oublier que la profession de tailleur est  sinistrée. Combien de tailleurs aujourd’hui en France ? Et combien d’apprentis ?

Certains tailleurs eux-mêmes – et parmi les plus en vue – font du mal à leur profession en venant sur le terrain des stylistes. Comme ceux-ci, ils multiplient les « trucs » et les « astuces » qui ne peuvent séduire qu’une clientèle superficielle et sans culture : bas de pantalon trop étroit, revers de pantalon exagérément hauts, boutonnières et coutures contrastantes, cravate sur mesure assortie à la doublure de la veste, etc. Agissant ainsi, ils s’inscrivent dans le cycle de la mode, comme les tailleurs du groupe des Cinq le firent avant eux. Quand la mode changera, ils suivront le changement – et perdront tout crédit. Car ils suivent. Si encore ils précédaient ! Un tailleur digne de ce nom se reconnaît à sa coupe. Une belle coupe, ça ne fait pas un pli – et ça ne prend jamais de rides ! Il travaille selon les règles de l’art. Il n’a que faire d’attrape-nigauds tape à l’œil, prétentieux et souvent inesthétiques.

La confection et la demi-mesure ont beau jeu, quant à elles, de multiplier les finitions dites « sartoriale » que permet la technique. Ce faisant, elles pensent s’approprier à peu de frais le lustre qui leur manquait. Mais leur lustre faisandé n’impressionne que les ignorants.

A ce mélange des genres, la confection a tout à gagner. Et la mesure tout à perdre.

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commentaires

J
<br /> Ah merci cher Chouan de donner un point de vue contradictoire :)<br /> J'ai mis un peu de temps à faire le clair dans mon idée.<br /> <br /> Je suis relativement d'accord avec vous à l'exception que malgré tout au fil des ans, la coupe a un peu évolué, peut-on parler de mode alors je ne sais pas... Je le vois bien à l'école quand je<br /> reprends le gabarit d'exercice pour : évaser les basques, rehausser le niveau des poches, rehausser les boutons, rehausser le cran de revers; monsieur Guilson me dit que 'c'est moche, mais c'est<br /> une question de goût'... mais c'est plus actuel quand même...<br /> <br /> Nous avions aujourd'hui un charmant tailleur, qui malgré son savoir faire, taille comme en 1980 ses vestes. Moi je n'ai rien contre, mais je trouve qu'une petite remise à jour est quelques fois<br /> utile... Certes certains tailleurs dès les années 50 ont produit des coupes que l'on peut qualifier d'actuelle, mais ce n'est pas la majorité... Les bons sont toujours dans le vrai ceci dit...<br /> <br /> Je formule cet avis d'après les nombreuses vestes vues ou achetées dans le PàP actuel... Qui n'ont rien avoir avec les coupes tuyaux des années 60 pourtant figures de proue du 'style' de cette<br /> époque... Un peu de cintrage n'a jamais tué personne (rien que ça, sur un mannequin, c'est de suite plus esthétique...)<br /> <br /> Après évidemment, j'ai oublié un argument décisif. Les tailleurs doivent s'intéresser à la mode oui, mais dans un temporalité plus longue... Revoir sa coupe tous les dix à vingt ans me semble une<br /> bonne chose peut-être, mais pas plus... le laps de temps de l'immédiat, et donc de la mode, est réservé aux stylistes, en effet... Le tailleur lui, intériorise une coupe, la caractérise, lui<br /> insuffle l'esprit d'une maison, dans les détails souvent, mais cela prend du temps, effectivement, loin des vicissitudes de la mode...<br /> <br /> <br />
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