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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 06:38

« L’Homme moderne » est pour moi un sujet de perplexité. Je parle de la marque, bien sûr, dont je reçois régulièrement les catalogues et les brochures. « L’Homme moderne » ne vend pas seulement des vêtements, mais aussi – je cite Rémy D. Smith, son PDG, dans la présentation de son catalogue Noël 2011 - des « articles high-tech, des objets de collection rares » et, même, des « bijoux et accessoires précieux pour Madame » et des « jeux étonnants pour les enfants et petits enfants. »

Rémy D. Smith parle encore d’articles « extraordinaires ».

Extraordinaires, vraiment ? Ces quelques exemples, circonscrits au domaine du vêtement masculin, vous permettront de vous faire votre opinion.


homme-moderne-casquette-def.jpg

 

homme-moderne-cravate.jpg
homme-moderne-pull.jpg

 homme-moderne-chaussures.jpg

 

Pourquoi faire beau quand on peut faire laid ? Tel est, dirait-on, le principe qui préside au choix des produits. Le prix n’est pas en cause : à coût égal, rien n’empêchait de faire plus esthétique. Mais non, tout est laid, de la casquette aux souliers…

Acheter à « L’Homme moderne », c’est entrer dans le monde dangereux de la pensée paradoxale.

Voyez ceci :

 

pull-l-homme-moderne.jpg

… et lisez maintenant le texte qui présente ce produit :

« Tricoté dans une belle maille jersey acrylique (70 %) douce et souple, agréablement réchauffé d’une bonne dose de laine (30 %) pour oublier les frimas, ce pull est aussi un modèle de décontraction élégante : il est habillé d’un jacquard géométrique travaillé dans des tons bleus qui donnent l’impression qu’il s’agit de motifs en denim ! Facile à vivre (…), bénéficiant de finitions soignées avec ses bords–côtes à la base, au col et aux poignets, il sera le compagnon parfait de vos jeans. »

« L’Homme moderne » a un magasin dans ma ville. J’ai jusqu’à présent résisté à la tentation d’en franchir le seuil. Le sentiment que j’éprouve devant cette boutique est assez comparable à celui qui me prend face au « train fantôme » des fêtes foraines. Un mélange d’envie et de crainte, celle-ci finissant toujours par avoir le dessus sur celle-là. Quand je passe devant la devanture, je ralentis le pas. Parfois même, il m’arrive de m’arrêter. Les clients que j’aperçois me fascinent : ils se ressemblent tous. Ce sont des hommes d’au moins 60 ans qui, quand il fait froid, portent une petite casquette placée haut sur la tête, une parka marron, grise ou bleu, un pantalon de velours et des chaussures en polyuréthane généralement noires à bout spatulé. Des « Homme moderne », quoi ! Loin de moi l’idée de me moquer. Ils m’émeuvent plutôt : ils ont l’air si heureux… Ce magasin leur va tellement bien ! Ils sortent avec de grands sacs sombres imprimés « L’Homme moderne fashion » dont ils se serviront bientôt pour faire leurs petites courses au Carrefour Market voisin de leur petit pavillon.

Parfois, des « femmes modernes » les accompagnent, habillées en Damart.

Mais que peut bien vouloir dire « moderne » pour ces clients ? Eliminons d’emblée l’hypothèse de l’ironie : s’habiller avec ironie est une posture bobo-post-moderne qui, si on essayait de la leur expliquer, les laisserait interdits. L’ « Homme moderne » s’habille premier degré. Résolument et définitivement premier degré. Quant aux intentions des responsables de l’enseigne, dont je doute fort qu’ils soient des « Homme moderne », elles ne relèvent de rien d’autre que du marketing. Je pencherais plutôt pour une autre explication : ce blouson de daim, ce jean, cette parka décontractée, ce pull à col polo zippé ont dû être modernes quand ces clients avaient vingt ans. En achetant ces produits, c’est un peu de leur jeunesse qu’ils cherchent à retrouver.

Au vrai, qui, arrivé à 40 ou 50 ans, peut-il être assuré de ne pas pareillement se leurrer ? Quand je passe une chemise Polo Ralph Lauren de couleur, je crois être dans le coup, comme je l’étais il y a trente ans quand ce genre de chemise était à la mode et que j’avais vingt ans. Mais, aux yeux d’un jeune, je suis « has been »… « has been », oui, comme tous ceux qui utilisent encore cette expression !

« L’Homme moderne » n’est pas moderne. « L’Homme moderne » n’est pas classique. « L’Homme moderne » est ringard.

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 07:07

Philippe Halsman (1906–1979) avait une manière décoiffante de photographier ses illustres modèles : il leur demandait de sauter. Le procédé a un nom, la « jumpology ». L’austère François Mauriac et l’élégant duc de Windsor se soumirent, entre autres, à cet étrange caprice.


mauriac-halsman.jpgFrançois Mauriac

 

duc-de-windsor-halsman.jpgLe duc et la duchesse de Windsor

 

Caprice ? Pas tant que ça : Halsman expliquait, un peu doctement… et un peu pesamment : « En plein saut, le protagoniste, dans une soudaine explosion d’énergie, surpasse la pesanteur. Il ne peut contrôler ses expressions, ses gestes faciaux et les muscles de ses membres. Le masque tombe, la vraie personne se fait visible. »

A en juger par le résultat, cette « jumpology » avait pour principal effet de déclencher le sourire du photographié bien plus sûrement que le traditionnel « cheese ouistiti sex ». Philippe Halsman réussit même le prodige de dérider (enfin, un peu) Richard Nixon !


richard-nixon-halsman.jpg

 

La justification qu’il donne à son procédé est discutable: le masque que nous nous composons quand nous sommes photographiés en dit peut-être plus long sur notre vraie nature qu’un sourire… volé !  

Halsman ne fut pas le premier à photographier ainsi ses modèles. Jacques Henri Lartigue (1894–1986) le fit dès les premières années du XX° siècle. Ce photographe, apôtre de la vie heureuse, fut un prince de la légèreté et le témoin incomparable d’une époque où élégance et art de vivre n’étaient pas – au moins dans un certain milieu – de vains mots. C’est son existence tout entière que Lartigue tenta d’abstraire de toutes les pesanteurs. « La vie, disait-il, c’est la chose merveilleuse qui danse, qui saute, qui vole, qui rit… qui passe ! Et cette matière animée, changeante, je désire l’immobiliser, lui prendre au vol l’image heureuse d’un instant, un court fragment de temps qui signifiera désormais quelque chose d’éternel. »


jhl sautPhoto, Jacques Henri lartigue

 

La marque Lacoste a réactualisé, pour ses récentes campagnes publicitaires, la « jumpology ». On voit, à chaque nouvelle saison, sur les murs des villes, dans les pages des magazines et des catalogues, ses mannequins léviter ! Le slogan de la campagne automne-hiver 2009-2010 - « Un peu d’air sur terre » - était explicité  par la présence redondante d’un ventilateur :


lacoste-ventilo-def-copie-1.jpg

Le résultat est heureux, c’est-à-dire joyeux et réussi. Dommage, toutefois, que le recours à photoshop ait dénaturé parfois le projet. Voyez, par exemple, ce corps anormalement étiré, qui bouscule allègrement les lois de l’harmonie édictées dès la Renaissance :


lacoste-halsman.jpg

 

René Lacoste, le fondateur de la marque, s’illustra au tennis, un sport de sauts et de plongeons. Il fut un des « mousquetaires », qui portèrent haut nos couleurs sur tous les courts du monde dans les années 20 et 30. Lui et Jean Borotra furent les membres les plus célèbres du quatuor. L’un était surnommé « le crocodile » et l’autre « le Basque… bondissant » ! Cette campagne publicitaire a donc, on le voit, un vrai contenu, une vraie légitimité.


jean-borotra.jpgJean Borotra

 

J’ai lu récemment (1) que Jose Luis Duran, qui a repris Lacoste l’année dernière, a déclaré que la collection printemps-été 2010 « n’avait pas donné envie de sauter au plafond. » « On doit faire mieux ! » a-t-il ajouté.

Le crocodile n’a pas fini de rebondir !

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1. L’Express, n° 3087.    

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 07:35

« La cravate Hermès fait partie du petit nombre d’exclusivités considérées par tout le monde comme signe de bon goût », écrit Bernhard Roetzel dans L’Eternel masculin. Le succès  planétaire d’un produit de luxe français ne peut que nous réjouir. Pourtant…

Parce qu’on connaît votre goût de la belle cravate, on vous a peut-être offert – comme à moi – des cravates Hermès. Vous a-t-on fait plaisir ? Moi, j’ai dit « merci » aux personnes qui me les ont offertes et je les ai portées en leur présence. Par politesse.

D’où viennent donc mes réserves ?

Des motifs, d’abord, qui infirment quelquefois le jugement de « bon goût » prononcé par Roetzel. La fantaisie est une composante de l’esprit français. Elle inspire – ça saute aux yeux – les dessinateurs de Hermès. Mais la fantaisie est fragile. Le mauvais goût la menace constamment et les dessinateurs de Hermès n’évitent pas toujours ce danger. Ce qui passera encore pour de la fantaisie pour un étranger (… un Allemand comme Roetzel par exemple) sera déjà jugé vulgaire par un Français.

Allez visiter le site de la marque. L’esprit de fantaisie y règne en maître. Rien, dans la présentation, n’évoque le luxe. Les illustrations sont traitées dans le genre « dessins d’humour ». Avec certains modèles, on peut voir, comme c’est écrit, « la cravate sur une chemise ».

 

cravate-hermes.gif

 

Le résultat se passe de commentaire.... 

Les couleurs me laissent souvent dubitatif. Je les trouve rarement « belles ». Mais mon jugement comporte une part de subjectivité si grande que je m’épuiserais à essayer de le justifier. Je n’insisterai donc pas davantage sur ce point et passerai au suivant, d’ailleurs plus décisif.

La cravate Hermès ne fait pas un beau nœud. Je parle de celle en twill de soie – la plus connue et la plus diffusée – et pas de celle en soie lourde dont on ne m’a jamais fait cadeau. J’ai eu beau potasser mon Villarosa (1), je ne suis jamais parvenu à un résultat satisfaisant. Son étroitesse sous le nœud ne permet pas de façonner les deux fronces que j’aime tant. Une fronce, c’est possible, mais il faut se préparer à la voir rapidement disparaître : la soie Hermès (très belle en soi) est glissante ! Le nœud s’écroule vite – défaut rédhibitoire.

Pour ses aficionados (des cadres, des assureurs, des agents immobiliers…), les cravates Hermès sont une garantie d’élégance. Quant à moi, j’ai déposé dans leurs jolis cercueils orange ces témoignages de l’affection de mes proches. Mes cravates Hermès ont rejoint mon cimetière des cadeaux immettables – l’étagère la moins accessible de ma garde-robe. Qu’elles y reposent en paix !

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1 – Les 188 façons de nouer sa cravate, Davide Mosconi, Riccardo Villarosa, Flammarion.

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 08:24

Les commentaires qui ont suivi mon article L'introuvable style français m’ont conduit à citer une nouvelle fois la marque Arnys. J’ai écrit : « Si je devais citer une marque illustrant un possible (?) style français, ce serait Arnys. »


arnys-couverture-def.jpg

Arnys est une marque soucieuse de sa propre histoire. La boutique, ouverte en 1933 par Léon et Albert Grimbert, fils du tailleur Jankel Grimbert, est dirigée depuis 1966 par les représentants de la troisième génération, Jean et Michel Grimbert. La « forestière », étendard « casual » de la marque, a été créée en 1947 : peu de vêtements nés en France peuvent se prévaloir d’une telle longévité.

Arnys, c’est aussi – et surtout – un style qui s’inspire de notre histoire. La connaissance de l’histoire du costume qu’ont acquise les frères Grimbert (Michel a suivi des études d’histoire) les protège des tentations des modes saisonnières. Elle crédibilise leurs tentatives : l’épaule naturelle, « stable et mobile » (dixit François Nourissier), la boutonnière passepoilée, l’utilisation des couleurs, le faste des matières… renouent avec le costume français du XVIII° siècle – avant que l’anglomanie ne mette un terme à notre suprématie ou, pour citer Balzac, avant que « le drap » ne l’emporte sur « la soie ». On est loin, on le voit, des astuces imaginées à chaque nouvelle saison par nos stylistes et par certains de nos tailleurs dans le but de faire parler d’eux.

Les noms des vêtements s’enracinent, chez Arnys, dans notre patrimoine – géographie provinciale : « Honfleur », « Pont-Aven » ; parisienne : « Saint-Germain » ; culture littéraire : « Heurtebise », « Sorel » ; cinématographique : « Boeldieu », « Dalio », « Berry »… La veste « Tonkin » a été ainsi appelée en référence à un film de Jacques Becker, Goupi mains rouges. Elle est une interprétation de la veste que portaient les ouvriers à la fin du XIX° siècle et au début du siècle suivant. La « forestière » s’inspire des vestes des gardes-chasse solognots, telles qu’on peut en voir dans « La Règle du jeu » de Jean Renoir. Le béret – oui ! notre célèbre béret national ! - a fait l’objet d’une adaptation originale :


arnys-beret.jpg"Gascogne", béret, catalogue 2001

 

Cette dimension culturelle et historique confère aux vêtements Arnys une sorte de légitimité et – j’oserais dire – un supplément d’âme. On comprend mieux, dès lors, que la boutique de la rue de Sèvres ait été fréquentée par une clientèle éclairée et choisie d’artistes (Gide, Sartre, Vian, Picasso, Botero…) et d’hommes politiques (François Mitterrand, François Fillon…)


arnys-le-flore.jpg

Paris, "Le Flore", Arnys... Un certain art de vivre. Monsieur, n° 24.


Qualité des matières et des finitions ; tact dans le choix des motifs et des couleurs : la « touche française » se reconnaît aussi au respect scrupuleux de ces critères. Le vrai luxe français puise par tradition aux plus nobles sources : ses châles en pashmina, Arnys les fait spécialement tisser à Srinagar.

Ce n’est pas en copiant les autres que nous aurons quelque chance d’attirer à nous une clientèle internationale. C’est en étant nous-mêmes – résolument nous-mêmes. Cette politique exigeante, qui bannit toute concession, est celle d’Arnys – et elle est payante : son succès au Japon en témoigne avec éclat.

Le propre d’un style, c’est d’être reconnaissable. Les vêtements de la ligne « casual » (c’est moi qui l’appelle ainsi) s’identifient au premier coup d’œil grâce, notamment, aux manches portées repliées, à la mousquetaire. Le cran tailleur et les poches taillées en biais signent les vestes. Ajoutons, bien sûr, la fameuse épaule mobile et l’ouverture généreuse sur le devant de la veste de costume qui, découvrant un pantalon à taille toujours haute, « donne de la jambe », comme disent les tailleurs.

L’assortiment des formes et des couleurs nécessite, de la part du client, un minimum de savoir-faire. Les représentants médiatiques de la ligne « casual » en sont malheureusement souvent dépourvu (Serge Moati, Jean-Louis Petitrenaud, Jean-Claude Carrière…) On aimerait des porte-drapeau plus inspirés ! Il faut savoir encore éviter le côté « costumé » que peuvent donner à celui qui les adopte ces tenues très typées. A l’exemple d’autres enseignes, Arnys fait poser pour ses catalogues des mannequins éloignés des canons habituels. Très bien – l’élégance n’étant certainement pas l’apanage des Apollon ! Encore doit-on s’assurer que, sur eux, les vêtements tombent bien : un vêtement qui posera mal sur les épaules ou qui aura trop d’ampleur donnera une ligne vague et molle.


arnys-photo-pub-ratee-copie-1.jpgNon !


Arnys-manteau-Berry.jpgOui !


Dans le fond, les meilleurs ambassadeurs d’Arnys, ce sont peut-être les frères Grimbert eux-mêmes : leur style délibérément et savamment suranné me plaît. Il a plu aussi au Sartorialist :


arnys-portrait-grimbert-michem.jpgMichel Grimbert, by The Sartorialist


Arnys-jean-grimbert-copie-1.jpgJean Grimbert. Photo Andreas Licht.

 

Alors Arnys, un style français ? Les Grimbert parlent, au moins à propos de la « forestière », de « style parisien ». Admettons, puisque nous avons appris de Balzac que l’élégance française ne se trouvait qu’à Paris. La ligne « casual » - la plus inventive – témoigne d’une recherche et d’une cohérence sans équivalent chez nos autres fabricants. Le surplomb historique justifie pleinement la devise de la maison : « Extraire l’éternel du passager ». Cela dit, une marque – aussi intéressante soit-elle – ne saurait  à elle seule faire le style d’une nation.

Je ne suis jamais entré au 14 de la rue de Sèvres. Je le ferai peut-être un jour : je rôde autour de cette envie – et, pour l’instant, cela suffit à mon bonheur.

On trouvait, naguère, des produits Arnys au beau pays du Chouan, chez Scottish shop à Quiberon, boutique sise place Hoche.

Hoche ? A ce nom, le sang du chouan se glace ! Mais c’est une autre histoire

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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 08:43

On pourrait analyser de façon serrée les métamorphoses d’une marque jugée ringarde dans les années 90, récupérée par une certaine jeunesse banlieusarde, et devenue depuis une dizaine d’années une star des podiums. Elle fut, sous son label chic Prorsum, l’une des vedettes de la Fashion Week de Londres en septembre dernier. Sous la direction artistique de Christopher Bailey, elle a vu, depuis 2001, son chiffre d’affaires croître régulièrement.

Quel est donc le secret de cette insolente réussite ? Christopher Bailey a compris une chose très simple : une marque qui se coupe de son histoire court à sa perte. Il a su éviter deux écueils : l’immobilisme et la révolution. Entre les deux, la voie était étroite, mais les Anglais, c’est couru, sont d’excellents navigateurs ! Quelle autre marque peut se targuer de plaire aux bourgeois comme aux fashion victims ? Elle n’a pas cessé, non plus, de fasciner des jeunes banlieusards avides de s’accaparer les signes ostentatoires de la réussite sociale. Ce genre de récupération, terreur des enseignes prestigieuses, peut se révéler, en effet, catastrophique : un certain crocodile a failli s’y casser les dents !

burberry-mere-enfant.jpgChic, le check ? Daniella Westbrook et sa fille

Deux « emblèmes burberriens » sont les chevilles ouvrières (… il me plaisait d’introduire cet adjectif dans un billet sur Burberry !) du succès actuel : le trench-coat et le tartan. Ces deux-là, malgré leur très grand âge, ont une santé florissante. Le premier, presque centenaire, n’a jamais eu d’aussi belles couleurs. Le second, bientôt nonagénaire, s’exhibe sous toutes les coutures. Bailey a eu l’intelligence d’appliquer à sa marque une des données essentielles de notre modernité : l’inversion des valeurs. Il a même poussé le principe à l'extrême en faisant jouer, si je puis dire, le premier rôle à une doublure ! Celle-ci en fait trop? Qu’importe ! Plus elle surjoue, plus elle cabotine, et plus le public en redemande !


chemiseencheckaveccolcoupe.jpg

  Chemise en check avec col coupé 


Mon propos n’est pas de nier les qualités esthétiques du carreau Burberry. Je crois cependant que la raison du prodige est à chercher ailleurs. A qualité de fabrication égale, où en serait Burberry dépossédé de son tartan ? Celui-ci fonctionne un peu comme une étiquette de prix qui resterait toujours visible sur le vêtement. Combien de clients achètent cette marque d’abord pour son carreau ? Car Christopher Bailey a compris autre chose : la vanité n’est l’apanage d’aucune classe ni d’aucune époque. Mais notre société matérialiste et spectaculaire est moins apte qu’aucune autre à se défendre contre ce cancer. Elle fabrique peu d’anticorps.

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 14:07

Les Anglais n’aiment pas qu’on s’approprie indûment les écussons et cravates aux couleurs de leurs régiments, écoles ou clubs.
Ca se comprend. James Darwen écrivait drôlement dans Le Chic anglais : « Il va sans dire que personne ne voudrait porter une cravate club à laquelle il n’aurait pas droit. Il est considéré comme normal que le membre du club offensé corrige l’offenseur avec son fouet. (…) Si vous tenez absolument à porter une cravate à rayures à Paris, le fier bleu et bordeaux des conducteurs de bus de la RATP, un corps d’élite, devrait vous suffire. » 

 

Cravates regimentals Talbott à rayures américaines (inversées)
Source : La Grande histoire de la cravate, François Chaillé

 

La casuistique nous apprend à mesurer une faute en tenant compte de l’intention de son auteur. James Darwen, anglican pur Twinings, semble ignorer ce genre de subtilité. Quel Français porte une cravate regimental dans le but de faire croire qu’il est un ancien d’Oxford ou de Cambridge ? Sa motivation est uniquement esthétique. On nous accuse d’imposture alors que nous rendons hommage ! Je dis nous car il m’arrive plus souvent qu’à mon tour d’arborer les rayures incriminées. Mais jamais sur le sol britannique : ce serait un manque de tact.

 


Dorénavant, Henry Cotton’s permet à quiconque de porter impunément des polos et des sweat-shirts décorés de l’écusson d’Oxford. Et d’Harvard. Je m’explique : les prestigieuses universités anglaise et américaine ont signé un accord de licence de trois ans avec la marque de vêtements autorisant celle-ci à utiliser leurs écussons. L’opération a une contrepartie financière : Henry Cotton’s reverse 10% des bénéfices des ventes à ses partenaires. Et comme ces royalties sont destinées aux étudiants boursiers, cette collection d’Henry Cotton’s University a été joliment baptisée : « Hello to you, my future ». (Source : Le Monde, 04/O7/2009)

Voilà comment (si nous sommes jeunes) nous pouvons arborer l’écusson d’Oxford sans prendre le risque d’être fouettés. Tout se perd, James !

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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 17:46

A propos des polos, lequel choisir ?
Ce que j’en sais :

 

LACOSTE

 

• Le polo classique n’a pas une belle ligne : insuffisamment cintré ; le col n’est correct que remonté ;

Le polo dit vintage est beaucoup mieux coupé – plus cintré et d’une bonne longueur -, mais ses couleurs prédélavées (son charme, dit la pub) lui donnent un aspect terne ;

Le polo coton + stretch (crocodile argenté) avantage par son cintrage, mais il est court (je mesure 1,90m) et ses poignets se détendent quand on a l’habitude de remonter les manches.

 

RALPH LAUREN :

Il ne m’a jamais plu à cause de son dos plus long que son devant. On est aussi regardé de profil !

Ne pas se fier aux images publicitaires, évidemment retouchées :


 


FRED PERRY :

La couronne de laurier est plus esthétique que le crocodile.

Les bandes de couleurs contrastantes sur le col font ado ; je préfère sans.

Bonne impression lors d’un essayage récent en boutique. Ce modèle précisément :

 

Les polos aux logos surdimensionnés et/ou aux couleurs acidulées (Hackett, Vicomte Arthur …) sont à éviter passé un certain âge. Très seyants portés par les jeunes. S’habiller jeune n’a jamais rajeuni personne. Ça fait juste pathétique. Il faut le dire : le polo en petit piqué jersey n’a pas une bonne tenue dans le temps : sa fibre se détend et ses couleurs passent.

 

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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 18:07
Que penser d'Arnys ? Je ne possède rien de cette marque, mais ce que j’en sais me conduit à la bienveillance. Louons leur souci du style, et d’un style français ! Aucune complaisance à la mode chez eux – au contraire, l’adaptation originale de tenues pour ainsi dire patrimoniales – voir, bien sûr, la « forestière », et puis la « Boeldieu », ou encore la « Charcot ».




Leurs cravates 7 plis sont tentantes, comme beaucoup des pièces qui composent leur vestiaire  "sport". Une belle pochette en soie cachemire émergeant d’une forestière en velours, des manches retournées à la Cocteau laissant apparaître une doublure dont la couleur peut rappeler celle d’un élément de la tenue, des pantalons montant haut sur les hanches, des gilets bicolores… autant de détails qui retiennent l’attention de l’amateur d’élégance.


Oseriez-vous critiquer ?


Choisir parmi toutes les possibilités offertes (…façon de parler !), marier les formes et les couleurs, requiert, évidemment, du savoir-faire.

Ce savoir-faire, les « mannequins » qui représentent Arnys dans les médias en sont malheureusement dépourvus : Serge Moati , Jean-Luc Petitrenaud, François Fillon… Naguère,  Arnys a habillé Jean-Paul Sartre et François Mitterrand. Pas de chance, décidément.


François Fillon. Arnys : les anglaises en témoignent ; la cravate aussi ...


jean-luc-petitrenaud-def.jpgJean-Luc Petitrenaud. Notez la cravate, son noeud, sa couleur ...
 

 

Serge Moati. Comment peut-on ?


J’ai lu quelque part qu’un des frères Grimbert avait déclaré qu’il ne recherchait pas l’adhésion générale : "1,5 à 2% de la population nous suffisent." Cette remarque, parfaitement antidémocratique, prononcée, qui plus est, par un fournisseur étiqueté « rive gauche », comble son chouan !


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