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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 06:48

chouan-jpg

 

FERMETURE POUR CAUSE DE CONGES ANNUELS.

REOUVERTURE DEBUT SEPTEMBRE.

Bonnes vacances !

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 06:56

 

Dimanche 14 juillet passe à 22 h 45 sur la 8e chaîne Meurtre au soleil de Guy Hamilton.


meurtre-au-soleil.jpg

 

Cette transposition cinématographique du livre d’Agatha Christie (Les Vacances d'Hercule Poirot) n’est pas un chef-d’œuvre. Au moins vaut-elle pour les costumes, signés Anthony Powell. Costumes des hommes et des femmes. Un festival années 30 ! Je vous laisse apprécier.

Le personnage du capitaine Kenneth Marshall, joué par Denis Quilley, mérite une attention particulière. Chacune de ses tenues (et elles sont nombreuses !) semble tout droit sortie du magazine Apparel Arts ! A le voir, l’expression « gravure de mode » prend tout son sens.

C’est Peter Ustinov qui incarne Poirot. Ses tenues et son jeu sont à mon avis moins intéressants que ceux de David Suchet dans les transpositions plus récentes de la BBC. Julien Scavini avait écrit un billet sur cette série de qualité.

Diana Rigg est, en revanche, remarquable dans son rôle D’Arlena Stuart Marshall. Une peste qui a du chien !

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 06:38

Je vous l’avais promise – la voici : ma galerie des « barbus magnifiques ». Une galerie anachronique. La barbe s’accommode mal de nos tenues actuelles : tee shirt, jean, sneakers, parka… Elle aime les tweeds épais, les feutres à larges bords, les foulards et les lavallières…

Quand fleurissaient les barbus, il importait peu aux hommes de paraître plus jeunes.

Paraître plus jeune : une obsession contemporaine à laquelle les « progrès » de la cosmétique, les « avancées » de la médecine esthétique, les « miracles » de la chirurgie du même nom ont donné du crédit.

« Vous ne faites pas votre âge ! »  Tout homme de plus de cinquante ans prend cette remarque pour un compliment auquel il se croit obligé de répondre par un stupide « Merci ».

Ceux qui osent aujourd’hui la barbe  - la vraie ! - me plaisent car ils sont des signes de contradiction. Ils passent outre un des plus insupportables diktats du temps. Ils puisent leurs raisons ailleurs – et avant – et gardent ces raisons dans le secret d’eux-mêmes.

La vie n’est pas bien faite. Regardez-moi. Bien que chauve, je parais moins que mon âge. C’est un comble. Mais, grâce à ma barbe, mon âge apparent a fini par coïncider avec mon âge réel. Que le premier vienne à dépasser le second et j’en serais ravi. Vous pensez que je provoque ? Vous avez raison. Par temps plat(s), l'anticonformisme relève, pour les âmes généreuses, de l’exercice de survie.

 

"La barbe ça garde l’influx, le jus créateur ; tous les sportifs, tous les artistes vous le diront.
Et, plus on est mal rasé, plus on fait dégueulasse à la Gainsbourg, plus c’est le pied pour jouer au ballon ou pour tenir un pinceau.
J’ai des amis peintres qui, à force de se la laisser pousser, se sentent du génie comme Victor Hugo !
Et si on la leur coupait c’est comme si on les châtrait, comme si on les leur coupait
les poils de leur pinceau !
Moi, si je suis un mauvais poète, c’est parce que j’ai les joues toujours rasées comme un cul de bébé."

                                                                                                        Jean l'Anselme

 

Victor Hugo (1802 - 1885)

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Giuseppe Verdi (1813 - 1901)

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Gustave Courbet (1819 - 1877)

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Herman Melville (1819 - 1891)

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Jules Verne (1828 - 1905)

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Elisée Reclus (1830 - 1905)

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Léon Gambetta (1838 - 1882)

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Piotr LLitch Tchaïkovsky (1840 - 1893)

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Sigmund Freud (1856 - 1939)

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George V (1865 - 1936)

george-V-copie-1.jpg

 

Jean-Baptiste Charcot (1867 - 1936)

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Nicolas II de Russie (1868 - 1918)

nicolas-II-de-Russie-copie-1.jpg

 

Kees Van Dongen (1877 - 1968)

van-dongen-crespi-champagne-copie-1.jpg

 

Ernest Hemingway (1899 - 1961)

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Prince de Kent (né en 1942)

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 06:57

Les manifestations anti-mariage homo ont rempli nos rues de gens que, d’ordinaire, on ne remarque pas – car discrets par nature, disséminés dans les foules, invisibles dans les médias.


manif-pour-tous-foule-def.jpg

 

Pris de court par ces rassemblements denses, durables et répétés, le pouvoir a multiplié les signes de nervosité : présence disproportionnée des forces de l’ordre ; gazages lacrymogènes tous azimuts ; sous-estimation systématique du nombre des manifestants ; trucage de photos ; interpellations abusives pour port du sweat « Manif pour tous » ; condamnation d’un « anti » à deux mois de prison ferme, peine assortie d’un mandat de dépôt…

Deux France se sont fait face. Une guerre des consciences a eu lieu. Les libertaires de tout poil ont vu se dresser devant eux leurs adversaires de toujours : les tenants de la tradition. Une tradition millénaire, nourrie de catholicité.

Car il ne faut pas s’y tromper : le pire ennemi du pouvoir actuel, ce n’est pas l’UMP (qu’à l’occasion il soutient sous le prétexte commode du « front républicain »); ce n’est même pas le Front national (« Il n’y avait pas en France de menace fasciste (…) L’anti-fascisme n’était que du théâtre », Lionel Jospin, 2010) ; non, l’ennemi principal du pouvoir actuel, c’est la religion catholique (« On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique », Vincent Peillon, 2008).

Les images ont parlé. Elles ont démenti les discours. Au lieu de la France obscurantiste et moyenâgeuse annoncée, c’est une France joyeuse, multicolore et bien élevée qui a défilé. Les chaînes d’information en continu ont interrogé des jeunes filles qui ont osé prononcer des mots comme idéal, espérance, sens à donner à sa vie. Des jeunes filles bien dans leurs ballerines et belles comme le jour. Les jeunes garçons qui les accompagnaient avaient fière allure dans leurs pantalons aux teintes vives.


manif-pour-tous-copie-1.jpeg

 

A côté, la France « black, blanc, beur » de 1998 – dite pourtant multicolore – avait l’air bien terne, et les « antifas », sortis pour l’occasion de leurs souterrains séjours, ont fait trembler tout le monde dans leurs tenues de nuit.


antifas-copie-1.jpg"Antifas"

 

En 1998, les médias ont vu ce qu’ils voulaient voir. Aujourd’hui, ils se sont tus sur ce qu’ils ont vu. Mais le choc des images a eu lieu : la France des « Manifs pour tous » était belle à regarder. Une France à faire venir les touristes du monde entier !

« Une France BCBG, bourgeoise et conformiste », rétorqueront les grincheux qui jugeront mon enthousiasme abusif et déplacé. Sans doute n’auront-ils pas complètement tort. Mais l’abus de Le Quesnoy me semblera toujours plus digeste que l’abus de Groseille !

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 06:55

quolibets-def.jpgEn couverture, A. Munnings reading aloud outside on the grass, Harold Knight, 1911. Superbe !

 

Je ne crois pas que, parmi les lecteurs du « Chouan », on compte beaucoup de progressistes. Je peux donc vous recommander en confiance le nouveau livre de Christopher Gérard, intitulé Quolibets. Quolibets, soit « Quod libet », qui signifie en latin « Ce qui plaît ».

Christopher Gérard est cet auteur belge dont j’ai déjà parlé, qui a notamment attiré mon attention par des mises anachroniques - cape, veste autrichienne, costume trois pièces, nœud papillon…


christopher-gerard-cape.jpg

 

christopher-gerard-veste-autri.jpg

 

christopher-gerard-cost.jpgIci, une petite souris...


christopher-gerard.JPGet là un papillon

 

Dans Quolibets, Christopher Gérard nous présente les nombreux membres de sa famille littéraire (80 environ) – auteurs reconnus d’hier, mais, surtout, contemporains souvent méconnus parce qu’à contre-courant de l’idéologie dominante – parce qu’antimodernes. Parmi tous ces auteurs, un certain nombre de dandies – ou sacrés tels par l’auteur qui sait ce que les mots veulent dire ; dandies, donc, Luc-Olivier d’Algange, Jacques d’Arribehaude, Barbey d’Aurevilly (évidemment), Roland Cailleux, Yves-William Delzenne, Pierre Drieu la Rochelle, Jacques Laurent, Félicien Marceau, Gabriel Matzneff, Paul Morand (quand même).

Par définition, les familles imaginaires ne comptent jamais de moutons noirs en leur sein. Le sang qui y coule est pur de tout mélange. De là leur force mais de là aussi leur faiblesse : les familles imaginaires ressemblent souvent à des clans. Un clan, ça peut être rassurant pour qui en fait partie; qui n’a pas « l’air de famille » se sentira, en revanche, rejeté ou restera indifférent.

Christopher Gérard a le mérite de la franchise. Il nous dit d’où il parle : d’Athènes et surtout pas de Jérusalem. Il n’a cure des « illusions consolatrices », ne croit en aucun « sauveur », reste « imperméable à la Bonne Nouvelle ». De telles certitudes, si orgueilleusement énoncées, font forcément frissonner le chouan que je suis… Le soleil de la Grèce n’aveugle toutefois pas complètement ce néo-païen : la présence, dans son « journal de lectures », d'auteurs comme Barbey d’Aurevilly, Nicolas Gomez Davila, Jean Raspail en témoigne. Mais on cherchera en vain les noms d’autres grands antimodernes résolument catholiques, comme Huysmans (seulement cité), Léon Bloy, Chesterton, Bernanos, Julien Green… Cette divergence posée (essentielle tout de même !), je me retrouve dans nombre des goûts et idées de l’auteur. 

Les médias nous enjoignent d’emporter en vacances des lectures faciles. Désobéissez-leur. Lisez Quolibets – un livre non pas difficile mais plaisant, et riche d’une culture impressionnante. Christopher Gérard a l’admiration contagieuse. C’est ainsi que m’accompagneront dans ma cache de chouan cet été (… loin, très loin du soleil grec !) plusieurs des ouvrages qu’il évoque dans Quolibets et dont je vais de ce pas passer commande à mon libraire !

 

Quolibets, Christopher Gérard, L’Age d’homme, 14 euros.

http://archaion.hautetfort.com : site de l'auteur.

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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 06:10

Il arrive que je me trompe...

En juillet 2009, évoquant une fashion week, j’espérais que les créateurs reprendraient à leur compte la célèbre phrase de Dostoïevski – «  La beauté sauvera le monde » - pour l’appliquer à la mode.

En juin 2010, à la fin d'un billet sur les mises de nos couturiers les plus célèbres, je prophétisais « le retour du couturier modèle d’élégance et de classe ».

Les deux clichés ci-dessous vous permettront d'apprécier l'étendue de mes erreurs :

 

fashion.jpgFashion week de Londres. "Look by Nasir Mazhar". Image Tim P. Whitby. Getty.


alber-elbaz-fashion-copie-1.jpgAlber Elbaz


(Merci à Guillaume L. et à François A. qui m'ont transmis ces documents)

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 07:20

Mes réponses comptent moins que les questions. « Pourquoi avez-vous répondu ceci ? » Le sais-je bien moi-même ? Pourquoi l’Alfa Roméo Giulia Gt Bertone plutôt que la Giulietta Sprint ? Pourquoi ce mépris du sport ? Le golf, le yachting, le tennis… ne sont pas des sports élégants peut-être ? J’attends vos critiques avec bienveillance : je les comprends d’avance.

Les questions valent moins que vos réponses.

 

Si l’homme élégant était une voiture ? 

- Un coupé ou un cabriolet aux lignes légères. Le contraire des voitures actuelles, obèses et laides aussi sûr… qu’elles sont sûres ! L'alfa Roméo Giulia GT Bertone, par exemple.

 

alfa-giulia-def.jpgAlfa Giulia GT Bertone. Source : Rétro-viseur, n° 286. Photo : Bernard Canonne.

 

- Un chien ?

- Un lévrier afghan. (Réponse un peu attendue, je l’avoue.)

- Une saison ?

- Toutes les saisons. L’homme élégant cherche à s’adapter (en beauté) à ce qui ne dépend pas de lui.

- Une qualité ?

- L’humilité.

- Un défaut ?

- L’insatisfaction.

- Une profession ?

- Rentier !

- Une montre ?

- Une montre discrète, plus ou moins précise. L’homme élégant est comme sa montre : il avance ou il retarde. Il n’est pas de son temps.

- Une demeure ?

- Toute demeure authentique et belle. Un mas provençal, un manoir breton…

- Une pièce ?

- Une pièce où l’on passe (le hall) ; une pièce où l’on crée (le bureau) ; une pièce où l’on aime (la chambre).

                                           

                                         « Aimez-vous le passé

                                         Et rêver d’histoires

                                         Evocatoires

                                         Aux contours effacés ?

 

                                         Les vieilles chambres

                                         Veuves de pas

                                         Qui sentent tout bas

                                         L’iris et l’ambre ? »

                                                                 Paul-Jean Toulet

 

 

- Un élément ?

- L’air ! Et tant pis pour ceux qui confondent légèreté et superficialité.

Un mot ?

- Deux mots : nonchalance et mansuétude. Pour leur timbre et pour leur sens.

- Un poème ?

- « L’Invitation au voyage ». Parce que c’est Baudelaire. Parce que le refrain.

-  Un accessoire ?

- Le chapeau et les gants. Vous avez dit « accessoires » ?

-  Une région ?

- Les bords de la Loire. Pour l’histoire. Pour les châteaux. Pour les jardins. Pour la pierre blanche et les toits bleus. Pour l’harmonie.

- Un lieu de villégiature ?

- Carantec ou Dinard. Premières décennies du XXe.


« Près des flots aux chantants adieux

Dinard tient sa boutique...

Ne pleure pas : d'être identique,

 C'est un rêve des dieux. »

                                  Paul-Jean Toulet

 


dinard.jpgDinard

 

Une mode ?

- Un style, une allure, une dégaine, un genre – tout ce qu’on veut, mais pas une mode.

Une injure ?

- « Monsieur, j’ai beau faire, il m’est impossible de vous apercevoir. » Léon Bloy, Le Siège de Rhodes.

Un sport ?

- … Un quoi ?

Une maxime ?

- « Je n’ai que l’idée que je me fais de moi pour me soutenir sur les mers du néant. » Montherlant

-  Une égérie ?

- Renée Perle, qui fut, deux années durant, la compagne et la muse de Jacques Henri Lartigue. Pour la beauté du modèle. Pour le talent du photographe, qui fit de l’élégance un principe de vie.


renee-perle-copie-1.jpgRenée Perle par Jacques Henri Lartigue

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 07:29

Il y a un an jour pour jour disparaissait Hector Bianciotti. En 1987, dans son ouvrage De l’élégance masculine, Tatiana Tolstoï fit un portrait de cet écrivain. Il y était désigné par son seul prénom, mais il était aisé de le reconnaître. J’ai vu quelquefois Hector Bianciotti à la télévision et je ne me souviens pas d’avoir été frappé par son élégance. Mais la vérité compte moins que la légende. L’essentiel, ce n’est pas qu’Hector Bianciotti ait été ou non élégant dans la vie réelle; c’est qu’il le soit dans le portrait de Tatiana Tolstoï.


hector-bianciotti-copie-1.jpg Hector Bianciotti en Académicien français

 

« Pauvre Hector ! Il ne connaîtra jamais le luxe, son luxe : se passer des autres. Car la propriété au sens classique, il ne la goûte pas. A la rigueur un Tintoret… oui, à la réflexion, s’il avait un Tintoret chez lui, fatalement, il pourrait rester couché devant. Pas dans n’importe quelle pose, vous pouvez lui faire confiance. Ce partisan de la simplicité a toujours préféré au naturel le culte de l’apparence. Question de dignité, surtout l’âge venant. Mais attention, à condition de ne rien laisser entrevoir des efforts que cela coûte. C’est que, pour lui, l’élégance se pratique comme un ascétisme.

On lui fait tout le temps des remarques sur ses vêtements, il ne comprend pas pourquoi. Il n’a pas de tailleur, il achète ses vêtements comme ci, comme ça. Aujourd’hui il porte une veste Saint Laurent (…). Eh bien, il l’a trouvée en soldes, une toute petite veste en coton bleu marine ; il s’est dit : Ca sert toujours. Ce matin, il a mis cette chemise à rayures et puis il a trouvé une cravate, juste comme ça, peut-être que ça ne va pas très bien ensemble, parfois c’est plus réussi… D’ailleurs, il a très peu de vêtements dans sa garde-robe, quatre complets seulement, quelques blazers, quelques tenues de sport ; et, pour les cravates, ça bouge, parfois il en porte qui ont dix, quinze ans, sinon, quand elles ne lui plaisent plus, il les jette… (…) Non, vraiment, qu’on fasse attention à sa tenue, il ne comprend pas du tout. Est-il besoin de préciser que cette sorte de perplexité s’accompagne généralement d’yeux grands ouverts, certaine tradition exigeant qu’ils soient bleus ? Bien qu’Argentin d’origine italienne, Hector a poussé la délicatesse jusqu’à naître blond aux yeux bleus. Quant à sa silhouette savamment entretenue, elle l’autorise à s’exclamer que, s’il fume, « c’est parce que j’ai faim ! », d’un air de désolation capable de réveiller un cœur de mère chez un douanier soviétique.

Et de repousser une mèche de cheveux avant de laisser tomber un bras sur le faîte du canapé dans lequel il disparaît à moitié, croisant négligemment les jambes, renversant la tête en arrière de temps à autres pour rire – posture à la fois distante et familière de qui se sait observé. ( …) Il aime la solitude, les excentriques, la gratuité, les chats. Il n’aime pas le sport, la pochette, la grossièreté, les chaussettes courtes.

(…) On peut se le figurer marchant dans sa tenue préférée, un costume croisé de couleur sombre – c’est une tenue impossible, il faut se tenir très droit sinon les revers se cassent -, glissant le long des arcades d’une villa palladienne. Toutefois cet amoureux des perspectives veille à ce que l’on n’oublie pas que ce tableau comporte un point de fuite : un morceau de pampa. Mais il ne le dira pas. Ce qu’il apprécie tant, chez les Anglais, c’est l’understatement : l’art d’exprimer moins que ce que l’on ressent. En ce sens, dit-il, il y a du dandysme en eux. » 

                                         Tatiana Tolstoï, De l'élégance masculine, L'Acropole, 1987

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 07:14

Lee Miller, la beauté libre

La carrière cinématographique de Lee Miller se réduit à une apparition dans Le Sang du poète de Jean Cocteau. Elle y joue une statue. Pas étonnant que Cocteau ait pensé à elle pour ce rôle : sa beauté était… sculpturale. Si l’on en croit ce qu’a écrit Marc Lambron (1) dans sa biographie romancée de Lee Miller, Jean Cocteau, à la troisième prise, aurait dit à son interprète : « Ne bouge plus, ma chérie, tu es faite pour ne pas bouger. » On ne pouvait être plus inexact. La vie de Lee Miller ne fut que mouvement. Elle voyagea beaucoup, vécut dans différents pays – principalement l’Amérique, la France, l’Egypte et l’Angleterre -, eut plusieurs activités – mannequin, photographe de mode et de guerre -, deux maris – l’homme d’affaires égyptien Aliz Eloui Bey et l’écrivain anglais Roland Penrose – et de nombreuses aventures.

 

lee-miller.jpg

 

Elle brisa bien des cœurs : le cœur de ses amants – ce qui est la moindre des choses – et, par ricochet, le cœur des femmes qu’ils avaient abandonnées pour elle. Elle mortifia Kiki de Montparnasse en lui volant Man Ray. Elle accula au suicide la belle Nimet, la femme d’Aziz Eloui Bey. Elle humilia Valentine Penrose en la poussant hors de chez elle et en s’y installant avec le mari. Était-elle une femme fatale ? Sans doute, mais sans perversité. Femme fatale malgré qu’elle en ait.

 

lee-miller-3.jpg

 

Elle fréquenta les surréalistes, grands amateurs de belles femmes. Elle fascina Michel Leiris. Elle aima, on l’a dit, Man Ray et Roland Penrose. Surréaliste, elle l’était d’ailleurs pour ainsi dire naturellement. Elle pratiqua l’union libre et l’amour fou. L'humour aussi, au moins ce 30 avril 1945 où elle eut l’idée de se faire photographier dans la baignoire personnelle d’Hitler. Sa vie est parsemée de hasards. Et, pour reprendre la terminologie surréaliste, de hasards objectifs. « Quand elle connut mieux Penrose, raconte Lambron, elle découvrit de curieuses coïncidences. En 1922, Penrose avait croisé Man Ray à Paris. En 1927, lors d’un voyage au Caire, Penrose fut présenté à Aziz Eloui Bey. Dans ces années-là, Lee n’était qu’un mannequin new-yorkais, à cent lieues de sa vie future. Et pourtant trois des hommes qui l’aimeraient étaient liés déjà par un pacte de fortune. »

 

lee-miller-beret-m-ray-1930.jpg

 

Lee Miller n’a pas fini de fabriquer du rêve. Sa beauté n’a pas pris une ride.

 

Monica Vitti, le paradoxe de la comédienne

Elle est la star préférée des « intellos ». Cette réputation lui vient d’avoir été l’héroïne et l’égérie d’Antonioni. Ni jolie ni vraiment belle – à proprement parler -, sensuelle et cérébrale, elle est inclassable.

 

monica-vitti.jpg

 

La main voluptueusement noyée dans sa crinière teinte en blond ; le regard flou ou de biais ; la bouche constamment entrouverte, comme prête pour le baiser ou pour la déclaration d’amour ; la voix voilée, aux modulations travaillées… la séduction selon Vitti est cousue de fil blanc ! Mais ces façons, qui seraient grossières employées par une autre, acquièrent, grâce au jeu de l’actrice, une intensité quasi tragique. Elle a l’amour grave. « Aime-moi ou je meurs », semble-t-elle dire. Le décalage crée la fascination. Vitti joue à la séduction comme d’autres à la roulette russe !

Le genre de femme qui intéresse au cinéma, mais qui, dans la vie, lasse assez vite : femme à histoires et compliquée…

Mon image favorite : Monica Vitti contre un mur, les bras croisés, muette, laissant son visage transcrire les oscillations de son âme. Au spectateur de les percevoir et de leur donner un nom : tristesse, nostalgie, incompréhension, solitude… Quand on la voit ainsi, perdue comme une enfant, on voudrait la prendre dans ses bras et lui dire, à la suite du poète, qu’un ciel peut être bleu…

D’autant plus que – c’est un autre décalage -, Monica Vitti, si torturée dans les films d’Antonioni, donne toutes les apparences d’une femme faite pour une vie légère et facile… pour la dolce vita !

 

monica-vitti-deux.jpg

 

Antonioni l’a-t-il fait jouer à contre-emploi ou était-elle dans la vie comme elle est à l’écran ? Peu importe après tout puisque, comme le disait Truffaut,  « le cinéma, c’est mieux que la vie ».

 

Sophia Loren, le rêve de chair

 

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Combien d'adolescents ont connu leurs premiers émois en contemplant son image au cinéma ou dans les magazines ? Sa beauté n'est pas classique : la bouche, les dents, le nez... sont trop grands. Un peu plus et elle tombait dans la caricature fellinienne. Une partie de son pouvoir vient justement de ce qu'elle frôle la limite mais ne l'enfreint pas. L'harmonie est malmenée, mais elle est préservée. Miracle fragile qui fait de Sophia Loren une incarnation très singulière de la féminité.

 

sophia-loren-deux.jpg

 

Les autres sont d'abord des visages (Greta Garbo, Gene Tierney...) ou des allures (Grace Kelly, Audrey Hepburn...); elle est aussi un corps. Elle n'imaginait pas sa vie sans enfants. Alors, elle va interrompre deux fois sa carrière et prendre le risque d'affronter des grossesses difficiles. Elle élève ses fils en mamma italienne - aimante et possessive. Mère, mais aussi maîtresse. Elle fut longtemps celle du réalisateur Carlo Ponti avant de pouvoir enfin l'épouser. Sa séduction naît d'un mélange d'animalité et de sophistication : coiffure apprêtée, maquillage élaboré, tenues suggestives, elle frôle une autre limite (et, celle-là, l'enfreint parfois), celle de la vulgarité.

Comment vieillir quand on a été une image de la beauté ? Il y a la dérobade courageuse de Garbo; il y a l'acceptation élégante d'Audrey Hepburn. En recourant aux illusions de la chirurgie esthétique, Sophia Loren a choisi la pire des solutions. Mais il faudrait manquer de coeur pour oser le lui reprocher. 

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 06:36

Greta Garbo, l’inaccessible étoile

Si le mot star a un sens, c’est bien quand il s’applique à Greta Garbo. L’étoile est morte, mais sa lumière nous parvient encore. On a tout dit d’elle. Les langues de vipère se sont régalées : sexuellement trouble (son goût pour les tenues masculines n’a pas aidé à lever les doutes), frigide, bête comme ses grands pieds… Oublions tout cela. Elle fut – et reste – l’incarnation cinématographique de l’Eternel féminin. La célèbre prosopopée de François Mauriac (L'Echo de Paris, 03/12/1932) en témoigne éloquemment : « Je me suis sacrifiée à l’image d’une beauté qui pût assouvir ces millions de désirs trompés, d’attentes sans espérance. Je suis ce que cet adolescent ne trouvera jamais, et ce que pendant un demi-siècle ce vieillard aurait voulu être afin de retenir celui qui l’a trahie. »

 

greta-garbo-la-belle-tenebr-copie-1.jpg"La Belle ténébreuse", 1928. Photo : Ruth Harriet Louise

 

Beauté datée ? Passons sur ce que cette expression peut avoir d’incongru. Sourcils redessinés ; paupières mi-closes ; pommettes hautes ; bouche fine doucement  arquée : la beauté de Greta Garbo a suscité , en tout cas, de nombreuses imitations – Marlène Dietrich, et, chez nous, Arletty, Michèle Morgan, Catherine Deneuve…

 

greta-garbo-l-inspiratrice-copie-3.jpg"L'Inspiratrice", 1930. Photo : Clarence Sinclair Bull.    

 

Greta Garbo sacrifia son bonheur à sa légende. Elle vécut recluse un demi-siècle durant pour ne pas livrer d’elle une image dégradée. Il y a dans ce choix assumé jusqu’au bout une abnégation qui en impose. Et l’on ne sait plus très bien qui il faut admirer le plus – la Greta Garbo diurne, illuminant les salles obscures du monde entier, ou l’autre, nocturne, dissimulée sous un chapeau et derrière des lunettes noires, portant opiniâtrement le deuil de sa beauté enfuie.

 

greta-garbo-mata-hari-copie-1.jpg"Mata Hari", 1931. Photo : Clarence Sinclair Bull.

 

Gene tierney, la fragilité faite star

L’une des stars favorites des esthètes cinéphiles. Demeure à jamais Laura, l’héroïne du film éponyme d’Otto Preminger. Laura, « une femme mystérieuse, fatale, inaccessible », écrit Gene Tierney dans ses mémoires (1). Et d’ajouter, au risque de décevoir sa cohorte d’admirateurs : « De toutes les personnes que j’ai connues, je suis probablement la moins énigmatique. » Faut-il la croire ? Ce regard étrange, magique, perdu – dans lequel on aime se perdre à son tour -, peut-il être celui d’une fille toute simple ? Gene Tierney a connu les affres de la dépression et de la folie. La dépression grave et la folie dure, celle qui conduit à l’asile.

 

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Sa vie sentimentale fut dominée par un homme, Oleg Cassini – le couturier qui signa nombre des tenues portées par Jackie Kennedy quand elle fut « first lady ». Il fut son mari. Elle eut une liaison avec John Kennedy alors que celui-ci était encore célibataire. L’un et l’autre ne sortent pas grandis des mémoires de Gene, malgré ses efforts pour ne pas les salir. Cassini ? Un alcoolique, un jaloux, un violent. Kennedy ? Un ambitieux qui fait passer sa carrière avant ses sentiments.

 

gene-tierney-le-gaucho"Le Gaucho".    

 

« Ah ! se dit le Chouan – qui est un incorrigible sentimental -, si j’étais né plus tôt, si j’avais rencontré Gene Tierney… » Et c’est avec des si que le Chouan sauve Gene de la folie, la rend heureuse et forme avec elle un couple de légende !

Les esthètes cinéphiles savent que Gene Tierney joua avec deux dandies hollywoodiens : Clifton Webb (Laura, Le Fil du rasoir) et, surtout, l’indépassable George Sanders (L’Aventure de Madame Muir).

 

Grace Kelly, princesse native

Gene Tierney, dans ses mémoires, ne sort les griffes qu’une seule fois, et c’est contre Grace Kelly. A propos de la prestation de celle-ci dans Mogambo, elle écrit : « A mon avis, Ava Gardner lui vola la vedette. Non pas seulement parce qu’elle est plus belle, mais parce qu’elle sait jouer. » Quelques pages auparavant, elle l’appelle « la starlette blonde ». Ressentiment d’une femme humiliée ? Oleg Cassini, son mari, et Grace Kelly entretinrent, dit-on, une liaison.

Allure, classe, éclat, exquise retenue, alliance parfaite du raffinement européen et du naturel américain : on pourrait dérouler longtemps les qualités de Grace.

Sous les apparences, lisses, l’ambiguïté affleure. Alfred Hitchcock : « Savez-vous que Grace Kelly, apparemment si froide, cache un volcan de sensibilité, d’érotisme et de passion ? » Le gros Alfred, laid comme un crabe et bourrelé de culpabilité judéo-chrétienne, en pinçait, dit-on, diablement pour elle.

Star au royaume de l’illusion – Hollywood -, princesse d’une principauté d’opérette – Monaco -, Grace Kelly se plut à brouiller les pistes.

 

grace-kellyEn 1962. Photo : Howell Conant.

 

Qui était-elle et quelle fut sa vie ? Intrigante ou sainte (une procédure en béatification serait en cours au Vatican) ? Femme aux multiples aventures ou femme fidèle ? Amoureuse de son mari ou malheureuse en ménage ? Etait-elle dépressive et alcoolique ? A-t-elle, à la fin de sa vie, approché d’un peu trop près le monde des sectes ? Quelles furent les circonstances exactes de sa mort ? On ne prête qu’aux riches – et la fortune ne manqua jamais à Grace. Une chose, en tout cas, fut certaine : sa beauté, qu’exaltait une exceptionnelle photogénie :

 

grace kelly howell conantPhoto : Howell Conant.    

 

Adulée, honorée, vénérée, se crut-elle affranchie des contraintes humaines ? Les dieux n’aiment pas qu’on marche sur leurs plates-bandes. Quand, le 13 septembre 1982, Grace Kelly monta dans sa Rover 3500, elle ignorait que le destin s’était invité à bord.

 

Audrey Hepburn, l’éternelle jeune fille

Les livres consacrés à Audrey Hepburn depuis sa disparition sont très nombreux. En général, ils parlent moins de sa carrière que de sa personnalité. Force est d’admettre qu’elle n’a pas joué dans des chefs d’œuvre – seulement dans quelques bons – voire très bons films. Ce qui intéresse d’abord, c’est elle. Deux images se superposent harmonieusement : elle, jeune fille giralducienne, illuminant des Vacances romaines au demeurant bien falotes ; et elle, déjà âgée, ambassadrice de l’Unicef, se penchant avec une compassion non feinte sur de petits Somaliens décharnés. Entre les deux, l’image se brouille. Fut-elle une femme mûre ? On en doute, tant elle garda longtemps une apparence étonnamment juvénile.

 

audrey-hepburn

 

Sa rencontre avec Hubert de Givenchy fut un miracle et ne connaît aucun équivalent dans l’histoire des collaborations entre un grand couturier et une star. La grâce est là qu’un Cécil Beaton – grand esthète devant l’Eternel féminin – a su mieux que personne fixer :

 

audrey hepburn cecil beaton

 

Elégance, charme, légèreté… quand l’évidence s’impose à ce point, inutile de parer sa langue d’artifices.

Derrière les belles images, il y a la vie, cette « vallée de larmes ». Traumatisme de la guerre ; identification morbide à Anne Franck ; vie sentimentale agitée (mariage malheureux, notamment, avec l’élégant Mel Ferrer) ; dépressions, anorexie, cancer. Ne rien dire, ne rien montrer. Son regard garda sa transparence. Il ne se voila qu’à la fin, lorsqu’il se posa sur la souffrance indicible des enfants de Somalie. « Je ne m’en remettrai jamais », confia-t-elle à son retour. Elle s’éteignit, épuisée par son dévouement et rongée par la maladie, moins d’un an plus tard.

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