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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 06:47

Difficile de rester à l’écart quand tous les autres le font…

Tous mes amis blogueurs se « mettent en scène », proposent leurs « inspirations » en jouant eux-mêmes les mannequins. En agissant ainsi, ils prennent le risque de décevoir des lecteurs curieux de voir à quoi ressemblent ces donneurs de leçons d’élégance … et prêts à en découdre. Certains commentaires ont été des coups de poing. Ils auraient dû me dissuader de monter à mon tour sur le ring. J’ai pourtant décidé de relever le gant. Rendez-vous, donc, dans quelques jours.

… Qui l’eût cru – le Chouan faisant du teasing (en bon français « aguichant ») et succombant à l’impudeur ?

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 07:16

« Une voiture est belle si on peut la définir et la reconnaître en ne se servant que de trois lignes », a affirmé Wolfgang Egger, responsable du design chez Audi. Ces trois lignes étant : la ligne basse, la ligne médiane et la ligne haute.

Cette citation a l’avantage de le dire clairement : la ligne est un critère fondamental dans l’appréciation de l’esthétique d’une voiture. La Jaguar type E, la Maserati Ghibli, la Ferrari Daytona… sont d’abord, chacune, une ligne. « Une ligne à couper le souffle », pour parler le langage des journalistes spécialisés.

 

jaguar-type-e-grise-copie-2.jpgJaguar type E
 

 maserati-ghibli.jpg Maserati Ghibli

 

ferrari-daytona.jpegFerrari Daytona

 

Les années 70 furent une époque bénie pour les grands carrossiers. Leurs concepts rivalisaient de créativité. Ils nourrissaient à leur manière le mythe d’un an 2000 voué au triomphe de la modernité. Bertone et Guigiaro, notamment, multiplièrent les projets futuristes. Ils inspirèrent une ligne promise à un grand avenir : la ligne en coin.

Un modèle symbolise à lui seul cette ligne : le concept, signé Bertone et dessiné par Marcello Gandini, Lancia Stratos HF Zéro, présenté à Turin en 1970 :

 

lancia-stratos--hf-0.jpeg 

 

Appliqué à la série, le principe de la ligne en coin fut loin de n’engendrer que des réussites. Les lignes se tendirent de plus en plus. Fini, les courbes sensuelles et élégantes : la règle (entendez : l’instrument du dessinateur) imposa vite sa règle. La simplicité vira souvent à l’austérité et le minimalisme tomba non moins souvent dans la sécheresse.

Alfa Roméo est sans doute la marque qui illustre le mieux l’influence qu’eut la ligne cunéiforme sur la production automobile des années 70, 80 et, même, 90. Qu’on songe à la Giulietta (1977), à l’Alfa 75 (1985) ou encore à l’Alfa 155 (1992). Toutes taillées "à coups de serpe", comme aiment à le dire les journalistes spécialisés, décidément peu avares d’expressions imagées.

 

alfa-giulietta-77.jpgAlfa Roméo Giulietta

 

alfa-75-copie-1.jpg
Alfa 75

 

alfa-155.jpegAlfa Roméo 155

 

La ligne en coin continue d’imprégner le style de nos automobiles. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder, par exemple, les Honda Insight ou CR-Z.

 

honda-insight.jpg Honda Insight

 

Honda-CR-Z.jpgHonda CR-Z

 

Pour le rêve, citons aussi la Lamborghini Aventador, qui ne saurait renier sa filiation avec la Countach, une autre réalisation due au crayon inspiré de Gandini.

 

lamborghini-countach.jpg Lamborghini Countach

 

lamborghini-aventador.jpg
Lamborghini Aventador

 

Les voitures actuelles ont hérité de deux caractéristiques de la ligne en coin : la ligne de caisse remontant vers l’arrière et l’inclinaison très marquée du pare-brise.

Vues de profil, presque toutes nos voitures ont l’air de piler. Ou, si vous préférez, ressemblent à des mocassins Gucci !

 

mocassin-gucci.jpgMocassin Gucci

 

Quelles justifications peut-on trouver à cette quasi unanimité ? L’aérodynamisme ? Sans doute. Mais, ignorant dans ce domaine, je n’en dirai pas davantage. Ce que je vois, en revanche, c’est que la ligne de caisse grimpant vers le coffre permet d’améliorer le volume de celui-ci. Or, on sait que la capacité de chargement est un critère déterminant pour la clientèle actuelle. Et, notamment, pour la clientèle chinoise, ce qui n'est pas anodin.

 

renault-latitude.jpgRenault Latitude. Quel coffre ! 

 

Une ligne de caisse ainsi basculée est un défi pour le designer car elle déséquilibre le rapport surfaces vitrées/tôles au profit de ces dernières. Comment habiller des flancs aussi généreux et d'aussi gros popotins ? On allége comme on peut : on abaisse, quand c’est possible, la ligne du toit ; on multiplie les nervures sur les côtés et sur la partie arrière ; on agrandit démesurément les feux ; on ajoute un jonc chromé, une jupe couleur nuit… On remplit, quoi… Et les voitures perdent en esthétique ce qu’elles gagnent en « praticité ».

 

 alfa-mito.jpg
L'arrière affreusement lourd de l'Alfa Mito

 

Selon le principe de Egger rapporté plus haut, ces voitures ne sont évidemment pas belles.

Que les CC aient un gros derrière, passe encore : il faut bien que le toit articulé trouve en position cabriolet la place de se loger. Mais que toutes nos voitures soient callipyges, là, je ne marche plus.

 

mercedes-sl.jpgMercedes SL. Modèle après modèle (1954-2002), constatez la montée de la ligne de caisse !    

 

De nombreux modèles anciens nous montrent combien une ligne de caisse basculée dans l'autre sens sert l’esthétique. Voyez la DS cabriolet Chapron, dont la ligne évoquait un fin vaisseau, ou l'Alfa spider et son célèbre arrière en os de seiche…

 

ds-cabriolet-chapron.jpgDS cabriolet Chapron. Un modèle à juste titre très prisé des collectionneurs 

 

alfa-spider.jpgL'Alfa spider 

 

De la beauté, sur toute la ligne…

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 06:49

Il y a deux ans, Raphaëlle Bacqué s’est taillé un joli succès de librairie en publiant Le Dernier mort de Mitterrand, un petit livre consacré à François de Grossouvre qui, le 4 avril 1994, se suicida dans le bureau qu’il occupait au cœur de l’Elysée.


francois-de-grossouvre-costume.jpg

De François de Grossouvre, je ne savais rien, sinon qu’une certaine presse le surnommait François de Gros sous, que sa particule était d’acquisition récente et qu’il jouait auprès de François Mitterrand le rôle de conseiller de l’ombre. Son physique suranné avait retenu mon attention – plus que ses tenues, d’ailleurs, que Raphaëlle Bacqué évoque à plusieurs reprises : « Il est le seul conseiller du président dont les tenues alimentent chaque jour une chronique de mode masculine très nourrie. En demi-saison, il porte un imperméable de cuir noir très années 40 un peu inquiétant. En hiver, le voilà en cape de laine et cachemire. Ses costumes, le plus souvent croisés, sont toujours parfaitement coupés. Les cravates d’un goût exquis. Les pull-overs, lorsqu’il en porte, sont assortis aux chaussettes. Et ses chapeaux ! Il en possède une collection impressionnante. Des feutres et des casquettes, comme le président, avec lequel il va souvent chez Motsch (…), mais aussi des couvre-chefs plus audacieux. Une toque de fourrure, une chapka de loup et, en été, un charmant canotier qui ravit les huissiers qui n’en avaient pas revu depuis Maurice Chevalier. » Ailleurs : « Ses tenues de chasse, vestes de tweed amples à empiècement de cuir de chez Gotti et pantalons de peau, sont une merveille de recherche et de raffinement. »

Les photos disponibles de Grossouvre sont malheureusement peu nombreuses. On aimerait juger sur pièces, notamment de la diversité des couvre-chefs. J’ai tout de même dégotté ce cliché qui montre, auprès d’un François Mitterrand chapeauté, un Grossouvre sanglé dans ce fameux trench de cuir noir, en effet un peu inquiétant :


francois-de-grossouvre-et-mitterrand.jpg

Les costumes sont bien coupés, près du corps et fermés bas, mais ils n’atteignent pas à l’intemporalité que j’admire. Quant à la barbe, Raphaëlle Bacqué dit qu’elle donne à Grossouvre un côté Ancien Régime et le fait ressembler au duc de Guise. Va pour cette référence historique, mais une autre, littéraire, m’apparaît plus probante. François de Grossouvre me fait irrésistiblement penser à l’écrivain Huysmans : même calvitie, même étroitesse du visage, même regard fixe et mélancolique. Je crois même fort probable que la figure de l’écrivain l’inspira pour composer sa propre physionomie. Je le pense d’autant plus volontiers que j’ai entendu ou lu quelque part que Huysmans était son écrivain préféré. 


huysmans.jpg 

francois-de-grossouvre-huys.jpg

 

« Il a, dit Bacqué, ce style vieille France dont sont dépourvus les jeunes gens chevelus qui entourent Mitterrand. » Un homme se révèle par ses haines autant que par ses amours et les haines de Grossouvre me rendent le personnage sympathique. Il déteste la vulgarité de Roger-Patrice Pelat, l’ami intime de Mitterrand, le mépris de Pierre Joxe, la grossièreté de Michel Charasse, qu’il traite de « porc » ; il juge « ignoble » Jean-Christophe Mitterrand et Bernard Tapie le dégoûte.

Qui se ressemble s’assemble. L’ambiguïté fut la marque de François Mitterrand, dont Raphaëlle Bacqué signale à juste titre « le regard louche du manipulateur ». L’ami Pelat était un ancien commis boucher qui sut faire fructifier son capital Résistance et devint un richissime homme d’affaires peu regardant sur la morale. François de Grossouvre avait une personnalité paradoxale. Proche de Vichy puis résistant ; ancien de l’Action française puis soutien financier de la gauche ; franc-maçon et catholique ; serviteur à sa façon de la république et assistant tous les 21 janvier à la messe célébrée pour la mort de Louis XVI.

Notre président actuel aime à s’entourer d’hommes d’un autre métal – Alain Carignon et Patrick Balkany par exemple. Des personnages sans doute moins romanesques que les amis de Mitterrand et auprès de qui le trench de cuir noir de Grossouvre a presque l’air rassurant.

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 06:46

 

claude-allgre-def-def.jpgClaude Allègre. Photo : E. Feberberg

 

Le réchauffement climatique ? Un temps de chien, oui. A pas mettre un mammouth dehors.

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 07:03

Il y a les parodistes. Leur posture est à la mode. On se souvient de l’ironie que requerrait, selon la journaliste Elvira Masson, la redécouverte par « les néo-minet(te)s » du Barbour. Comme en écho à cette recommandation, voici ce que Gonzague Dupleix répondait à la question : « Comment porter un classique à la cool (sic) ? » dans une Style académie de GQ : « A contre-emploi. Déjà, au printemps vous aviez noté que la veste de chasse avait plus d’allure sur un mec (re-sic) un peu rock que sur une grenouille de bénitier. Cet été, les pièces que vous considérerez vous-même comme en voie de réhabilitation, adoptez-les avec une distance décontractée : jean usé, paire de tennis, polo. On écorne ainsi la symbolique sociale d’un vêtement à qui on offre une deuxième chance (1). » L’entreprise est faussement risquée puisque la plupart des classiques qu’on est censé détourner (Barbour, veste matelassée, blazer, chino…) ont une personnalité esthétique qui se suffit à elle-même. Certains qui se les accaparent réussissent néanmoins le prodige de verser dans le grotesque.


les-inrocks-parodie-def.jpg"La tendance s'amuse des codes de la bourgeoisie", Les Inrocks, n°775. Photo E. Rancurel

 

Le vrai défi consisterait à parodier le beauf en tentant d’échapper soi-même au ridicule. En gros, à s’habiller en Deschiens sans avoir l’air d’en être un. Courageux mais pas téméraire, je laisse à d’autres le soin de le relever.

Le cas de l’autoparodiste mérite d’être mentionné. Poussé par l’envie irrépressible de se faire remarquer, il tire la reproduction de son style vers la franche caricature. Jean-Pierre Coffe et Serge Moati en sont de criantes – et criardes – illustrations. Reconnaissons-leur au moins une qualité : l’autodérision, dont ils font, hélas ! un mauvais usage.


jean-pierre-coffe-auto.jpg


serge-moati-arnys-def.jpg

 

Passons sur le cas des parodistes involontaires, qui font rire à leur dépens ; « Oh ! pardon ! Je croyais que c’était de l’humour ! »

Il y a les pasticheurs – ceux qui s’habillent « à la manière de… » Un bourgeois, par exemple, va s’habiller en bourgeois. Cela va de soi tant le conformisme est, pour un bourgeois, une seconde nature. Par définition, le bourgeois est satisfait. Satisfait d’être bourgeois ! Les snobs, qui l’imitent sans posséder son aisance, le confortent dans sa satisfaction. Il est la référence : lui est, lui sait, lui peut.

Le pastiche peut avoir une justification moins sociale qu’esthétique : on s’approprie un style qu’on juge beau ou fait pour soi. Ainsi Edouard Balladur du style anglais.

Chez les plus jeunes, la justification est plutôt d’ordre psychologique : la conformité à un style – conséquence, souvent, de l’admiration pour une vedette – n’est qu’une étape dans la formation de sa personnalité.

Le parodiste m’agace quand son jeu lui sert visiblement de prétexte à faire le beau (… et souvent, au vrai, le laid !) « Jouez-la ceci, jouez-la cela… » nous exhortent les magazines… et les fashion victim qui arpentent nos rues de se la jouer, en effet… Le pasticheur ne m’intéresse pas davantage quand il reproduit servilement – quand il vole et, pour ainsi dire, plagie. Tout autre est la démarche du pasticheur qui imite pour comprendre, procédant alors, pour paraphraser Proust, à « une critique vestimentaire en action ». Je parierais volontiers qu’avant de trouver leur style propre, Bruce Boyer et Michael Alden ont beaucoup pastiché Fred Astaire. L’hommage au modèle s’est peu à peu transformé en quelque chose de plus personnel. L’influence est encore là, mais elle est comme intériorisée, surmontée – sinon transcendée.


bruce-boyer-noir-et-blanc.jpgBruce Boyer    

 

Admettons, enfin, que la frontière qui sépare la parodie du pastiche est parfois ténue. Tous autant que nous sommes, ne sommes-nous pas, à des degrés divers, des parodistes involontaires ou des pasticheurs plus ou moins talentueux et assumés (2) ?

__________________________________________________________________________________ 
1. GQ, numéro de juin 2011.
2. A propos, dans quelle catégorie placeriez-vous Marc Guyot ?

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 20:11

 

 gary-cooper-cannes.jpgPhoto Edward Quinn

 

 

Je cherche un partenaire
Plutôt beau, pas ringard, 
Un peu Gary Cooper
En moins mort, en moins star…

Je cherche un partenaire
Un mec qui ait la classe
Je cherche un partenaire
Gary Cooper »

                                  Patty Layne

 

Suite au commentaire n° 7 d’"A bribes abattues"…

Merci à Franck et à Romain de m’avoir envoyé ce cliché ! 

 

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 06:29

Lu, dans L’Express Styles du 1 au 7 février 2012 (et non 2011 comme indiqué sur la couverture : un magazine de mode qui s’annonce avec un an de retard, c’est le comble !) : « Le costume croisé (…) reprend du service (…). La nouveauté, c’est que le double boutonnage s’invite aussi sur d’autres pièces du vestiaire, notamment le caban (Dior Homme, Gucci, Kenzo ou Paul Smith) ». Quoi ! Un caban à double boutonnage ? Pour une nouveauté, ça, c’est une nouveauté ! Parole de Breton !

Lu, au même endroit, p. 10, à propos du livre de Jean-Jacques Picart (Des Vies et des modes, Carnet de souvenirs), cette leçon de mode du créateur Dries Van Noten : « Je ne reconduis jamais un modèle qui s’est bien vendu. » Un principe de mode, pour sûr - et une aberration.


 jean-jacques-picart.jpgJean-Jacques Picart

 

Le même Jean-Jacques Picart a eu droit à son portrait dans Le Monde (supplément M daté du 11 février 2012). On y apprend, sous la plume de Samuel Loutaty, qu’interrogé sur le retour du manteau, Picart expliqua doctement que « dans les périodes d’anxiété, de doute, les manteaux donnent un sentiment de protection. » La pensée surgelée à la mode Picart ! Comme le dit Loutaty : « Pour la fulgurance, on repassera »…

Le manteau, justement. La période de grand froid que nous avons connue m’a fait ressortir mon vénérable Burberry en Irish tweed (36 ans d’âge). La curiosité m’a poussé à visiter le site de la marque pour savoir quels manteaux on y présentait. Une catastrophe !


manteau-burberry.jpgManteau Burberry

 

Qui de tels produits peuvent-ils séduire ?  Immettables aujourd’hui. Alors, dans 36 ans…

J'entends d'ici la critique : « Vous succombez à la nostalgie, le Chouan. » Quand le présent vaut le passé, la nostalgie peut-être douce. On se retourne et l'on adresse un regard de tendresse à celui qu'on a été. Mais quand le présent déçoit, la nostalgie n'est que douleur - la conséquence d'un manque. On ne choisit pas d'être malheureux (enfin, pas moi) ; le malheur s'impose à soi et il faut bien faire avec. Comment peut-on échapper à la nostalgie aujourd'hui ? Je ne vois qu'un moyen : en oubliant le passé.

... Oublier le passé ? Plutôt souffrir !

Deux agacements pour finir :

- La persistance de la mode « veste rase-pet ». La règle, qui rejoint le bon sens, veut qu’une veste dissimule les fesses. Quand la mode aura changé, ces vestes apparaîtront pour ce qu’elles sont : des monstruosités immettables.


costume-pal-zileri.jpgCostume Pal Zileri, coll. printemps-été 2012

 

Les mannequins sont photographiés de face ; s’ils l’étaient aussi de dos, l’incongruité du trop court sauterait aux yeux – on peut du moins l’espérer. Principe d'élégance (et un principe d'élégance vaut bien dix principes de mode) : avant de sortir, ne jamais oublier de se regarder de dos dans son miroir.

- Le gimmick élitaire des gants glissés dans la poche poitrine du manteau. Le père Grandet plaçait bien les siens sur son chapeau ! Mais c’était par souci d’économie. A lire certains blogs, ce détail constituerait le summum de l’élégance par temps froid. J’en connais qui préfèrent avoir les mains abîmées plutôt que de toucher à la paire de gants qui décore leur poitrine. Même l'excellent Michael Alden s’y est mis !


lino-leluzzi.jpgL'inénarrable Lino Ieluzzi. Crédit : Scott Schuman

 

Allons, allons, les gants ne sont jamais aussi élégants – car ils finissent alors la silhouette – qu’enfilés à nos mains. Terriblement banal et basique, je sais. 

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 06:04

Beaucoup d’hommes politiques de premier plan portent des costumes aux épaules surdimensionnées. Pourquoi ? Ma réponse pourra sembler simpliste – je la crois pourtant juste : parce qu’ils pensent que cet artifice va leur donner la carrure de la fonction – la carrure présidentielle.

Largeur d’épaules = pouvoir, force, autorité : la symbolique est primaire, donc apte à parler, pense-t-on, aux Français d'en-bas ou du sous-sol. 

Le modèle, c’est de Gaulle.


de-gaulle-carrure.jpg

 

Dans son cas, le recours à un imposant padding trouvait de multiples justifications : étroitesse des épaules, taille démesurée, longueur du visage… et protubérance ventrale. Ce moyen permettait à son tailleur d’introduire l’équilibre qui manquait à ce physique hors norme. Et puis, ça tombait bien, la mode d’alors était à la silhouette en V.

Depuis, on a vu Jacques Chirac enfiler le costume de son illustre prédécesseur. Mon propos fait formule, mais je dois le nuancer : les costumes du général étaient croisés (pour casser la taille et dissimuler autant que faire se pouvait cette fichue protubérance ventrale…) ; ceux de Jacques Chirac étaient presque toujours droits. Chez de Gaulle, la naissance du padding était indiscernable ; chez Chirac, les extrémités des épaules s’écroulaient, comme dans le cas d’une veste reposant sur un cintre trop étroit pour elle :


jacques-chirac-carrure-copie-1.jpg

 

Nos hommes politiques tentent de nous faire croire qu’ils ont la carrure de l’emploi. A les voir, on dirait surtout qu’ils nagent dans un costume qui n’est pas fait pour eux.

Prenez Laurent Fabius, Alain Juppé, Dominique de VillepinJean-François Copé… Ne demandez pas à ces quatre-là si, pour employer une formule devenue fameuse, ils y pensent en se rasant ; regardez simplement leurs épaules : leur carrure parle pour eux.


alain-juppe-carrure.jpgAlain Juppé
 

  dominique-de-villepin-carrure.jpg Dominique de Villepin

 

jean-francois-cope.jpg Jean-François Copé

 

Le cas Fabius est éloquent : la largeur affichée de ses épaules a suivi la courbe de ses ambitions. Epaules d’abord à leur place et puis voulant se faire plus larges que celles d’un déménageur :


laurent-fabius-jeune-carrure.jpg


laurent-fabius-carrure-def.jpg

 

Un corps flasque enveloppé d’un vêtement trop grand paraîtra plus flasque encore (cas Fabius) ; un corps tonique pareillement recouvert perdra, à l’œil, de sa tonicité (cas Villepin). Car le dynamisme d’une épaule tient moins à sa largeur qu’à sa netteté.

Nicolas Sarkozy offre un autre cas intéressant. Candidat, il nous avait promis d'être le président de la rupture. Pour ça, il a tenu parole ! Des ruptures, il nous en a fait voir - et de toutes les couleurs ! Rupture avec la solennité de sa fonction ("cass'-toi, pôv'con"); rupture avec pas mal de principes chers à sa famille politique d'origine; rupture avec Cécilia; rupture avec lui-même ("J'ai changé")...

Sa prochaine rupture ? Celle, peut-être, avec le peuple français...

Son apparence aussi a montré une rupture : avant, quand  "il y pensait" (...et pas seulement en se rasant), il affichait des épaules trop larges. Mais, depuis qu'il est président, ses épaules sont à leur place.

... Ses épaules, oui. Mais lui ?


nicolas-sarkozy-epaules.jpg

 

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 06:06

Fin des années 60, au Congo Brazzaville. Des jeunes gens se distinguent en portant les vêtements les plus luxueux possibles. Ce mouvement, d’abord appelé Lutte, va prendre le nom de Sape. Sape : acronyme de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes. Les adeptes sont les sapeurs ou sapelogues. Leur spécialité : la sapelogie.
 

sapeur.jpgSapeurs en action

 

L’histoire de ce mouvement confine à la légende. Tant mieux pour le poète. Tant pis pour l’historien. « L’homme blanc a peut-être inventé la mode, mais nous, nous en avons fait un art », a dit le musicien congolais King Kester Emeneya qui, avec Papa Wemba, contribua dans les années 70 à la popularité du mouvement. On aurait tort de réduire la sape à un vulgaire folklore. Ou, si folklore il y a, c’est au sens étymologique de science des peuples.

Pour l’apprenti sapeur, le vêtement est initiation. Quête. Le luxe est ailleurs – loin de Brazzaville. Il est à Bruxelles et, surtout, à Paris. Paris : le sapeur possède d’abord la ville en rêve. Il se renseigne sur ses quartiers, apprend les bonnes adresses. Et puis, c’est le départ. Il devient un Aventurier. A Paris, il fait sa Gamme – entendez qu’il réunit les vêtements avec lesquels il accomplira sa Descente, c’est-à-dire son retour à Brazzaville. Alors, sacré Parisien, il connaîtra la Proclamation. Il s’exhibera dans des Défis – des défilés. Il sera acclamé, célébré, chanté.

Parfois, bien sûr, la réalité casse le rêve. L’Eldorado parisien peut se transformer en enfer. Parfois encore, l’Aventurier ne va pas plus loin que l’aéroport. Cas dit du Parisien refoulé. De retour au pays, il se promènera avec le papier attestant son refoulement mais prouvant qu’il a tout de même tenté l’aventure. De la sorte, il jouira un temps d’une certaine estime.

Cette initiation touche au religieux. Papa Wemba est surnommé le Pape des sapeurs. Certains sapeurs ont droit à des titres honorifiques comme Archevêque ou Grand Commandeur. Le sapelogue a sa prière et ses commandements – le premier étant : « Tu saperas avec les hommes et avec Dieu après la mort. » Le vêtement est un peu appréhendé comme un fétiche. L’objet a une âme.

Par l’objet, le sapeur se construit. Il prend son destin en main. Sans doute n’est-il pas exagéré de dire que pour le sapeur - comme pour le dandy selon Barbey - « paraître, c’est être ». Construction d’une identité personnelle, donc, et construction d’une identité nationale et citoyenne. La sape peut être vue comme une forme de revanche à l’égard de l’Occident, ancien colonisateur, et de résistance vis-à-vis des autorités congolaises. Le sapeur s’habille mieux que le blanc et mieux que ses gouvernants : à eux l’argent, mais à lui la classe !

Car la quête du sapeur est aussi – et peut-être même avant tout – d’ordre esthétique. Posséder la plus belle gamme ne suffit pas. Encore faut-il connaître l’art d’assortir harmonieusement les pièces d’une toilette. Cette délicate opération a pour nom le Réglage. Comment nouer sa cravate ? Comment ajuster la pochette ? Comment faire chanter les couleurs ? Comment porter le chapeau ?... Le diable se cache dans les détails – l’élégance aussi. Le geste sublime la mise. Le défi est chorégraphie. La Danse des griffes, par exemple, consiste à «  ouvrir largement (en tenant un revers du bout des doigts) la veste » ou à « tirer légèrement le pantalon à partir du genou pour montrer la griffe d’une paire de chaussettes ou de chaussures » (Daniel Gaudoulou, Entre Paris et Bacongo, 1984.)

Nos défilés de mode sont d’un autre genre. La présentation à Paris du prêt-à-porter homme automne-hiver 2012-2013 vient d’en donner une nouvelle illustration. Sur les podiums, des spectres anorexiques qui tirent la gueule. Pas – ou presque pas - de couleurs. Une recherche de l’originalité et de l’astuce plus que de l’esthétique.


berluti-vetement.jpgCollection Berluti

 

L’occidental est riche et sa mode est triste. Le sapeur congolais est pauvre, mais il a su faire de l’habillement une fête. A voir nos contemporains dans les rues, on comprend que se vêtir ne représente pour eux qu’une pesante nécessité. Bizarrement, la sape n’a pas inspiré les créateurs. « Pas encore », se console l’optimiste ! Il y eut bien Paul Smith et sa collection printemps-été 2010. Encore cette collection était-elle destinée aux femmes. Hormis cela, rien.

Les sapeurs ont beaucoup appris de nous. Le moment est peut-être venu de nous interroger sur ce que nous pouvons apprendre d’eux (1). 

__________________________________________________________________________________
1. Un grand merci à Sébastien Le Gal, dont la documentation m'a beaucoup aidé à rédiger ce billet.

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 06:02

Les campagnes publicitaires Opel me laissent sans voix.

Il y a ce spot pour la Zafira Tourer, qui baigne dans une atmosphère anxiogène : lumière crépusculaire, bande son lancinante, volée d’oiseaux hitchcockiens et, pour finir, voix off nous ordonnant en allemand de « vivre l’automobile » avec Opel… Moi, « ça me fait quelque chose », comme le disait Giscard quand il se rappelait le bruit des bottes allemandes sur le pavé de Paris en 40.

Il y a surtout cette publicité pour la Corsa qui ne vante la « deutsch qualität » que pour mieux fustiger, par sous-entendu lourdingue, la légèreté de nos voitures « bleu-blanc-rouge ».

Renault a riposté à cette quasi déclaration de guerre avec la meilleure arme qui soit : l’humour.

Penser que la supériorité allemande puisse être auprès de Français groggy par la crise, doutant d’eux-mêmes, un argument de vente – quelle erreur... quelle Kolossale erreur !

Les communicants politiques ne sont pas plus malins. Angela Merkel assisterait, dit-on, au premier meeting de campagne de Nicolas Sarkozy. Industrialisation allemande ; croissance allemande ; pouvoir d’achat allemand : voilà ce à quoi les Français identifieront sa présence.

Le couple franco-allemand n’a de sens que si les deux parties sont de force égale. Face à Angela, Nicolas ne fait pas le poids. Lui ne s’en rend peut-être pas compte, mais les Français, eux, le savent.

A qui reniflerait dans ces lignes des relents nauséabonds de germanophobie (pour reprendre la terminologie redondante à la mode), je répondrais ceci : j’aime beaucoup les publicités inventives et décalées de Volkswagen.

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