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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 07:10

La Ve République a vu se succéder six présidents. Alors, me direz-vous, pourquoi parler de « club des cinq », sinon pour justifier un titre qu’on jugera, au choix, facile ou astucieux ? Ma réponse est prête : le sixième président étant encore en exercice, j’ai pensé qu’il était logique de lui réserver un traitement particulier : faites-moi confiance, le « petit dernier » sera, comme il se doit, choyé. 

 

Il y a ceux chez qui l’action déborde l’être et d’autres chez qui c’est le contraire. Chez de Gaulle, l’être et le faire étaient au même niveau – au plus haut. Son physique même contribuait à en faire un personnage hors du commun. Un physique étrange, qui défie les catégories généralement admises : ni beau ni laid, il était autre – unique.

La première image publique que nous gardons de lui est celle de « l’homme du 18 juin », un homme déjà mûr, portant l’uniforme. Taille, oreilles, nez… tout est trop grand. L’air est martial. Les gestes sont saccadés, gauches. Les mains surprennent par leur finesse. L’épaulage ajusté de la veste ne permet pas d’équilibrer, au moins un peu, la verticalité des lignes.

 

de-gaulle-uniforme.jpg

 

La deuxième image est celle du héros rendu à la vie civile, quotidienne, prosaïque – d’abord éloigné des affaires, traversant, selon la métaphore consacrée, son désert, et puis, d’un coup, propulsé à la tête de l’Etat. Le costume a remplacé l’uniforme. Président de la République, il charge le président de la chambre des tailleurs de l’habiller. La croisure de la veste atténue l’embonpoint. La générosité de l’épaulage pose la silhouette. Quelquefois, quand les circonstances sont dramatiques, il ressort l’uniforme dont il a fait enlever une martingale qui ne sied plus à sa corpulence.

 

de-gaulle-civil.jpg

 

A dire vrai, le costume fut pour lui un autre uniforme. Toute fantaisie est bannie. Où qu’il fût – à la campagne comme à la ville -,  sa mise était la même : costume sombre, chemise blanche, cravate sobre. Une fois pour toutes, Charles de Gaulle s’était fait une certaine image de lui-même dont son apparence vestimentaire était chargée, à sa manière, de témoigner. Il fut l’exact opposé du chef d’Etat en qui l’homme de la rue pouvait se reconnaître. Il disait que l’autorité naissait de la distance. Il disait encore : « Quand tout va mal et que vous cherchez votre décision, regardez vers les sommets ; il n’y a pas d’encombrements (1). » C’était au peuple de monter – de s’élever -, et non à lui de descendre – de s’abaisser. La démagogie n’était pas son fort. Jamais il n’aurait accepté qu’un quelconque conseiller en communication lui dicte sa manière de s’habiller, de parler ou d’écrire. Orgueilleux, il le fut sans doute au-delà de tout. De quel prix de solitude paya-t-il son orgueil ?

La troisième image – et, dans mon esprit, la dernière -, c’est celle d’un de Gaulle arpentant la lande irlandaise en compagnie de sa femme et de son aide de camp. La scène se déroule peu après sa défaite au référendum. Fidèle à sa promesse, il a renoncé au pouvoir. Plus seul et  plus orgueilleux que jamais. Enveloppé d’un loden sombre, une canne à la main, il marche d’un pas vigoureux, alerte. Allure, prestance et élégance se confondent. C’est l’image  d’un roi en exil. La France, lassée de sa légende, peut commencer à mourir de froid.

 

de-gaulle-irlande.jpg

 

Ses successeurs se réclameront souvent de lui. Ils imiteront certaines de ses poses. Mais, comparés au modèle, ce seront des nains.

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1. André Malraux, Les Chênes qu'on abat, Gallimard.

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 06:42


Le rapport de Madame Pappalardo, présidente du jury du concours 2010 de l’ENA, a été remarqué. Un de mes amis lecteurs a eu la gentillesse de m’envoyer un article que Libération a consacré au sujet. Ces quelques extraits dudit rapport ont particulièrement retenu mon attention : « Nous n’avons pas été éblouis par l’originalité des candidats, à commencer par leur apparence vestimentaire : à part un corsage, deux vestes et une cravate colorées et un seul pantalon de velours… tous les autres candidats étaient en costume-cravate et tailleur noir ou anthracite, voire bleu marine; en outre certains étaient visiblement mal à l’aise dans ces tenues qui n’étaient pas à leur taille. Cela donne le sentiment que les candidats ont une image de l’Ecole et de la fonction publique très conformiste, à l’image de cet «uniforme» qu’ils se sont efforcés d’endosser ». Et Madame Pappalardo d’ ajouter que les "originaux" venus avec un peu de couleur sur le dos ont presque tous été admis « pas tant pour leur tenue que parce qu’elle était en phase avec un certain tempérament, une capacité à s’affirmer dans l’échange avec le jury. »

Ces propos m’ont tout d’abord enchanté, sinon dans la forme du moins dans le fond : comment n’aurais-je pas été sensible au lien ainsi noué entre la singularité de la mise et l’affirmation de la personnalité ? Et puis je suis tombé sur un communiqué que le parti de l’In-nocence, sous la signature de son président Renaud Camus, a consacré audit rapport : « On a peine à croire que Mme le président du jury puisse sérieusement faire reproche aux candidats du prétendu "conformisme" de leur tenue et féliciter au contraire ceux d'entre eux, trop peu nombreux à son gré, qui sont vêtus avec fantaisie, alors qu'un certain degré de neutralité et d'abstraction, de discrétion, de gommage calculé des aspects les plus saillants de la personnalité individuelle semble au contraire éminemment souhaitable chez de futurs représentants de l'État, auxquels on ne demande pas au premier chef d'être "eux-mêmes", comme à des animateurs de clubs de vacances. »


renaud-camus-copie-1.jpgRenaud Camus

 

Cette opinion, formulée par l’un de nos plus brillants prosateurs, m’a ébranlé. Et puis, mon trouble passé, j’ai retourné ma réflexion dans le bon sens.

Je m’étonne que Renaud Camus, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, qui cultive pour lui-même une mise surannée assortie à ses idées politiques, s’alarme que des candidats à la plus emblématique de nos pépinières d’élites laissent à leurs vêtements le soin de dire un peu qui ils sont.

Je m’étonne qu’il en vienne à souhaiter (au moins implicitement) que le recrutement à l’Ena se fasse sur un modèle quasi militaire.

Je m’étonne qu’il assimile à de vulgaires animateurs de clubs de vacances ceux des candidats qui ont cherché à se soustraire à l’uniformité ambiante par des audaces vestimentaires au demeurant fort limitées.

La grisaille énarchique m’inquiète. C’est sous elle qu’on fabrique de futurs monstres froids.

Au vrai, dans quelle mesure Renaud Camus, esprit original et volontiers provocateur, croit-il ce qu’il dit ? Les nombreuses nuances qui émaillent son propos permettent de s’interroger : « un certain degré… gommage calculé… aspects les plus saillants… semble ».

Ah ! Si le monde était bien fait, il aurait permis que Madame Pappalardo écrivît aussi bien que Renaud Camus et que Renaud Camus pensât aussi juste que Madame Pappalardo ! 

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 06:25

Etre catho serait tendance. Alix de Saint-André, ex Canal+ et actuellement journaliste au très progressiste Elle, a raconté dans En avant, route ! son pèlerinage à Compostelle, et Thierry Bizot, prospère producteur de télévision, dans Catholique anonyme, sa conversion. Thierry Ardisson évoque avec le même naturel sa fréquentation des églises et des boîtes échangistes. Steve Gunnel, ancien membre du boys band Alliage, fait régulièrement la tournée des lycées pour témoigner de sa foi. Frigide Barjot, inoubliable interprète de Fais-moi l’amour avec deux doigts et femme de l’échotier people de Voici, se revendique groupie de Benoît XVI. Il y a quelques semaines, elle animait, en compagnie de la pornographe Catherine Millet, une « tente de l’amour » à l’occasion du « Parvis des Gentils » devant Notre-Dame. Les Prêtres, coachés par le sémillant Monseigneur di Falco, ont battu des records de ventes et le film Des Dieux et des hommes de l’agnostique, sinon athée, Xavier Beauvois a fait un carton.


frigide-barjot.jpgFrigide barjot et son mari Basile de Koch

 

Voilà pour les paillettes médiatiques.

La réalité dominicale est moins exotique. Eglises presque vides. Assistance se partageant entre personnes âgées et familles bourgeoises BCBG. Tous les membres de celles-ci invariablement souriants – parce que, n’est-ce pas, chaque minute de vie est un don de Dieu et que Jésus a vaincu la mort.

Le janséniste Pascal doit se retourner dans sa tombe, pour qui le Christ était à l’agonie jusqu’à la fin du monde et qui écrivit ces lignes définitives et glaçantes : « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste : on jette de la terre sur la tête et en voilà pour jamais. »

Il ne manquerait plus que la mode s’en mêle. Mais c’est fait ! Il était temps, notez-le bien : encore un peu et vous m’auriez reproché de sortir de mon sujet. Dans un récent L’Express Style, la renifleuse de tendances Elvira Masson écrivait : « Catho et cathotte 2011 sont parfaitement dans l’air du temps, misant sur la qualité des matières et faisant triompher travaux manuels, recyclage et vintage. Ils ne cèdent pas au diktat des marques et (…) jouent l’équilibre entre fringues neuves et pièces de braderie. » Et encore : « (…) la cathotte 2011 n’est pas forcément habillée comme un sac. Par sac, on entend : pantacourt, mocassin à picots et chouchou-queue de cheval basse. Naturellement, la mode n’est pas sa priorité. Mais, à sa manière raisonnée et intemporelle, elle va, par-delà la tendance, à l’essence du style. Ca tombe bien. Le monacal chic a le vent en poupe. Fait de sobriété, de chemise blanche et de jean bleu marine, de beige et de grège, de cuir naturel, de duffle-coat  bien coupé, bref une allure prisée par l’air du temps, quelque part entre Céline et APC. »

Si j’ai bien compris, le catho suit moins la mode qu’il n’est rattrapé par elle. Il sera donc dépassé d’ici peu – s’il ne l’a pas déjà été entre le moment où j’ai écrit ces lignes et celui où vous les lisez.

Et Benoît XVI dans tout ça ? Notre modeuse n’en dit mot. Par respect, c’est peu probable. Par désintérêt, plus sûrement. Benoît XVI, icône du style catho ? Il recycle à sa manière : on l’a vu ressortir des placards du Vatican quelques pièces très vintage – la cape de velours rouge décorée d’hermine, le galero, ce chapeau rond d’été à larges bords, ou encore le camauro, un bonnet d’hiver prisé par les papes… au XVIIe siècle.


Benoit-XVI-galero.jpg

 

benoit-XVI-camauro.gif

 

Le vêtement pour Benoît XVI ? Une manière d’affirmer son goût pour la tradition. Par les temps qui courent, un signe de contradiction.

La mode musulmane succèdera-t-elle l’hiver prochain à la mode catho ? Si j’étais styliste (… ce qu’à Dieu ne plaise !) et opposé à la récente interdiction faite aux mères de famille musulmanes de porter un voile lors des sorties scolaires, je ferais tout pour relancer le foulard.

 

BB-foulard.jpgLe foulard, un accessoire à la mode dans les années 60

 

J’imagine déjà nos autorités responsables tenter de faire le tri entre les mères musulmanes voilées et les mères fashionistas en foulard. Non au voile islamique ! Oui au fichu tendance ! Face à pareil casse-tête, la casuistique laïque de notre ministre de l’Education nationale serait mise à rude épreuve. Une réjouissssante pagaille en perspective ! 

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 06:31

Seconde contribution de notre ami Philippe Booch. Merci à lui pour cet article bien senti. 

 

  Hedi SLIMane m’a TueR

 

 slimane1.jpg

 

 

Bon, le Prince machin s’est marié, John Galliano l’ectoplasme nazillon s’est fait licencier, Gbagbo est au chômage; quant à DSK, après ses défroissages façon Hammam, le feuilleton de ses problèmes de cols amidonnés ne fait que commencer…

Nous devrions désormais passer à des choses plus fondamentales.

Parce qu’enfin, un désastre couturier sévit depuis quelques années, et nous ne faisons rien.

Un homme a imposé sa vision de l’élégance masculine, une vision dédiée à sa propre morphologie androgyne.

Hedi Slimane, puisqu’il s’agit de lui, a quitté la maison Dior, après avoir semé le chaos vestimentaire, vers des horizons éternellement ensoleillés.

Il s’amuse et bricole (des publicités, un blog snobinard indigent), retraité à jamais depuis son départ et ses méfaits impardonnables.

Il vit tranquille, impuni et heureux, il n’est pas recherché. Il est oublié du plus grand nombre et adulé par les adorateurs de sa secte, qui croient, les pauvres fous, au retour du Messie chiffonnier.

Personnellement, je demande un procès, pas de prescription, pas de pardon pour les crimes contre la bienséance esthétique.

Une peine exemplaire serait envisageable pour le tailleur étriqué.

Hedi Slimane est un dangereux personnage qui a réduit à néant des décennies d’équilibre vestimentaire, des générations de costumes flattant les hommes qui les portaient.

Il a ridiculisé des millions de gogos en les transformant en bambins asexués condamnés à porter les habits de communiant d’un cousin plus petit.

 

slimane2.jpg 

Regardez ces jambes prises dans des pantalons d’enfant, observez le pathétique de ces éphèbes à épaules étroites. Voyez dans les rues ces vestes dévoilant des fessiers impudiques. Comment ne pas être effrayé par ces grands dadais déambulant fièrement dans des vêtements volés à des enfants de chœur ?

Mais le seul Slimane n’est pas en cause, un autre hurluberlu est venu ajouter sa touche, le dénommé Thom Browne.

Lui, en plus du concept « j’ai dévalisé le rayon 12 ans », a surenchéri avec « les grandes marées c’est chouette, allons à la pêche aux moules » laissant ainsi apparaître des chevilles poilues et des malléoles disgracieuses.
  

 slimane3.jpg

 

Bien sûr, les années 80-90 ont fait beaucoup de mal, c’est sans doute une explication à ce triste retour de balancier.

Nous payons au prix fort une dizaine d’années durant laquelle les hommes sont devenus fous, les flics de Miami (ha les vestes croisées gigantesques) roulaient en Ferrari, Bernard Tapie était un gourou, les brushings étaient étudiés en soufflerie par la NASA et les costumes aux proportions insensées s’inspiraient de Goldorak.

 

slimane4.jpg 

Le vêtement, la fringue, la sape, c’est comme le cinéma, ça doit faire rêver, ça doit donner envie de se déplacer, dans une salle ou dans une boutique.

Le vêtement au cinéma, ça peut faire voyager, on se souvient des costumes affutés des héros de « la corde » de Hitchcock, personne n’a oublié le complet veston bleu de Cary Grant dans « la mort aux trousses » du même auteur. Les costards démesurés de Robert Mitchum, les tweeds de Kirk Douglas, les complets veston affutés de James Stewart donnaient envie d’être un héros conduisant une Cadillac.

La « génération Slimane » et son cortège de vêtements d’écolier ont tué le rêve et ont remis une vieille chanson de Dutronc et Lanzmann au goût du jour :


 « Petit, petit, petit
Tout est mini dans notre vie
Mini-moke et mini-jupe
Mini-moche et lilliput
Il est mini Docteur Schweitzer
Mini mini ça manque d'air
Mini-jupe et mini-moque
Miniature de quoi je me moque 


Militons pour que l’on nous rende des hommes virils, assumant d’être le contraire de la femme.
Que les stars s’habillent comme des stars, pas comme notre voisin de pallier.
Que les gamins de la rue rêvent de s’habiller comme des vedettes, des vraies, des inaccessibles.
 

 slimane5.jpg

 

                                                                                                                                   Philippe Booch

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 06:46

       georges-brassens.jpg

 

Qui pourrait reconnaître dans ce jeune homme qui prend la pose… Georges Brassens ? Brassens, c’est, pour tout le monde, une moustache et des rouflaquettes, d’éternels polos en jersey et de grosses chaussures de marche. Pourtant, Gilles Médioni nous apprend dans un récent Express (n° 3115) que, jeune homme, « Brassens s’habille à la façon des grands séducteurs américains, comme Cary Grant. » Comme Cary Grant, vraiment ? Là, Médioni pousse l’hyperbole un peu loin. La suite de l’article évoque l’évolution vestimentaire du chanteur : « Puis il entre dans sa période bohème : pantalons de velours et cols roulés synthétiques achetés sur le catalogue Manufrance. A chacune de ses tournées, il commande à son tailleur, rue Daguerre, à Paris, " deux costumes qui font déjà vieux ". Qu’il porte avec chemise blanche et cravate noire. " Je ne voudrais pas que l’on pensât que je suis un vieil anar qui se déguise pour aller en scène, précise-t-il. Alors j’aime mieux me déguiser dans la tenue réglementaire. " »

Ce portrait de Brassens en « élégant » est l’une des trouvailles exposées à la Cité de la musique à l’occasion de l’exposition Brassens ou la liberté (jusqu’au 21/08/2011).

Le musée d’Art moderne consacre, lui, une exposition au peintre Van Dongen (jusqu’au 17/07/2011). Le titre de l’exposition, Van Dongen, fauve, anarchiste et mondain, reflète assez bien l’itinéraire contrasté de cet artiste trop souvent réduit à sa seule facette mondaine (1).


van-dongen.jpg

 

Van Dongen avait un physique - belle tête, superbe profil, grande prestance. La vieillesse accentua son caractère. Il fut un magnifique vieillard assumé, ce qui nous change de nos vrais-faux vieux actuels, obsédés de la ride et du cheveu blanc.


van-dongen-crespi-champagne.jpg

 

Toute sa vie, Van Dongen porta une grande attention à sa mise. Claude Lepape et Thierry Defert nous apprennent que, durant la première décennie du XXe siècle, son influence fut certaine dans la modernisation de la tenue de l’artiste peintre : « (…) en chandail à manches longues, en laine bleu marine, pantalon de grosse toile et pieds nus dans des sandales de cuir à lanières, (il) invente une nouvelle image du peintre bohème en abandonnant celle, désuète, du rapin du XIXe en cravate Lavallière et cape (2). »

L’examen attentif des photographies le représentant réserve de belles surprises.


van-dongen-barbe.jpg


van-dongen-bardot.jpg

 

van-dongen-couleur.jpg

 

D’autres peintres surent s’habiller avec personnalité et style : Foujita, Picasso, Balthus… J’y reviendrai une autre fois. Voilà qui, après tout, ne devrait pas étonner de la part de maîtres ès couleurs, motifs et formes.

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1. "On m'a reproché d'aimer le monde, de raffoler de luxe, d'élégances, d'être un snob déguisé en bohème - ou un bohème déguisé en snob. Eh bien oui ! J'aime passionnément mon époque", disait Van Dongen.
2. Claude Lepape et Thierry Defert, Georges Lepape ou l'élégance illustrée, Paris, Hersher, 1983. Cité par Farid Chenoune dans Des modes et des hommes, Flammarion, 1993.

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 06:41

La chose est connue – je l’ai plusieurs fois rappelée : le neuf est l’ennemi de l’élégance. Ce principe est intangible. Je comprends qu’il soit inaudible aux oreilles d’une écrasante majorité de nos contemporains, apôtres de la consommation tous azimuts. Quel jeune homme d’aujourd’hui choisirait de refaire à ses mesures les somptueux costumes qu’il a hérités de son grand-père plutôt que d’en acheter des neufs, griffés et « coupés mode » ? Un homme élégant aime autant un costume pour ce qu’il lui rappelle de moments partagés – heureux ou malheureux – que pour la perfection de sa coupe.

D’aucuns m’accuseront peut-être de snobisme et qualifieront mon propos de paradoxe. Ce faisant, ils commettraient une double erreur. La mode m’indiffère alors que, par définition, elle est la préoccupation principale du snob. Mon propos n’est pas paradoxal puisqu’il ne fait que rappeler un article primordial du code de l’élégance. Article que même les plus connus ont appliqué à la lettre. Le duc de Windsor, qui achetait peu, usait ses vêtements jusqu’à la corde. Son célèbre « chic fatigué » tenait en partie à cela. La plupart de ses costumes, Gianni Agnelli les fit faire dans les années 50 – et il les porta jusqu’à sa mort. Son préféré, dit-on, avait été troué à la manche par une brûlure de cigarette. Qui s’alarme de l’état des souliers du prince Charles sur cette photo (« Le radin ! il a pas les moyens, peut-être, d’en acheter des neufs ! ») révèle son ignorance :


prince-charles-chaussures.jpg

 

La haine du neuf a poussé certains vers l’excès, la provocation. « Les dandys, lit-on dans Le Dandysme  de Barbey d’Aurevilly, ont eu la fantaisie de l’habit râpé. Ils étaient à bout d’impertinence, ils n’en pouvaient plus. Ils trouvèrent celle-là, (…) de faire râper leurs habits, avant de les mettre, dans toute l’étendue de l’étoffe, jusqu’à ce qu’elle ne fût plus qu’une espèce de dentelle, - une nuée. L’opération était délicate et très longue, et on se servait, pour l’accomplir, d’un morceau de verre aiguisé. » Dans  Le Chic anglais , James Darwen explique comment vieillir un trench (la tourbe !) et un barbour (un séjour de neuf mois dans le lac de Windermere !) Rien de mieux que l’humour (surtout quand il est anglais… mais en existe-t-il un autre ? Nous, nous avons la fantaisie, l’esprit… - ce n’est pas la même chose) pour rappeler certaines vérités.

Cela dit, le temps seul confère aux habits leur patine idoine. Proscrivons le faux vieux (patines artificielles et voyantes des souliers par exemple – pratique très en vogue…) et apprenons plutôt l’art de mélanger le neuf et le vieux. Jamais plus d’un élément neuf dans une tenue. On peut encore, comme le disait le susnommé Darwen, « mettre (ses) costumes neufs dans des occasions peu importantes, au bureau par exemple » ou, comme Brummell, les faire porter par son valet (un ami fera l’affaire…) jusqu’à ce qu’ils aient l’air vieux qui convient !

« Mais l’hygiène ! » se récrieront certains. Quoi, l’hygiène ? Le vieux n’est pas le sale. A ce propos, où place-t-on le curseur ? Nos contemporains, hygiénistes à tout crin, ont tôt fait de décréter « sale » ce qui ne l’est pas. Il faut les voir – drapés dans leur vanité toute blanche – plaindre les « pouilleux » d’autrefois. Mais le monde tournait avant que ne tournent les tambours des lave-linge (1) ! Nos intégristes du propre ont l’excommunication facile. Un jour, un ami me demanda comment je « lavais » (sic) mon Barbour. Je lui répondis que je ne le lavais pas, mais que je le faisais regraisser de temps en temps. « Mais la doublure ! » lança-t-il alors. Je lui expliquai que mon barbour avait dix ans d’âge et que je n’avais jamais touché à la doublure, sinon pour la faire recoudre à certains endroits. A sa mine dégoûtée, je compris que je venais d’infliger à notre amitié une épreuve dont elle risquait de ne pas se remettre. Je venais d’entacher ma réputation de façon quasi indélébile…

Moins les vestes, costumes et manteaux connaissent le teinturier et mieux ils se portent. L’aération, le bain de vapeur et le coup de brosse suffisent à leur entretien. Quant aux taches, un traitement au cas par cas en vient presque toujours à bout. Le linge de corps – en contact direct avec nos humeurs animales – se doit, en revanche, d’être impeccable. Curieuse époque où l’on s’offusque qu’un beau manteau soit préservé des tortures du pressing mais où l’on trouve naturel que les chemises ne puissent être lavées à plus de 30° !

Comment le dire ?... L’élégance naît d’une intimité mystérieuse entre l’homme et son vêtement. L’homme élégant se situe à l’opposé du mannequin qui, pour un court moment, s’exhibe dans un habit d’emprunt. L’intimité s’inscrit dans la durée. Elle finit par se confondre avec l’identité. Identité entre le porteur et la chose portée (un peu comme dans les vieux couples l’un ressemble à l’autre, et vice versa) ; identité que confère la chose portée à celui qui la porte : on est ce qu’on porte. Le temps donne leur caractère aux êtres et aux choses. Les plis d’un vêtement sont comme les rides d’un visage. Les plus beaux vêtements n’ont jamais l’air tiré de leur boîte et les hommes les plus élégants ne sont jamais des jouvenceaux.


costume-elime-un.jpg


costume-elime-deux-copie-1.jpgSource : The Sartorialist

 

Ne vivez pas dans la crainte d’abîmer vos vêtements. Vive les costumes froissés et élimés ! « On peut être dandy avec un habit chiffonné »,  disait Barbey. Et Yves Saint Laurent : « Plus on porte mes vêtements, plus ils sont beaux. »

Si vous suivez mes conseils, vous éprouverez, enfin, la merveilleuse, l’incomparable, l’irremplaçable satisfaction de ne pas être du troupeau.

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1. Dans  Fils de ploucs  (Ouest-France éditions), Jean Rohou (Breton, mais pas chouan !) explique à propos de l’hygiène rudimentaire qui avait cours durant son enfance au pays léonard : « Je vous assure que nous ne sentions pas mauvais. Je l’ai vérifié par la suite, sur les gens restés au pays, avec mon odorat urbanisé. C’est chez les jeunes de Mai 68 que j’ai découvert la puanteur humaine. La grande libération consista alors à ne pas se laver. Or, les enzymes de ces civilisés avaient apparemment désappris la capacité naturelle d’autonettoyage. Peut-être à cause d’une forme de révolte libératrice : ils dormaient le moins possible, ils étaient épuisés et leurs vêtements synthétiques n’absorbaient pas la sueur comme le faisaient nos tissus naturels. »

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 14:06

 

dominique-strauss-kahn.jpg

 

Ca, un costume à 35000 dollars ?

Dominique, contacte-moi.

Si tu veux, je peux te filer l’adresse d’un petit tailleur de province qui te fera faire des économies et t’habillera beaucoup mieux.

La différence (environ le tiers d’une Panamera tout de même…), tu pourrais la verser aux bonnes œuvres du Parti socialiste. Un beau geste qui te rendrait populaire auprès de la base. Et qui tordrait le nez à ce plouc de Hollande.

Quel temps, aujourd'hui, à Washington ?

Gros bécots d'ici. 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 06:47

Le Chouan « ronchouanne » assez souvent. Mais il sait se réjouir quand des signes encourageants se présentent. Voici, en vrac, quelques récents motifs de satisfaction.

- Le retour, ici et là, de la couleur. Voir le succès de la marque Vicomte Arthur qui s’est fait une spécialité des vêtements aux couleurs franches (1). Marque, néanmoins, fortement connotée « jeunes bourges ». Un atout pour se créer rapidement une clientèle ; un handicap à plus long terme. Voir le succès du site Mes Chaussettes rouges qui, avec sa gamme Mazarin, a diversifié sa palette. Un vrai bouquet de printemps !


mazarin.jpgMazarin grand faiseur chez Mes chaussettes rouges

 

- La chute de John Galliano. Non pas que le naufrage d’un homme me réjouisse, mais parce que cette chute, si j’en crois la journaliste du Monde Véronique Lorelle (édition du 3 mars), « sonne le glas du règne des créateurs stars ». Je cite : « Si le monde de la mode reste sans voix après la chute de John Galliano, c’est parce qu’il perçoit confusément qu’elle marque la fin d’une époque (…) " Le règne des créateurs stars est terminé ", affirme un observateur (…) sous couvert d’anonymat (…) " C’est la fin du créateur qui vit dans sa sphère ", analyse Julien Fournié, qui, avec Maxime Simoens et Alexandre Vauthier, fait partie des jeunes créateurs invités à défiler dans le calendrier officiel de la haute couture. " Nous ne sommes plus uniquement dans l’amusement, mais devons proposer des vêtements qui peuvent descendre dans la rue et plaire aux femmes. " Le mythe du créateur omnipotent qui dessine les collections, les accessoires, décide de la mise en scène du défilé, a lui aussi vécu. » Il est à parier que cette évolution,  si elle se vérifie, touchera aussi le petit monde des créateurs pour Homme.

- Le retour de certains classiques. Voir celui de la veste matelassée à la rentrée dernière. Voir ceux du pantalon chino et du mocassin souple pour ce printemps (cf. « Les 6 its mode de la saison », selon les Galeries Lafayette).


chino-galeries.jpg

mocassin-souple.jpg

 

- Le recul des montres au cadran surdimensionné au profit de montres aux proportions plus élégantes. Et la redécouverte de la montre extra plate. Une montre, c’est au poignet qu’on peut bien juger de son esthétique. Et, au poignet, quoi de plus élégant qu’une montre extra plate ? Certaines grosses montres sont de magnifiques objets d’horlogerie en soi - mais définitivement importables. Quelques belles extra plates : Jules, Audemars Piguet (mais 41 mm de diamètre tout de même…) ; Patrimony, Vacheron Constantin (31,5 mm) ; Master ultra thin, Jaeger (34 mm) ; Altiplano, Piaget (la taille minimum – 38 mm – est largement suffisante).

jules-audemars.png

 

patrimony-vacheron-def.jpg

jaeger-master-ultra-thin.jpg

altiplano-piaget-def.jpg

 

Allez, tout n’est pas perdu !

_______________________________________________________________________________________________________________1. 1. Les noms de leurs collections (Saint-Barth, Saint-Tropez...) me laissent pantois. 

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 07:10

La mise de François Fillon ne laisse pas indifférent. Le Figaro l’a récemment qualifié d’ « esthète ». Il y a quelques mois, un jury de spécialistes (mettez des guillemets, s.v.p) l'a sacré « champion du look », juste derrière Rama Yade… et  ex aequo avec Daniel Cohn Bendit (quand je vous disais de mettre des guillemets…). Anne Boulay, rédactrice en chef de GQ, n’a pas hésité à parler de lui comme de « l’homme le mieux habillé de France ».

Couleurs, matières, coupes : François Fillon aime, c’est visible, le vêtement. A côté d’un Jean-Louis Borloo ou d’un Xavier Bertrand, il fait figure de louable et rafraîchissante exception. Sa connaissance des codes lui évite de s’en remettre à quelque conseiller en image inculte. Rien que pour cela, on aurait envie de lui dire merci. Epaules naturelles ; cran tailleur ; poches de veste taillées en biais ; ouverture généreuse sur le devant de la veste qui, découvrant un pantalon à taille haute, donne, comme disent les tailleurs, de la jambe : autant de détails qui trahissent le fournisseur, la vénérable et très parisienne maison Arnys.

 

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Avoir un bon fournisseur est une chose. Avoir le goût qui donne un style personnel en est une autre. Que penser, à ce sujet, de François Fillon ? Pas d’audaces dans le choix des costumes (par exemple, pas de franches et larges rayures tennis qui, pourtant, allongeraient la silhouette), ni dans celui des chemises (pas de rayures pyjama) ou des cravates (beaucoup de cravates unies ou à petits motifs). François Fillon prend soin de ne pas s’aventurer hors des chemins balisés de l’élégance classique. Au moins doit-on lui savoir gré de les emprunter. Il ne risque pas d’y croiser beaucoup de ses pairs.

« Pas d’audaces ? » s’étonneront certains. « Mais ces chaussettes rouges ! Mais ce gros chrono porté avec des costumes de ville ! Mais cette veste sans col osée l’autre été à Brégançon lors d’une visite au président ! »

 

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francois-fillon-forestiere.jpg Source : Le Point

 

 

Pour un connaisseur, ces audaces n’en sont pas. Les chaussettes rouges – des Gammarelli -, Edouard Balladur en portait déjà il y a vingt ans. Récemment, on a même vu ces chaussettes de cardinal aux pieds de Michel Charasse, gros bouffeur de curé devant l’Eternel. Tout se perd… Le gros chrono – un Scuderia Ventidue 22 de chez I&MT – accompagnant un costume de ville est un vieux truc d’élégants italiens passé dans l’usage depuis plusieurs années. Quant à la désormais célèbre veste sans col arborée à Brégançon – une « forestière » de chez Arnys -, vous noterez que François Fillon l’avait choisie bleue, ce qui en faisait un simple succédané de blazer. Et ce qui seyait mal, à mon sens, à ce vêtement d’inspiration rurale. Ajoutez le pantalon beige clair et les mocassins Weston chocolat, et vous reconnaîtrez que dans le genre audacieux, on a vu beaucoup mieux.

François Fillon me fait irrésistiblement penser à José Maria Aznar, l’ancien premier ministre espagnol. Si, si. Mettez-lui une moustache. Ou rasez celle d’Aznar.

 

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Même âge, à un an près. Même physique  passe-partout. Même regard sombre et fiévreux. Et même goût des beaux habits. Mais Aznar a opté pour une coupe plus ajustée, italienne. Un bon choix. La mise de notre premier ministre est plus conventionnelle. Une mise de notable ou, pour parler comme Fadela Amara, de « bourgeois de la Sarthe ». Admettons toutefois que François Fillon est plus difficile à habiller que son alter ego espagnol à cause, notamment, de son absence de cou… et d’un début de ventre.

On sent François Fillon tiraillé entre son respect de la tradition et son attirance pour la transgression. Cet homme est constamment retenu, contenu. Il est en perpétuel état de vigilance. A la longue, cela doit être épuisant. On comprend que le pilotage d’engins de course soit, pour lui, comme une récréation mentale. En matière vestimentaire, ses dérapages aussi sont contrôlés. Il voudrait bien, mais il n’ose pas. Question, sans doute, de statut et d’éducation. Il n’est pas, lui, un homme de la rupture. Le look BCBG des eighties reste sa référence. Voyez, par exemple, comme il a du mal à renoncer à sa mèche. Quand il chausse des mocassins, ce sont, on l’a dit, des Weston. Il aime le blazer, le jean coupé large, le loden, le pull sur les épaules… Fillon, c’est un peu un Didier Bourdon du clip Auteuil, Neuilly, Passy qui aurait plutôt bien vieilli.

François Fillon a bon goût. A-t-il du goût ? Pour le savoir, on attend qu’il se lâche. Qu’il suive sa pente - pourvu que ce soit à la façon de Gide : en montant. En attendant, son style est emprunté. Emprunté au bon usage et à son fournisseur.  

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 06:56

Quels magazines traitent, dans notre langue, d’élégance masculine ? Mes connaissances sur le sujet sont limitées. Vous me pardonnerez, s’il vous plaît, mes insuffisances, mes approximations, voire mes erreurs. Et puis, je compte sur vous pour corriger, nuancer, développer.

Il y a Dandy. Les tout premiers numéros étaient excellents, qui mettaient en avant la nécessaire culture du vêtement, qui renseignaient sur les détails d’une belle fabrication. Hélas, tout a changé très vite, au prétexte que ces numéros ressemblaient trop à des  « livres » (dixit son rédacteur en chef) et pas assez à des magazines. Qu’en est-il aujourd’hui ? La revue existe encore mais sa diffusion doit en être confidentielle. Elle n’arrive pas, en tout cas, jusqu’en pays chouan !

 

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Il y a Monsieur. Ma collection est complète à deux exceptions près. Présentation agréable. Positionnement (disons « classic with a twist ») me convenant. Mais contenu léger. J’aime bien la page « Eléments de style ». La rubrique « L’oeil » m’horripile. Monsieur cultive un entre-soi dans lequel je ne me reconnais pas. Trop typé « business » et pas assez culture. Il faut aussi faire avec les fautes d’orthographe et une publicité qui ne se cantonne pas aux « espaces », pourtant très nombreux, qui lui sont réservés.

 

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GQ ? Touffu, ratissant large et, finalement, assez plaisant. J’ai le souvenir de quelques articles – sur l’élégance et les peintres ou les écrivains notamment – qui m’avaient bien plu. J’aimais bien la « Style Académie ». J’emploie le passé car depuis le départ de Beaugé, la rubrique, à mon sens, a beaucoup perdu de son intérêt.

 

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Edgar ? Pas fait pour moi.

 

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La mode masculine fait aussi l’objet d’un traitement épisodique dans la presse dite « généraliste ». Voir les numéros ou suppléments « spécial homme » de L’Express ou du Figaro Madame… Pour être au courant de la mode comme elle va (… ou ne va pas) mais certainement pas pour recevoir des leçons de style.

 

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Dans l’ensemble, l’offre est mince et la nourriture frugale. Pourtant, la matière ne manque pas ! Un peu d’imagination, que diable ! Ces quelques idées, exactement comme elles me viennent : des présentations de grandes maisons – leur histoire, leur apport -, maisons existantes ou ayant existé ; des fiches techniques sur les matières et certaines pièces du vestiaire (un peu dans l’esprit du remarquable travail de SC) ; une élaboration progressive et raisonnée du « dress code » ; les techniques de fabrication –  en sur mesure ou en pap de qualité (cf. SC encore !) - ; des entretiens approfondis qui nous changeraient des sempiternelles interview-types , énièmes déclinaisons du questionnaire dit de Proust, qui vous remplissent une page sans fatigue ; une évocation d’  « icônes » (… pour parler mode !) du style : Monsieur le fit et puis, allez savoir pourquoi, y renonça ; des pages choisies et commentées de revues d’autrefois ; une histoire de la mode sous forme, par exemple, de feuilleton ; une présentation personnalisée des tailleurs de Paris et de province ; les relations élégance et arts – peinture, littérature, cinéma ; le rôle des couleurs et des motifs – leur histoire , leur symbolique, leurs accords et désaccords ; des photos de lecteurs proposant leurs propres tenues (genre Sartorialist) ; des vêtements à l’essai (comme, naguère, Pointures le faisait pour les chaussures) ; une approche sociologique, voire philosophique du vêtement… Que sais-je encore ?

Il serait instructif de comparer ce que, sur une durée équivalente, peuvent proposer quelques blogueurs amateurs et un magazine spécialisé. D’un côté, quelques solitaires passionnés ; de l’autre, une équipe de professionnels. Qui l’emporterait ? Vous me permettrez de réserver ma réponse.

L’internet a changé la donne. Grâce à lui, un public pointu et exigeant s’est fait connaître. Il serait grand temps que nos « professionnels de la profession » tiennent compte de cette (r)évolution. Sauf à considérer que ce public de qualité ne les intéresse pas.

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