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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 08:00

J’aime bien regarder le dimanche matin On n’est pas couché. Le dimanche matin, oui, car j’enregistre cette interminable émission le samedi soir et je la visionne à mon rythme le dimanche matin. Je fais alors chauffer la touche « avance rapide » de ma télécommande : comme vous, j’imagine, ce qui m’intéresse avant tout, ce sont les passes d’armes entre les invités et les deux Eric (Naulleau et Zemmour).

J’écoute et je regarde. Laurent Ruquier renifle, glousse, s’esclaffe à ses blagues d’un autre temps. Les invités lui sourient avec un air souvent gêné. Ils sont polis avec leur hôte qui, quand  ils se feront étriller par les deux compères, prendra assez hypocritement leur défense – surtout s’ils ont du pouvoir.


on-n-est-pas-couche-plareau-bleu.jpg


Le public est baigné dans une lumière bleue très Avatar. Il s’ennuie souvent, se dissipe, bâille… De jolies filles occupent généralement les premiers rangs. Il y a presque toujours une invitée « sexy » qui, présente dès le début de l’émission, s’installera la dernière dans le fauteuil de l’interviewé(e) : allez savoir pourquoi !

Les nombreux plans de coupe offrent aux téléspectateurs masculins des respirations salutaires et des aperçus agréables : la caméra aime s’attarder sur les jupes courtes, les décolletés plongeants, les talons hauts…

L’apparence des hommes m’intéresse aussi, mais pour d’autres raisons. Elle présente une image assez révélatrice des tendances du moment. L’émission de samedi dernier ne dérogeait pas à la règle. Les teintes sombres dominaient. Comme à son habitude, Laurent Ruquier était vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche. L’invité d’honneur, Bernard-Henri Lévy, portait une tenue identique, mais d’une facture bien supérieure : d’un côté du PAP et de l’autre du sur mesure. Sur mesure aussi les chaussures du second – des mocassins à discrètes talonnettes. Les plans le montrant de profil dévoilaient, à un œil averti, le subterfuge. Quoi de plus normal, après tout, qu’un philosophe veuille prendre de la hauteur ?

Du noir et du blanc encore pour Yann Moix, mais déclinés d’une autre manière : du blanc pour la chemise, du noir pour la cravate. Son cas mérite un arrêt sur image car il illustre à merveille le look dit « bobo ». L'une des dominantes de ce nouveau conformisme vestimentaire très en vogue dans les milieux branchés est la suivante : se montrer dans l’état où l’on est quand on n’a pas fini de s’apprêter. Ainsi Yann Moix arborait-il une cravate dénouée, des manchettes de chemise déboutonnées, des cheveux mal coiffés, une barbe de trois jours… Les époques changent, le snobisme demeure. « En 1822, écrit Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe, le fashionable (…) devait avoir quelque chose de négligé dans sa personne, la barbe non pas entière, non pas rasée, mais grandie un moment par surprise, par oubli ».

 

yann-moix.jpgYann Moix

 

Sur le plateau, on pouvait repérer quelques autres spécimens de cette étrange ethnie : Jean Teulé, faiseur de livres millionnaire à l'allure cradingue concertée - coeur à gauche, portefeuille à droite et Jaeger Reverso en or au poignet; Arno Klarsfeld, célèbre avocat à roulettes, au visage torturé d'un Raskolnikov; Eric Naulleau, costume noir et barbe timide, et, avec ça, un drôle de gilet et une chemise rose ! Son aspect « nounours » rend touchants ses efforts répétés de coquetterie.

La tenue de l’autre Eric - pas bobo, lui, pour deux sous - défiait, par sa banalité, le commentaire : costume gris, chemise bleu très clair ou blanche, je ne sais plus. Physique ingrat que le sien – il ressemble à un suricate -, mais que sauvent des mains fines et de beaux yeux proustiens.

Au milieu de toute cette tristesse, le pull bleu roi d’Arno Klarsfeld avait quelque chose de réconfortant. Au rayon des couleurs, il y avait aussi la robe rouge d’Amandine Bourgeois. Sur certains plans, le pull bleu de Klarsfeld, la chemise blanche de Moix et la robe rouge d’Amandine donnaient au plateau une touche patriotique qui n’a pas dû déplaire à Zemmour.  

Cela dit, malgré sa robe rouge et ses talons aiguilles renversants, Amandine Bourgeois n’était guère convaincante dans le rôle de l’invitée « sexy ». Mais les goûts et les couleurs…   

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 07:50

Le Dandy n°25 (le dernier que le hasard m’a fait acheter : la ligne éditoriale de ce magazine m'a désorienté plus tôt que PG; à dire vrai, seuls les trois premiers numéros m'avaient vraiment convaincu : des collectors, comme on dit…) recèle une interview très intéressante de Lorenzo Cifonelli. Ce qu’il dit mérite d’être écouté. Et médité. On appréciera sa liberté de ton, notamment quand il parle de certains de ses confrères. Morceaux choisis avec intertitres de mon cru.

S’adapter au client. « On ne fait aucune veste pour nous, c’est le client qui porte le costume, et c’est pourquoi il est important de parler, lors des prises de mesure, à l’essayage, pour savoir comment il vit avec ses costumes. Mais ensuite, il faut écouter sans suivre, parce qu’il y a parfois des contradictions : il faut savoir capter le désir du client, et parfois on ne fait pas exactement ce qu’il demande. »


dandy-vingt-cinq-def.jpg

Les contraintes morphologiques. « Les costumes aux épaules très battues (entendez très basses) ne conviennent pas aux personnes qui ont les épaules un peu droites (…) Pareil pour les gens qui ont les épaules en cintre, donc basses, et veulent une veste à épaules hautes (…) Une personne qui est assez droite au niveau des épaules a intérêt à avoir des vestes plus droites, et non un modèle à épaules napolitaines, plus tombantes, car ce sont les contrastes avec le corps qui créent les problèmes, et il faut les limiter autant que possible. (…) Une épaule battue, tombante, habille moins facilement qu’une épaule droite qui a plus de padding, mais elle a plus de charme, et il faut savoir faire un mix des deux : comme en tout, un bon équilibre est affaire de compromis. »

L’importance de la ligne et de la coupe. « Il y a des costumes en prêt-à-porter qui sont meilleurs que d’autres en mesure (…) On dit : « C’est bien parce que c’est fait à la main », mais pas du tout ! C’est justement parce que c’est fait à la main qu’il y a plus de risques pour que ce soit mal fait ! (…) Les tailleurs oublient trop souvent que l’important, c’est le style. C’est important que les revers soient piqués à la main et les toiles montées à la main, mais à la fin on peut avoir tout fait à la main et que la veste ne ressemble à rien ! (…) Il m’arrive de voir des clients de vestes prêtes à porter qui ont une jolie ligne, et à l’inverse des costumes mesure qui n’en ont pas, parce que le tailleur a négligé la coupe et le style. »

 

Dans L’Express Styles spécial mode hiver (L’Express, n° 3036), Isabel Marant « confie les dessous » de sa mode. Elle parle des femmes, bien sûr, mais les propos que je rapporte peuvent s’appliquer aux hommes.

Les femmes qu’elle habille. « Je travaille pour des femmes qui font attention à elles, mais qui ne veulent pas trop le montrer, qui sont discrètes mais avec du caractère. »

Son idée de la mode. « Pour moi, un vêtement réussi est un vêtement qu’on garde pendant des années, dont on n’arrive pas à se séparer. Je déteste la mode kleenex, tape-à-l’œil. J’aime le classicisme qui traverse les époques, la veste qui se déforme sur vous et qui vous va toujours bien. (…) Je n’aime pas les vêtements qui ont l’air neufs, ceux qu’on n’ose pas porter de peur de les abîmer. J’ai envie de faire de la mode, sans qu’elle se démode. »

Ses inspirations. « J’ai en moi ce côté un peu vintage (…) ; l’amour de l’artisanat, du savoir-faire. »

 isabel-marant-photographiee-par-I.-van-Lamsweerde-et-Vinoo.jpg

Isabel Marant, par Inès Van Lamsweerde et Vinoodh Matadin


Ces extraits ne sont-ils pas réconfortants ? Je précise qu’Isabel Marant et Lorenzo Cifonelli sont respectivement âgés de 42 et 40 ans.    

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 08:18

Les défilés Prêts-à-porter Automne-hiver 2011 ont eu lieu le mois dernier à Milan et à Paris. Joël Morio dans  Le Monde leur a consacré plusieurs pleines pages.

Ce que j’en ai retenu :

- Les défilés n’oublient pas, même en temps de crise, d’être spectaculaires. « A l’issue du défilé Kenzo, écrit Morio, les modèles tournaient autour de la statue de Louis XIV, place des Victoires, tandis qu’une cohorte de DS envahissaient la chaussée. » Pourquoi des DS ? me direz-vous. Patientez un peu : je vais vous le dire… Chez Moncler Gamme Bleu, « les mannequins ont attendu allongés sur des lits de camp, au chaud sous une couverture, pendant que les invités s’installaient. Lorsque le spectacle a commencé, ces jeunes hommes ont enfilé leurs chaudes tenues pour effectuer ensuite un ballet à l’allure militaire. » Corneliani  avait choisi, pour son premier défilé de ce genre, « une gare désaffectée où avaient été dressés 280 arbres. »

- Cela vire au poncif : l’homme doit assumer sa part de féminité. Alex Mabille, nouveau venu de 32 ans, a présenté « une ligne de sous vêtements avec détails en velours ou résille pour hommes qui se veulent "chic (sic) et "sexy"». Yohan Sarfaty tend à l’androgynie : « J’essaie de trouver le juste équilibre entre force et fragilité. » Raf Simons fait porter des jupes avec des trenchs.

 

alex-mabille.jpg

  Alex Mabille


- Le futur inspire les créateurs – Armani, avec des  « pulls hérissés de pointes » ; Versace, puisant son inspiration dans un film de science-fiction, Tron de Steven Lisberger. L’originalité, c’est que ce film date de 1982. Ce futur-là se situe donc dans le passé… vous me suivez ? Mode et futurisme : le duo a de la bouteille ; qu’on se souvienne de Cardin, Paco Rabanne, Courrèges… Rien de nouveau, donc, sous les sunlights.


armani.jpg

Emporio Armani


- Le passé – ou, du moins, une certaine traditionpointe le bout de la cravate chez Zegna et Dolce Gabbana. Les amoureux de la couleur resteront sur leur faim : point de salut hors le gris et le noir.


zegna.jpgZegna

Qui  eût cru qu’un jour Monsieur Hulot deviendrait un inspirateur de tendance ? Antonio Marras, chez Kenzo, a osé cette incongruité. D’où des vestes et des pantalons trop courts. D’où, aussi, en forme de clin d’œil au réalisateur de Trafic, la ronde (pas l’Aronde : ça, c’était chez Simca...) des DS Citroën dont je vous parlais tout à l’heure. Moi, quand je cite Monsieur Hulot (cf Mes essentiels : le pantalon, I . Quelle hauteur ? Quelle longueur ?, Mes essentiels : la chaussette I), c’est pour sourire ! Mais je n’avais rien compris. Signalons, au passage, que la veste courte, énième déclinaison de la veste « ras-de-pet » des années 30, semble avoir, si je puis dire, le vent en poupe : elle est également à l’honneur chez Lanvin et Hermès. John Galliano revisite, quant à lui, le vestiaire de l’époque victorienne. Cela donne, il faut le reconnaître, quelques résultats très intéressants. Et l’on se prend à rêver à ce que seraient des défilés qui célébreraient l'élégance et la beauté.


 john-galliano-def-un.jpg 

john-galliano-def-deux.jpg

 

john-galliano-def-trois.jpg

John Galliano


- Kris Van Assche, successeur d’Hedi Slimane chez Dior, s’autorise un droit d’inventaire : « L’apport de Dior est tellement important qu’il était devenu le look de la rue. Quand toutes les marques de la grande distribution vous copient, vous êtes obligés de passer à autre chose (…) Le costume noir dont j’ai hérité était un peu étriqué et manquait de confort. La silhouette était raide, un peu comme un carcan. » Voilà trois ans que Kris Van Assche a remplacé Slimane : le bon sens marche parfois à un pas de sénateur.

- Les mannequins font toujours la gueule. Même, c’est un comble, quand ils jouent les Monsieur Hulot !


kenzo-hulot.jpgKenzo

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 09:11

chouan-jpg


L’intérêt d’un blog ne se limite pas aux articles publiés. Les commentaires de ses lecteurs le font vivre et contribuent grandement à lui donner sa couleur, son ton.

A ce propos, permettez-moi de vous remercier de vos contributions dont la qualité et la tenue sont, pour moi, un motif de satisfaction et un signe d'encouragement.

Je ne me suis jamais trouvé dans l’obligation de censurer quiconque ; tout au plus ai-je décidé de mettre à la corbeille trois faux commentaires… mais vraies publicités.

L'inscription à ma newsletter permet à ceux qui le désirent de connaître à la fin de chaque mois le programme du mois suivant.

Amicalement.

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 08:30

Mon précédent article m’offre l’occasion de revenir sur un point que j’avais déjà abordé il y a plusieurs mois (cf. Des grands tailleurs ). Il concerne l’évolution du métier de tailleur.

On a pu joliment écrire, à propos du groupe des Cinq, qu'il fut "le chant du cygne" des tailleurs. Mais le cygne n'était peut-être pas... blanc comme neige : ce groupe, par ses innovations discutables (deux collections l'an, suppression de certaines poches, utilisation de couleurs pastel pour les costumes et les vestes, introduction du sac à main pour l'homme...), ne contribua-t-il pas à brouiller l'image d'une profession en perte de vitesse ? Quoi qu'il en soit, les couturiers, stylistes et « créateurs » ont remplacé les tailleurs. Le prêt-à-porter dicte sa loi. On ne peut que se réjouir du regain d’intérêt suscité récemment par la grande mesure. Mais ce phénomène, qui ne touche qu’une élite, ne saurait nous faire oublier que la profession de tailleur est  sinistrée. Combien de tailleurs aujourd’hui en France ? Et combien d’apprentis ?

Certains tailleurs eux-mêmes – et parmi les plus en vue – font du mal à leur profession en venant sur le terrain des stylistes. Comme ceux-ci, ils multiplient les « trucs » et les « astuces » qui ne peuvent séduire qu’une clientèle superficielle et sans culture : bas de pantalon trop étroit, revers de pantalon exagérément hauts, boutonnières et coutures contrastantes, cravate sur mesure assortie à la doublure de la veste, etc. Agissant ainsi, ils s’inscrivent dans le cycle de la mode, comme les tailleurs du groupe des Cinq le firent avant eux. Quand la mode changera, ils suivront le changement – et perdront tout crédit. Car ils suivent. Si encore ils précédaient ! Un tailleur digne de ce nom se reconnaît à sa coupe. Une belle coupe, ça ne fait pas un pli – et ça ne prend jamais de rides ! Il travaille selon les règles de l’art. Il n’a que faire d’attrape-nigauds tape à l’œil, prétentieux et souvent inesthétiques.

La confection et la demi-mesure ont beau jeu, quant à elles, de multiplier les finitions dites « sartoriale » que permet la technique. Ce faisant, elles pensent s’approprier à peu de frais le lustre qui leur manquait. Mais leur lustre faisandé n’impressionne que les ignorants.

A ce mélange des genres, la confection a tout à gagner. Et la mesure tout à perdre.

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 09:37

Les styles anglais et italien se partagent la planète mode depuis les années 50. Les années 80 ont été dominées par le style anglais. Le style italien domine nos années 2000. Pantalon étroit, sans pinces et sans revers, chaussures fines et cambrées : autant de reprises de la mode italienne des années 50. On a revisité récemment l’héritage d’un Gianni Agnelli. Il y a vingt ans, la référence était le prince Charles. Le sacre récent de celui-ci par Esquire en tant qu’homme le plus élégant du monde (… pour l’autre sacre, il attendra !) annonce-t-il le retour en grâce du style anglais ? Le succès grandissant d’une marque comme Hackett semble aller dans ce sens.

D’autres styles existent, mais ils n’ont jamais acquis le renom des deux autres. Le style autrichien n’est pas exportable. Le style américain fut d’abord une adaptation nationale du style anglais. L’un comme l’autre méritent néanmoins, à des degrés différents, notre attention. Qui oserait nier que l’Ivy League (1) ait influencé – et influence encore – la garde-robe des élégants du monde entier ?

Très bien, me direz-vous, mais qu’en est-il du style français ? On aimerait croire à son existence. On tente régulièrement d’en tracer les contours. Mais force est d’admettre que le concept manque de corps et qu’il n’a jamais convaincu les élégants. Son hypothétique existence n’intéresse d’ailleurs que les Français eux-mêmes.

Il y eut, certes, le groupe des Cinq (2) au milieu des années 50 et la  « ligne Cardin » au milieu de la décennie suivante. Les tailleurs du groupe des Cinq tentèrent de créer une « Haute Couture pour Homme » et de diffuser, en France comme à l’étranger, une « coupe française » - notion d’ailleurs contestée à l’époque.


groupe-des-cinqDes hommes et des modes, Farid Chenoune (Flammarion), page 249


La révolution Cardin fut le point de départ d’une confection inventive et de qualité. Son impact dépassa largement nos frontières. « Le nom qui est sur toutes les lèvres dans la mode masculine, c’est Cardin », affirma le New York Times le 1er mars 1966. Mais, aussi intéressantes qu’elles soient, ces tentatives n’ont pas donné naissance à un style français. Remarquons, au reste, que la coupe italienne influença grandement les membres du groupe des Cinq et que la ligne Cardin fut avant tout une évolution de la silhouette britannique. Pour l’anecdote, il est significatif de rappeler que, dans Chapeau melon et bottes de cuir, Patrick Mac Nee, alias John Steed, le très british agent secret de Sa Gracieuse Majesté, était habillé… par Pierre Cardin.


ligne-cardin

 Ibid, page 274

 

Le style français est un des serpents de mer préférés des chroniqueurs de mode en mal d’inspiration. J’ai retrouvé, pour les besoins de mon article, un ancien numéro de Monsieur (n° 13) dans lequel Thierry Billard s’épuisait à faire croire à son existence : « Nos compatriotes, écrivait-il, éprouvent le plus grand mal à distinguer (notre style). » Plus loin : « Le style français existe, mais encore faut-il que les Français eux-mêmes s’en rendent compte. » Et il concluait sur ce point de vue qui dit tout et rien : « Le style français est en somme le style de demain. »

Laissons l’avenir à Dieu et parlons d’aujourd’hui. On loue l’inventivité de certains de nos tailleurs. A propos de Djay, François-Jean Daehn parle de « la renaissance de l’école parisienne face à Savile Row et aux Italiens » (Monsieur, n° 66, p. 60). Sachons raison garder. Quelle « école parisienne » s’agit-il de faire renaître ?  Qui sont les membres de cette école renaissante ? Quel en est le phare ? A quels principes les uns et les autres se rallient-ils ? La coupe d’un Djay et celle de Cifonelli, par exemple, sont très différentes. Parler à leur propos d’une communauté de style serait mensonger. L’individualisme est la marque de notre société. Pourquoi les maîtres tailleurs échapperaient-ils à la règle ? Chacun veut imposer sa différence. Cerner, définir, voire inventer une coupe française ne fait pas partie des préoccupations de nos tailleurs.

On tente généralement de faire émerger les caractéristiques d’un style français par confrontation avec les styles anglais ou italien. Cette façon de procéder porte en elle ses limites. En tant que tel, le style français n’existe donc pas. La France a cessé de donner le ton aux modes masculines à partir du milieu du XVIII° siècle. Ferons-nous un jour le deuil de notre suprématie perdue ? Consolons-nous en songeant à notre haute couture féminine qui, pour le monde entier, reste la référence. La tradition française a placé la femme au centre de la vie mondaine. Devrions-nous le regretter ? Ce particularisme culturel explique peut-être que nous ayons laissé la très masculine société anglaise et la très machiste société italienne imposer leur loi aux modes pour homme.

Un style ne naît pas ex nihilo. De multiples facteurs sont à prendre en compte : la morphologie, le climat, l’histoire, l’art de vivre… Le petit gabarit des Italiens explique certains choix opérés par leurs tailleurs. La pluie a pénétré – si l’on ose dire – le dressing des Anglais. Le style italien est marqué par un mode de vie urbain et moderne tandis que la campagne imprègne un style anglais fier de ses traditions. L’élaboration d’un style français ne saurait faire l’économie d’une réflexion en profondeur. Il s’agirait de se demander qui nous sommes, d’où nous venons, comment nous vivons, où nous voulons aller… Bref, de cerner en ce domaine aussi les contours de notre identité. Vaste et ambitieux chantier ! Je doute qu’il trouve rapidement un maître d’œuvre. Et des ouvriers.

_________________________________________________________________________________

  1. Ivy League : style venu des campus américains du nord-est des Etats-Unis. « Son principal message, c’est qu’élégance et prestige ne sont pas nécessairement synonymes de rigidité et de formalisme, de même que la décontraction n’implique pas la négligence. » Colin McDowell, Histoire de la mode masculine, La Martinière, p. 97.
  2.  « Groupe des cinq » : groupe formé en 1956 par cinq tailleurs (Bardot, Camps, Evzeline, Socrate, Waltener). « (Ce) groupe s’éteindra vers 1970, usé par l’âge et les chamailleries, affaibli par la défection de la clientèle du sur mesure et démodé par la nouvelle vague du prêt-à-porter, incarnée par Cardin . » Farid Chenoune, Des Modes et des hommes, p.248. 
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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 09:12

Il y a une actualité Serge Gainsbourg. Une émission de télévision lui a été consacrée lundi dernier sur FR3 (Hors série) et, hier, sortait au cinéma le film de  Joann Sfar intitulé « Serge Gainsbourg  (vie héroïque) ».

Le personnage m’intéresse en ce qu’il prêtait une attention extrême à son apparence. Chez lui, rien, depuis les pieds jusqu’à la tête, qui n’ait été pensé et pesé. Le chanteur famélique des débuts, sanglé dans des costumes bien coupés et austères, a laissé la place, quand la gloire est venue, au « Gainsbourg » « (puis au « Gainsbarre ») dont nous avons gardé la mémoire : blazer sombre uni ou à rayures tennis ; sous le blazer, chemise blanche au col généreusement ouvert ; sans blazer, chemise en chambray délavée ou chemise militaire ; jean ; Repetto blanches portées sans chaussettes. Au rayon des accessoires : lunettes noires enveloppantes ; bagues, bracelets et colliers divers ; montres de luxe que des manches systématiquement relevées savaient mettre en valeur. Ajoutons, bien sûr, la fidèle Gitane, l’éternelle barbe de trois jours, les cheveux savamment décoiffés. L’esquisse (exquise ?) ne serait pas tout à fait  ressemblante si je ne disais rien de la gestuelle dont les étranges saccades et les afféteries – voir, notamment, les contorsions de poignet – s’accordaient à un phrasé aussi horripilant qu’artificiel.

 

gainsbourg


Apparence et élégance : Serge Gainsbourg n’a pas su trouver la rime. Son goût pour la pose, sa propension à l’affectation m’a toujours laissé froid. J’ai vu des milliardaires élégants et des miséreux l’être aussi. Mais lui, looké en clochard de luxe, ne pouvait  nullement prétendre à cette distinction.

Il ne méritait pas davantage le qualificatif de dandy, qu’on lui accole pourtant souvent. J’ai même lu quelque part : « Gainsbourg, dandy absolu » - comme si, au passage, il se pouvait  qu’un dandy fût « relatif ». Quand un dandy provoque, il prend des risques. Quand Brummell, un soir, pour gagner un pari, ordonne au prince de Galles qui lui demande de sonner le valet de chambre : « Vous êtes près de la sonnette, George », il signe sa disgrâce : « Mettez au lit cet ivrogne ! » ordonne alors le prince au valet en lui désignant celui qui n’est déjà plus le Beau Brummell. De même, quand Oscar Wilde entame une procédure contre Lord Queensberry, le puissant père de son amant Lord Alfred Douglas, il enclenche en toute conscience le processus tragique qui va bientôt le broyer. Les provocations de Gainsbourg ont toujours été gratuites. Tout au plus, l’une d’elles lui a-t-elle coûté 500 francs – la valeur du billet que, dans une revendication capitaliste, il brûla un dimanche soir pour faire comprendre au téléspectateur moyen la voracité du fisc à l’égard des milliardaires. Quand, le poing levé (!), face à des parachutistes en uniformes, il entonne, vêtu d’une chemise militaire d’opérette, une tremblotante Marseillaise, il sait que la police est là pour le protéger en cas de besoin. Mais, pour gratuites qu’elles aient été, ces provocations lui ont toujours beaucoup rapporté.

Son côté bling-bling avant l’heure - montre Breiltling, Rolls… – (dans ce sens, je l’admets, il fut en avance sur son temps) n’est en rien dandy – non plus que ses vantardises de don Juan ou de gros vendeur de disques. « Paraître, c’est être pour le dandy » : on connaît l’axiome énoncé par Barbey. Bien que très étudiée, l’apparence de Gainsbourg n’était aucunement celle d’un dandy : un dandy porte beau même quand il n’a plus rien ; Serge Gainsbourg portait laid alors qu’il avait tout. Et que dire de son exhibitionnisme sentimental larmoyant ? « Le dandy peut être un homme souffrant, expliquait Baudelaire. Mais, dans ce cas, il souffrira comme le Lacédémonien sous la morsure du renard. »


gainsbourg deux


Notre époque abonde en mensonges érigés en vérités. La répétition médiatique les fixe dans nos esprits. Il nous faut alors faire appel à tout notre sens critique pour tenter de nous en défaire. S’il me fallait qualifier au plus vrai Serge Gainsbourg, je dirais qu’il fut un « antidandy » comme on dit de certains personnages romanesques ou théâtraux qu’ils sont des « antihéros ».

Cette confusion des valeurs bat son plein dans le titre du film de Sfar : «  Serge Gainsbourg  (vie héroïque) » et dans sa bande annonce qui nous assène : « Quand un des plus grands artistes du XX° siècle réinvente la musique et l’amour ». Réinventer l’amour ? Ainsi Serge Gainsbourg aurait réussi là où Rimbaud lui-même a échoué ! En quoi ses chansonnettes ont-elles réinventé la musique et en quoi sa vie émaillée de multiples succès fut-elle héroïque ? Gainsbourg ne fut pas, tout de même, un nouveau chevalier Bayard sans peur et sans reproche ! Si on le vit transformé en  Bayard, ce fut, contre espèces sonnantes et trébuchantes, dans une pub pour une marque de vêtements du même nom dont le slogan était : « Bayard, ça vous change un homme, n’est-ce pas Monsieur Gainsbourg ? » Qu'est-ce que l’art pour qui prétend que Serge Gainsbourg fut "l’un des plus grands artistes" du siècle dernier ?

Pour être tout à fait honnête, je me dois de préciser que ce film se présente comme un « conte ». Un conte ? Enfin, dans tout ce fatras de mensonges, quelque chose de vrai.  
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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 09:45

Voici un an que je suis les efforts de François Hollande pour changer de look. L’évolution est lente et émaillée de repentirs. En janvier 2009, on pouvait lire dans Le Point ce propos d’un de ses proches : « (François) change parce qu’il s’adresse maintenant à tous les Français, et non plus seulement aux socialistes, pour conquérir l’Elysée. » Et le 11 du même mois dans Le Monde, sous la signature de Jean-Michel Normand : « Nouvelle coiffure (plus ordonnée), nouvelles lunettes (à branches épaisses, plus modernes), nouveau costume gris avec cravate à motifs (plus chic que noir anthracite et cravate rouge). »

A en juger par ces photos, la transformation était encore légère :

 

hollande-premier-relooking.jpg


Une étape plus remarquable a été franchie quelques mois plus tard, quand François Hollande a osé les cheveux en arrière. Cette nouvelle coupe le fait ressembler à une sorte de Chirac rajeuni et joufflu ; l’effet est étrange à défaut d’être convaincant :

 

francoishollandeca


Lui-même n’a pas l’air très convaincu : depuis, je le vois, d’une émission de télévision à l’autre, alterner les deux coupes, l’ancienne et la nouvelle. L’alternance vestimentaire suit l’alternance capillaire : un coup que je te porte un vieux costume noir avachi ; un coup que je t’enfile un costume gris mieux coupé ! Ce petit jeu l’occupe dans l’attente d’une autre alternance – politique celle-là – dans laquelle il se verrait bien jouer le premier rôle…

Pour construire son image présidentielle, François Hollande a eu recours aux services d’un relookeur. Point besoin d’être grand clerc pour imaginer les conseils prodigués : des cheveux teints pour mieux passer à la télévision (mais gare à l’effet cirage), l'abandon de la raie sur le côté au profit d'une coiffure en arrière jugée plus sérieuse (comme le fit Jean-Marie Le Pen dans les années 80), des lunettes design pour être dans le coup (moins bien vu que des lentilles), un costume de tailleur pour améliorer la silhouette (c’était pas gagné d’avance :)

 

francois hollande foot

A remarquer : Eric Besson, lorgnant déjà à droite et comme en position de fuite...


Doit-on s’en étonner ? Le relookeur a pris les choses à l’envers : il s’est centré sur  le paraître au détriment de l’être. Agissant ainsi, il est passé – au sens propre – à côté de son sujet. L’habit ne fait pas le président. Les joues ont gardé leurs rondeurs enfantines, le regard sa malice, le sourire sa (fausse ?) candeur. Ces traits, caractéristiques de la physionomie hollandaise, la stricte panoplie présidentielle, chargée de les atténuer, les fait, par contraste, ressortir. La forme ne va pas avec le fond. On comprend, alors, que François Hollande ne se sente pas à l’aise dans ses nouveaux atours. D’où ses hésitations et ses retours en arrière.

A sa place, je craindrais que ce relooking erratique n’ait un effet inverse de celui recherché. Il risque, en effet, de renforcer l’image d’un François Hollande trop tendre et trop indécis pour être président.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 09:30

Le trench-coat est à la mode. Il tient le haut du pavé urbain. Les jeunes fashionables le choisissent de préférence court  (au-dessus du genou) et coloré (bleu ou noir). Les connaisseurs en pincent plutôt pour un trench plus fidèle à l'original.

 

alexandre-photo-booch-copie-1.jpg(Avec l'aimable autorisation de Philippe Booch)


 Ce vêtement est apparu au cours de la terrible guerre des Boers (1895-1902) où il fut adopté par les troupes britanniques d’occupation. En 1914, il habillait les soldats Anglais confrontés à l’horreur des tranchées. D’où son nom : « trench-coat » - littéralement, « manteau de tranchée ». Burberry et Aquascutum s’en disputent la paternité un peu comme Bretons et Normands revendiquent le Mont-Saint-Michel. C’est dire si le débat n’est pas près d’être clos. Chacune de ses nombreuses caractéristiques a  une raison pratique : le bavolet de dos pouvait se rabattre et servir de capuche en cas de pluie ; celui de devant, renforcé, protégeait l’épaule du recul du fusil ; des rabats intérieurs de jambe servaient à aller à cheval ; un bouton condamnait la fermeture de la poche afin d’éviter que l’eau n’y entre ; un autre bouton, en bas de la doublure, permettait, par grand vent, de fixer le côté droit au côté gauche ; les poignets réglables empêchaient l’air et l’eau de pénétrer ; le soldat fixait ses jumelles aux épaulettes et ses grenades aux anneaux de cuivre de la ceinture.

Qui sait tout cela ne devrait jamais enfiler un trench sans se sentir un imposteur ! L’ignorance épargne ce genre de scrupules. Les caractéristiques à visée d’abord pratique ont fini par acquérir une valeur esthétique. Le trench offre un exemple intéressant de vêtement au départ fonctionnel et devenu, à cause de sa forte personnalité, un classique du vestiaire masculin.

Son pedigree militaire aurait largement suffi à asseoir sa réputation. Le cinéma va en faire une « star ». Qui ne se souvient d’Humphrey Bogart, sanglé dans son trench, dans Casablanca ?


HB2

 

Il devient, par la suite, accompagné le plus souvent d’un Borsalino, le vêtement obligé  des « privés » du grand écran. Dans l’imaginaire populaire, il est à lui seul – comme par métonymie - le symbole du détective. La parodie achève de le consacrer dans ce rôle symbolique : quand il file sa femme dans On ira tous au paradis, Jean Rochefort porte un trench – parodie de parodie, puisque son interprétation est un clin d’œil à celle de Peter Sellers, alias l’inspecteur Clouseau, dans La Panthère rose.

Policiers, détectives, malfrats… les frontières entre les mondes des uns et  des autres sont poreuses. Le trench le dit à sa manière : dans Le Samouraï, par exemple, il est porté par le tueur à gages Costello, merveilleusement incarné par Alain Delon :


Alain-delon-trench-samourai

 (A l'arrière-plan, l'adorable Cathy Rosier)


Dans « la vraie vie », on l'a vu, par exemple, sur les épaules d’un ancien premier ministre qui, grâce à lui, perpétuait le souvenir de son glorieux passé de résistant (il était, couleur kaki, l'unique manteau de Jacques Chaban-Delmas) ou sur celles d'un grand écrivain qui se plaisait à cultiver une vague ressemblance avec Humphrey Bogart (« Si on me demande de parler de (Camus), disait Roger Grenier, tout ce que je trouve à dire, ce sont des choses comme : "Il portait toujours un imperméable" ») :


albert-camus

 Albert Camus


Mais il ne va pas à tous les hommes. Si vous êtes petit et enrobé, passez votre chemin ! Il peut faire un certain effet, en revanche, sur une morphologie athlétique et longiligne. Si vous êtes dans ce cas (heureux homme !), attention toutefois à ne pas trop lui serrer la ceinture (nouez-la négligemment, à la façon de Bogart). Proscrivez toute autre couleur que le mastic et choisissez-le descendant au-dessous des genoux. Il faut, enfin, qu’il ait un air fripé, fatigué. Pour arriver à ce résultat, voici, à simple titre indicatif, la recette du génial James Darwen (Le Chic anglais) :

1. Achetez cinq kilogrammes de tourbe chez votre fournisseur habituel.
2. Remplissez votre baignoire d’eau bouillante.
3. Ajoutez la tourbe.
4. Plongez votre trench-coat Aquascutum dans ce mélange et laissez-le mijoter pendant vingt-quatre heures.
5. Avec l’aide de votre fils aîné, essorez toute l’eau du trench-coat en le tordant vigoureusement en huit. Dénouez-le et replongez-le dans la même eau pendant vingt-quatre ou trente-six heures supplémentaires.
6. Enlevez la boue, essorez l’excès d’eau, placez le trench-coat sur un cintre que vous accrocherez à votre balcon.
7. Ignorez les cris de rage des troggies dans la rue.
8. Enlevez la tourbe de la baignoire et donnez-la pour jouer à vos enfants en leur recommandant de ne pas la jeter du balcon sur la tête des passants (quelque chose auquel ils n’avaient même pas pensé).
9. Téléphonez au plombier pour venir déboucher l’écoulement de la baignoire bloqué par la tourbe.
10. Sortez un peu pour regarder vos fils jeter la tourbe sur la tête des passants.
11. Quelques jours plus tard, brossez le reste de tourbe du trench-coat. Vous pouvez le porter. Avec fierté.
12. Deux semaines plus tard, rappelez le plombier pour venir libérer l’écoulement de la baignoire, et ceci toutes les deux semaines jusqu’à satisfaction.

 

Cela dit, le trench-coat est-il un vêtement élégant ? Je dois vous avouer mes doutes. Son histoire et sa légende font rêver. Mais combien qui se sont offert leur rêve ont fini par le regretter ? Et quand ce rêve a pour nom Burberry, y succomber coûte cher… Je trouve que ce vêtement originellement militaire sied mieux, étrangement, aux femmes qu’aux hommes. Encore faut-il qu’elles soient grandes et minces – bref, qu’elles aient une allure plutôt masculine. Les exemples d’actrices qui ont su le porter abondent : Greta Garbo, Marlène Dietrich, Lauren Bacall, et, plus près de nous, Charlotte Rampling, Jane Birkin… Enveloppée de son trench, Audrey Hepburn était l’élégance et la grâce incarnées. J’aime particulièrement cette photo qui la montre, accompagnée d’Hubert de Givenchy, flânant sur les quais de Seine :

 

audrey hepburn givenchy trench

 

Je faillirais à mon devoir d’exhaustivité si j’omettais de dire que le trench-coat pouvait être aussi un objet de fantasmes. Les métamorphoses de ce vêtement sont vraiment étonnantes ! Qu’on en juge au chemin parcouru entre le début et la fin de cet article – de la boue des tranchées à la tendre guerre en talons aiguilles et porte-jarretelles. 

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 09:29

Avez-vous remarqué à quel point les présentateurs des JT de la troisième chaîne se ressemblaient ? Même âge, même type physique, même coiffure, mêmes vêtements. Derrière ce pareil au même, il doit y avoir des raisons marketing savamment pesées. On pense à la clientèle ciblée : les retraités aiment leurs habitudes et le type « gendre idéal » a leur préférence.

Illustrons.

Francis Letellier. On connaît son visage plus que son nom. C’est l’étalon – je veux dire, la référence. Les autres, on va le constater, ne font que l’imiter :


francis letellier 

Notez les fondamentaux : costume sombre, cravate unie de couleur plutôt vive (parfois, rayures ton sur ton), lunettes non cerclées, cheveux courts (attention tout de même à ne pas trop faire ressortir les oreilles).

Cédric Faiche. Sosie du précédent. Il remplaça en 2008 Carole Gaessler. Il officie maintenant sur BFM TV :


cedric faiche

Florian Ringuédé. « Joker » - selon la terminologie consacrée – de Francis Letellier. Appartient à l’écurie des journalistes de Poitou-Charentes. Costume sombre, chemise blanche, cravate à rayures ton sur ton, cheveux (ceux qui restent) courts :


florian ringuede def

 

Les deux exemples suivants confirment mon analyse. Je vous laisse retrouver les caractéristiques qui, dans le physique et la mise de ces deux Stéphane, sont à l’œuvre :

 

stephane bijouxStéphane Bijoux

 

stephane usciatiStéphane Usciati 

 

Des hommes jeunes, proprets, un brin provinciaux (FR3, chaîne des régions), sains, au look de vendeurs de voitures ou de représentants de commerce. Tout cela est formaté, aseptisé, transparent.

Mais chaque règle a son exception. Depuis la rentrée de septembre, Samuel Etienne est le joker de Laurent Bignolas. Avec ce nouveau venu, changement de programme. Retour, en quelque sorte, à une TV en noir et blanc : costume étriqué sombre, cravate étroite assortie, chemise immaculée. Quant aux cheveux, ils sont bizarrement rabattus vers l’avant – look « dans le vent », celui-ci soufflant de l’arrière…

Samuel Etienne, sur FR3, fait figure de ET. Pour bien comprendre, il faut se reporter à sa biographie. Ce journaliste est un transfuge de Canal +. Alors, tout s’éclaire : sa tenue s’inspire directement de celle de Michel Denisot – parangon, pour les incultes, d’élégance – et son petit air ironique – façon Bruce Toussaint – semble constamment nous souffler : « Regardez comme je suis intelligent ! » Très "esprit Canal", en effet, ce jeu distancié avec l’actualité qu’on est chargé de présenter. Avec lui, la chaîne des provinces succombe aux sirènes du parisianisme. Pas sûr qu’on apprécie beaucoup dans les maisons de retraite de la France profonde.

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